Masques : malgré la surproduction, certaines entreprises ont tiré leur épingle du jeu
Face à la pénurie de masques, de nombreuses entreprises françaises se sont mobilisées pour répondre dans l’urgence à la demande. La donne a changé et désormais, les commandes sont en baisse et les invendus s’accumulent. Mais tout n’est pas négatif. Grâce à cette activité, certaines structures ont pu trouver un nouveau souffle.
C’est une éclatante mais triste illustration de la fameuse loi de l’offre et de la demande. Denrée rare pendant une bonne partie de l’épidémie, les masques en tissu grand public sont devenus trop nombreux sur le marché. Résultat : les stocks s’accumulent. Dans la seule région Auvergne-Rhône-Alpes, on estime à 450 000 le nombre de masques invendus. En cause notamment, un virus qui a perdu de sa vigueur mais aussi des collectivités qui n’ont pas joué la carte du Made in France au moment de passer leurs commandes, préférant le marché asiatique, pourtant si décrié au début de la crise.
Bénéfice moral
Mais malgré ce retour de bâton un peu brutal, certaines entreprises regardent cet épisode avec un oeil positif. C’est le cas de la marque Petit Bateau. En 48 heures, elle avait réussi à mettre en place une unité de fabrication de masques à Troyes dans l’Aube. Après en avoir produit 350 000, elle a stoppé sa production pour reprendre son activité normale. Mais pour Jean-Marc Guillemet, le directeur de l'entreprise, cette diversification passagère a été bénéfique d’un point de vue moral : "Ca a été un moyen de nous mobiliser sur quelque chose d’utile et de nécessaire pour le grand public à un moment où on se posait beaucoup de questions."
... et économique
Pour d’autres, le bénéfice est clairement économique. Installé à Troyes et spécialisé dans la création et la production de chaussettes de qualité, le groupe Tismail s’est diversifié dans la confection de masques et continue à en produire à hauteur de 20%. Le directeur Benoît Seguin, le reconnaît :
Sans les masques, on aurait pu mettre la clé sous la porte. Ca aura été très positif pour notre entreprise, pour sauver nos emplois et notre outil de production.
Benoît SeguinDirecteur de Tismail
Les téméraires
Pour certains, la production de masques a servi à relancer ou à maintenir l’activité. Pour d’autres, comme Nathan Efflame, elle a été un tremplin pour se lancer. Capitaine Masque, c’est le nom de la société que le jeune homme a créé début mai près de Saintes en Charente-Maritime. Avec ses 14 employés, il a réussi à produire 70 000 masques. La demande s’essouffle mais il veut poursuivre son activité en se diversifiant. "On va continuer à faire des produits publicitaires à base de tissu, comme des étiquettes pour le cognac et puis après des vêtements, toujours avec du textile français car je pense qu’on peut le faire ici avec des prix compétitifs". On voudrait tellement que l'avenir lui donne raison.
Et après ?
L'avenir, c'est le grand inconnu de cet "après-masques". Chez Matel Couleurs Textile, une entreprise basée à Roanne dans la Loire, l’année 2019 avait été très mauvaise. "Grâce aux masques, on arrive à récupérer un peu de chiffre d’affaires" confie son directeur général, Antonio Fernandez. Mais il ajoute : "Le souci, c’est qu’on ne sait pas le temps que ça va durer."
C’est le gros bémol de cette bouffée d’oxygène passagère. De nombreuses entreprises vont se retrouver avec des stocks de masques et quantité de matières premières sur les bras. Et des employés sans activité. Chez Boldoduc à Tarare, à une quarantaine de kilomètres de Lyon, de nombreuses couturières étaient au chômage avant la pandémie. La production de masques leur a permis de revenir vers l’emploi. Mais pour elles, tout pourrait de nouveau s’arrêter à la fin du mois de juillet.
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