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Micro européen. Covid-19 : une barrière de plus en Pologne

En Pologne, en dépit de la pandémie, le parti conservateur au pouvoir, Droit et Justice, voudrait organiser l'élection présidentielle, par des votes par correspondance, les 17 et 24 mai prochains. La polémique enfle.

Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
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Publié Mis à jour
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Le centre moderne de Varsovie. (EMMANUEL LANGLOIS / FRANCE INFO)

Bien que le confinement obligatoire n’existe pas en Pologne, les mesures sont les mêmes qu’en France, et depuis jeudi dernier, 9 avril, le port du masque est obligatoire.

Les mesures polonaises contre le Covid-19  

Sauf que la pénurie de masques fait que le prix du masque augmente de plus en plus dans les pharmacies polonaises, quand il y en a. Seules, des associations les distribuent, ou bien ces masques sont confectionnés à la maison. Et un début de "dé-confinement" pourrait commencer très lentement, dès lundi prochain, ce 20 avril.

Concernant les écoles et les universités, leurs fermetures sont prolongées jusqu’au 26 avril en Pologne, tout comme les transports internationaux de passagers, suspendus à la même date ; quant à la fermeture des magasins, hormis les magasins d’alimentation, ceux-ci seront fermés jusqu’à dimanche prochain. Enfin, afin de ralentir l’épidémie, les frontières polonaises resteront fermées jusqu’au 3 mai 2020.

Concernant les applications pour smartphones permettant à un utilisateur de savoir s'il a été en contact avec une personne infectée par le coronavirus, le gouvernement polonais a, en mars dernier, mis en place une application utilisant la géolocalisation et la reconnaissance faciale pour vérifier si une personne placée en quarantaine la respecte bien. Bien évidemment les Polonais ont, pour l’instant, le libre choix de la télécharger, dans ce cas, la personne est susceptible de répondre à des demandes officielles concernant son "confinement".  

Les élections présidentielles  

Mais l’épidémie qui frappe aussi la Pologne rencontre un phénomène politique, celui des prochaines élections présidentielles. Le parti conservateur Droit et Justice au pouvoir (PiS -Prawo i Sprawiedliwość) voulait maintenir le premier tour de l'élection présidentielle au 10 mai prochain, coûte que coûte, garantissant qu’il ne pouvait rien arriver aux Polonais allant voter, ainsi qu’aux membres des bureaux électoraux.

Retournement de situation, le gouvernement a annulé cette décision pour transformer l’élection en un vote par correspondance, avec un premier tour le 17 mai prochain, et un second le 24. Il ne s’agit plus de suffrage universel puisque l’enveloppe du votant sera composée de son bulletin, et d’une seconde comportant ses coordonnées officielles. D’autant plus que cette formule va mettre en danger des milliers d’employés des postes ainsi que les personnes en charge de procéder au dépouillement.

L’opposition a été vent debout contre cette proposition et demande un report à l’automne, ce qui n’est pas du goût de Jaroslaw Kaczynski, le dirigeant du PIS, et accessoirement le vrai dirigeant de la Pologne, en lieu et place du président Andrzej Duda, et du Premier ministre, Mateusz Morawiecki. Il faut dire que l’épidémie n’a pas permis vraiment de campagne électorale non plus, au grand dam de l’opposition. Toutefois, les élus du PIS ont déposé un projet de loi modifiant la constitution, qui étendrait la durée du mandat du président Andrzej Duda de deux ans, prenant pour motif l’épidémie qui sévit en Pologne, ce qui porterait le mandat présidentiel à 7 ans.

Des lois en réserve

Cela fait un certain temps que le torchon brûle entre Varsovie et Bruxelles. Les institutions européennes reprochant à Varsovie sa gouvernance très droitière et ultra-conservatrice. Pourtant les dirigeants polonais continuent dans leurs voies "réformistes". Pour preuve, un projet de loi d’interdiction totale de l’IVG - et ce, malgré la mobilisation des femmes polonaises depuis 2016, y compris durant l’épidémie - dont les mesures interdisent les rassemblements de plus de 2 personnes.

Mais le gouvernement polonais a d’autres lois dans ses cartons, telle l’interdiction de l’éducation à la sexualité, ou l’interdiction des demandes de restitution des biens juifs. J’ai, pour ma part, vécu une douloureuse expérience naguère à Varsovie, soit me "battre" auprès de mes hôtes officiels invitants, pour me rendre au monument du ghetto de Varsovie, ces derniers m’opposant des refus cachés pour motif d’emploi du temps.

Enfin, concernant les projets de lois du gouvernement polonais, cerise sur le gâteau, l’autorisation de la présence des mineurs lors des parties de chasse serait aussi à l’ordre du jour. Quant aux réseaux sociaux polonais, ils surchauffent tant l’exaspération des opposantes et opposants au PIS, qu'ils ne se relâchent pas, tant dans la rue que sur internet. Il faut dire que le gouvernement polonais n’avait pas non plus hésité à s’attaquer à l’indépendance de la presse.

Les femmes polonaises

Comme le précise l’universitaire et femme de lettres, Agnieszka Zuk, ce sont deux Polognes qui s’affrontent aujourd’hui, intergénérationnelles : l’ultra-conservatrice, et l’autre Pologne, ouverte et hétérogène. Non pas seulement les opposants au régime mais des Polonaises, Polonais, deux mondes. Avec, du côté de l’opposition, la contestation des femmes polonaises qui se battent depuis le XIXe siècle pour la reconnaissance de, non pas seulement leurs droits, mais aussi de leur existence. Rappelons que les femmes polonaises ont obtenu le droit de vote en 1918. Mais le chemin est encore long pour les Polonaises qui, misent de côté dans l’actuel régime, ne le furent pas moins à l’époque de Solidarnosc ou du régime communiste.

Enfin, on suppose que même si les élections étaient reportées à l’automne, Droit et Justice, parti ultra-conservateur et nationaliste en sortirait vainqueur, malgré une crise économique redoutée par Jaroslaw Kaczynski, comme l’a précisé notre invité, Piotr Moszynski, journaliste du quotidien Gazeta Wyborcza.

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