"Les demandes d’aide dans nos centres ont été multipliées par trois" : à Madrid, des milliers d'Espagnols touchés par la crise ont recours aux banques alimentaires
À la crise sanitaire causée par l'épidémie de coronavirus s'ajoute une crise économique. En Espagne, de nombreuses personnes ont perdu une partie ou l'ensemble de leurs revenus, et doivent recourir aux banques alimentaires.
Des pâtes, des biscuits, des oranges... Paloma sort d’une distribution organisée par sa paroisse, à Madrid, en Espagne. Sa banque est fermée pour cause de coronavirus, elle n’a pas pu retirer son minimum vieillesse, "or, on a le droit de manger", dit-elle. Un camion de pompiers se gare sur le trottoir, les bénévoles se précipitent pour aider Ivan à décharger des cartons. "Quand on a fini notre garde, on fait la tournée des cuisines d’hôtels. Et chaque jour, ils nous préparent des menus ou des sandwiches qu’on distribue. Aujourd’hui, on en a 1 500 !", se félicite l'Espagnol.
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Depuis le début de la crise, les files d’attente s’allongent devant les banques alimentaires. "À Madrid, près de 900 000 personnes étaient sur la corde raide, avec peu de qualifications, un travail instable, mal payé", affirme Maria Blanc, porte-parole de la fondation Caritas, la confédération des organisations d'action sociale et caritative de l'Église catholique espagnole. "Depuis le début de la crise, les demandes d’aide dans nos centres ont été multipliées par trois."
Du jour au lendemain, ces personnes se sont retrouvées licenciées ou au chômage partiel, sans économies, sans aide familiale... Elles ont coulé.
Maria Blancà franceinfo
Dans ces centres, on découvre une proportion non négligeable de nouveaux venus, comme Chantal, 22 ans. Cela fait un mois et demi que les bars, les hôtels et les restaurants sont fermés. Un mois et demi qu’elle est sans ressources. "Je fais serveuse, femme de chambre, réceptionniste.... Je n’ai jamais demandé d’aide alimentaire, explique-t-elle. Cela me déprime, parce que je travaille, je paie mes impôts, je fais tout comme il faut. Cette aide, je la mérite !"
À la porte de son église, Manuel surveille la file des bénéficiaires d’un air soucieux. "Pour l’instant, ça va, concède-t-il. En gros, on gère l’urgence. Ce qui nous inquiète, c’est la situation dans les deux à trois mois à venir, quand tous les petits commerces, les magasins ou les bars vont fermer. Cette crise va faire énormément de mal à l’Espagne." Dans ce pays, qui est déjà le plus inégalitaire en Europe, le taux de chômage, selon le FMI, dépassera les 20,8% à la fin de l'année.
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