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Le confinement a-t-il fait baisser les émissions de gaz à effet de serre de seulement 8% en France, comme l’affirme Emmanuel Macron ?

Dans son discours devant les membres de la convention citoyenne ce lundi 29 juin, le président de la République a expliqué que le confinement avait démontré les limites de la décroissance pour limiter les émissions.

Article rédigé par Joanna Yakin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Emmanuel Macron à l'Élysée le 29 juin 2020.  (CHRISTIAN HARTMANN / POOL / REUTERS POOL)

"Une économie quasiment à l’arrêt n’a réduit que de 8% les émissions. Et donc, on voit bien que le choix de décroissance n’est pas une réponse au défi climatique non plus", a déclaré Emmanuel Macron lundi 29 juin à l’Elysée, devant les 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat. Selon le président, le confinement et l’arrêt presque total de l’économie ont prouvé que l’impact sur les émissions de gaz à effet de serre était faible. Ce n’est pourtant pas ce que disent plusieurs études parues sur le sujet.

30% de réduction des gaz à effet de serre en France pendant le confinement

Le Haut Conseil pour le climat (HCC) a mené une étude de janvier à avril 2020 pour étudier les effets du confinement sur les émissions de gaz à effet de serre dans 69 pays. Cette étude montre que les émissions, tous gaz à effet de serre confondus, ont été réduites d’environ 30% en France pendant la seule période du confinement.

La baisse du transport routier et l’arrêt presque total de l’activité aéronautique en sont les principales explications, d'après cette étude (-75% pour l'aviation pendant le confinement). A l’inverse, dans le secteur résidentiel, les émissions mondiales de CO2 ont légèrement augmenté (+2,8%), y compris en France. "Le fait de confiner les populations à leur domicile, au tout début du printemps, avec des températures souvent basses, a entraîné une hausse de l’utilisation du chauffage résidentiel", explique un député dans une note adressée à des parlementaires.

Pour arriver à chiffrer cette baisse, les scientifiques se sont penchés sur les données journalières d’activité de six secteurs économiques (électricité, industrie, transports de surface, résidentiel, aviation, bâtiments publics et commerce). Par exemple, pour mesurer les changements dans le secteur du transport de surface, les chercheurs se sont appuyés sur des indicateurs de trafic tels que le niveau de congestion routière dans les villes. Ainsi, le Haut Conseil estime qu’en moyenne les émissions de CO2 ont été réduites de 17% dans le monde pendant la seule période du confinement comparativement au niveau moyen des émissions en 2019.

Ces estimations correspondent à celles référencées sur le site internet carbonmonitor.org, alimenté par des chercheurs, qui met à jour régulièrement les émissions mondiales de CO2. D’après cette base de données, du 17 mars (date du début du confinement en France) au 30 avril (les données des mois de mai et juin ne sont pas encore mises à jour), la France a enregistré une baisse de 35,6% de ses émissions de CO2, très au-dessus des 8% avancés par Emmanuel Macron.

Une baisse envisagée de 8% du CO2 sur l’ensemble de l'année

La baisse de 8% évoquée par le chef de l'Etat correspond cependant à une projection réalisée par l’Agence Internationale de l’énergie (AEI) pour l'ensemble de l'année. L’Agence, qui recense les demandes en charbon, gaz ou encore pétrole, estime que les émissions mondiale de CO2 devraient effectivement baisser de 8% en 2020.

"Une telle réduction serait la plus importante jamais enregistrée", explique l’AEI. Elle serait six fois plus importante que la réduction record enregistrée à la suite de la crise financière de 2008. D’ailleurs, comme après la crise de 2008, les scientifiques rappellent qu’un “effet rebond”, n’est pas à exclure. “Après la crise financière de 2008, les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie et au ciment avaient baissé de 1,4% en 2009 avant d’augmenter de 5,9% en 2010”, rappelle le HCC

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