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Nombre de cas, effet vacances, clusters... Quatre questions sur le rebond épidémique en Ile-de-France

A Paris, le seuil d'alerte a été franchi, lundi 10 août, avec plus de 50 cas testés positifs au Covid-19 pour 100 000 habitants sur une semaine.

Article rédigé par franceinfo
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Des passants portent  un masque à Montmartre à Paris, le 11 août 2020. (ALAIN JOCARD / AFP)

Les indicateurs virent au rouge et le ton se fait quelque peu alarmiste. "Nous sommes dans un début de rebond épidémique", a déclaré dimanche 9 août sur franceinfo Nicolas Peju, le directeur général adjoint de l'Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France. A Paris, le "seuil d'alerte" a été franchi lundi 10 août, avec un taux d'incidence (le nombre de cas positifs au coronavirus sur une semaine pour 100 000 habitants) supérieur à 50. Faut-il s'affoler alors que le port du masque est désormais obligatoire dans des dizaines de quartiers de la capitale ? Franceinfo revient en quatre questions sur ce rebond dans la région parisienne.

Que disent les données de l'ARS ?

"A la mi-mainous trouvions chaque jour à peu près 200 cas positifs sur l'ensemble de la région Ile-de-France, déplorait dimanche Nicolas Peju. À la fin du mois de juin, nous trouvions une centaine de cas positifs chaque jour. Notre taux de positivité, c'est-à-dire le nombre de tests positifs pour 100 tests réalisés, avait rejoint à peu près la moyenne nationale. Mais depuis juillet, les indicateurs (...) se sont dégradés."

Depuis la semaine dernière, nous constatons en moyenne autour de 400 cas positifs par jour en région Ile-de-France et même plus de 500 ces derniers jours.

Nicolas Peju

directeur général adjoint de l'ARS d'Ile-de-France 

Un clignotant supplémentaire s'est allumé, lundi 10 août, dans la capitale. Le "seuil d'alerte de l'épidémie" a en effet été franchi lorsque le "taux d'incidence" a franchi la barre des 50. En clair, Paris compte 50,6 cas positifs pour 100 000 habitants depuis une semaine (contre 46,4 vendredi 8 août et 37,1 le jeudi 7 août).

Un chiffre bien supérieur à la moyenne de l'Ile-de-France (31,9) et aux différents départements de la petite couronne (26,6 dans les Yvelines, 27,2 dans l'Essonne, 32,2 dans les Hauts-de-Seine, 32,5 en Seine-Saint-Denis, 31 dans le Val-de-Marne, 26 dans le Val-d'Oise et 18,3 en Seine-et-Marne). On note néanmoins une légère progression. La hausse du taux de dépistage, en particulier chez les personnes présentant peu ou pas de symptômes (seuls les cas avec des symptômes étaient testés au début), explique en partie ce chiffre.

Les vacances faussent-elles la donne ?

"Les gens reprennent une vie normale", remarque-t-on à l'ARS d'Ile-de-France. Cette normalisation s'accompagne de retrouvailles et de fêtes familiales qui multiplient les contacts, donc l'éventuelle propagation du virus. Côté détection de la maladie, les vacances ont peut-être permis aux Franciliens de se faire dépister plus vite que chez eux. "On fait énormément de dépistages gratuits sur la façade littorale", explique à franceinfo l'Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine. Il n'est pas exclu que les Parisiens présents sur les plages de Lacanau ou d'Hossegor en aient profité, mais il est difficile de savoir dans quelle proportion.  

Contactée, Santé publique France se dit incapable de donner le nombre de Parisiens ou de Franciliens testés positifs hors de leur région et comptabilisés dans les chiffres de leur région d'habitation. "Il faudrait trier les données par laboratoire", répond-elle à franceinfo. Egalement contactée par franceinfo, l'ARS de Bretagne (autre région plébiscitée pour les vacances) donne deux chiffres parlants. "Depuis le début de l'épidémie, détaille-t-elle, 6,7% des cas confirmés ne résident pas en Bretagne." Ce chiffre a grimpé au début du mois : "Du 4 au 7 août, poursuit-elle, 16,12% des gens testés positifs viennent d'aileurs." Mais elle n'est pas en mesure de préciser la provenance de ces vacanciers : "Il faudrait trier par code postal." 

Y a-t-il une hausse du nombre des décès ?

Non. "En Ile-de-France, c'est variable d'un jour à l'autre, mais il y a en moyenne moins de 10 décès à l'hôpital par jour, précise l'Agence régionale de santé. "Le 10 août, il y a eu trois décès à l'hôpital et quatre le 31 juillet". Rien à voir avec le pic de l'épidémie en France, lorsque la direction générale de la santé annonçait des centaines de décès supplémentaires par jour. Et sur le nombre d'hospitalisations en soins critiques ? Rien d'alarmant non plus : à la date du 10 août, 2 650 patients atteints du Covid-19 étaient hospitalisés, dont 193 en soins critiques ; au 31 juillet, ils étaient 2 736 à être soignés à l'hôpital, dont 179 en soins critiques. Pour l'instant, donc, les hôpitaux ne sont pas débordés comme ils l'ont été au pic de l'épidémie.

Sait-on où se trouvent les clusters ?

"Au 10 août, il y a 61 clusters actifs en Ile-de-France", répond l'Agence régionale de Santé : 15 à Paris, 7 en Seine-et-Marne, 3 dans les Yvelines, 8 en Essonne, 4 dans les Hauts-de-Seine, 6 en Seine-Saint-Denis, 8 dans le Val-de-Marne et 10 dans le Val-d'Oise. De son côté, Santé publique France relève dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire du 6 août dernier : "Au 5 août 2020, le bilan (hors Ehpad et milieu familial restreint) s'élève à 141 clusters inclus depuis le 8 mai en région Ile-de-France (contre 107 au 22 juillet)."

En sait-on davantage sur ces foyers épidémiques ? Ils "affectent principalement des établissements sociaux d'hébergement et d'insertion (22,7%), identifiés en très grande majorité à travers des campagnes de dépistage organisé, des établissements de santé (cliniques et hôpitaux, donc à 18,4%) et des milieux professionnels (15,6%)", poursuit Santé publique France.

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