Cet article date de plus de quatre ans.

Le brief éco. Retard des délais de paiement : la situation devient dangereuse à l’heure du Covid-19

Si la loi était strictement respectée, la trésorerie libérée serait de 12 à 15 milliards d’euros. 

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un homme consulte ses factures. Photo d'illustration. (MAXPPP)

Gros plan sur un phénomène qui menace les petites entreprises déjà mises à mal par l’épidémie de coronavirus : les délais de paiement. La situation se dégrade, à tel point que le gouvernement et la Banque de France mettent en place un comité de crise.

Les délais de paiement c’est le temps pris par une entreprise – une enseigne de la grande distribution, ou un industriel, par exemple – pour payer ses fournisseurs. La loi plafonne ces délais à 60 jours à compter de la date d'émission de la facture. Si ce délai est dépassé, on estime qu’à partir de 30 jours supplémentaires de retard de paiement, on peut multiplier par six le risque, pour une entreprise, de faire faillite.

La crise du Covid-19 accentue ce phénomène

Comme l’activité est très ralentie, voire à l’arrêt dans de nombreux secteurs, il est tentant pour les donneurs d’ordres (les acheteurs) de protéger leur trésorerie en ne puisant pas dans leurs caisses pour payer leurs fournisseurs. Réflexe égoïste, irresponsable, illégal vis-à-vis de la loi. Pourtant, le Médiateur national des entreprises, Pierre Pelouzet, qui est le facilitateur de ce sujet à Bercy, reçoit de plus en plus de plaintes de petites entreprises au bord du gouffre.

Invité de franceinfo mardi 24 mars, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a annoncé des mesures précises

Deux mesures très fortes :

1/ Désormais, les entreprises qui ne respecteront pas leurs fournisseurs en ne les payant pas dans les temps, ne bénéficieront plus de la garantie de l’Etat pour emprunter

2/ Le nom de ces entreprises seront transmis aux banques pour que celles-ci leur coupent le robinet du crédit

Chiffrage concret des retards de paiement

Si la loi était strictement respectée, la trésorerie libérée serait de 12 à 15 milliards d’euros. C’est-à-dire qu’environ 15 milliards d’euros dorment aujourd’hui dans les caisses des grands groupes au lieu de se retrouver dans celles des PME et PMI. Chaque jour, près de 40 PME mettent la clef sous la porte à cause de retards de paiement, et le risque est que l’épidémie de Covid-19 n’accentue le phénomène. D’où le branle-bas de combat à Bercy et à la Banque de France. Les mesures que vient d’annoncer le gouvernement (report de paiement des cotisations fiscales et sociales), c’est bien. De meilleures relations commerciales, franches et honnêtes, entre clients et fournisseurs, c’est bien mieux.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.