Le brief éco. Déconfinement : à quoi jouent les Bourses pendant la crise du coronavirus ?
Les opérateurs boursiers sont optimistes. Conséquence, les bourses misent sur la reprise avec la supposée fin du coronavirus.
Qu’y a-t-il dans l’esprit des marchés financiers ? Mercredi 3 juin, toutes les Bourses européennes ont terminé sur des hausses non négligeables : +3,4% à Paris, +2,6 à Londres, près de 4% en plus à Francfort. Paris a même repassé la barre des 5 000 points, alors que nous sommes en pleine crise.
Certains se souviennent probablement de l’expression prononcée à la fin des années 90 par le gouverneur de la Banque centrale américaine, Alan Greenspan avait alors parlé de "l'exubérance irrationnelle des marchés", en évoquant la surévaluation des places boursières. C’était en 1996. Vingt-quatre ans plus tard, ce mois de juin 2020 nous en offre une nouvelle illustration. Les opérateurs boursiers sont optimistes. On ne va pas s’en plaindre car c’est le signe que les marchés croient en la reprise. Mais, rationnellement, c’est probablement aller un peu trop vite en besogne.
Fondamentaux économiques
Il n’a échappé à personne que ce que l’on appelle "les fondamentaux de l’économie" sont mauvais : le gouvernement français prévoit une récession de 11% cette année ; les entreprises sont surendettées, ce qui ne les pousse pas à investir ; les normes sanitaires imposées pour le déconfinement freinent la productivité et la rentabilité des entreprises ; les ménages ont beaucoup épargné par sécurité ces dernières semaines et il n’est pas dit que cet argent revienne rapidement dans la consommation. Au début de la pandémie, les marchés avaient dévissé de manière inédite depuis la crise de 1929. Tout cela est oublié.
Changement de paramètres en quelques semaines
Les Bourses misent sur la reprise, mais ce n’est pas la seule explication. Pour soutenir les économies, les banques centrales (en Europe, aux Etats-Unis) ont créé de la monnaie. Des centaines de milliards d’euros et de dollars pour racheter des dettes publiques. Cet argent a servi l’économie réelle et, maintenant qu’il y a quelques lueurs d’espoirs dans la reprise, l’argent repart dans les valeurs risquées, les actions, bref : la Bourse.
Second élément clef, selon l’économiste Patrick Artus qui dirige le département Recherches chez Natixis : cette crise crée des distorsions selon les secteurs. Il y a les gagnants de la crise (la santé, les nouvelles technologies avec le télétravail) et les perdants (l’aéronautique, l’aérien, la restauration, etc.). Ce contexte est en train de recréer des bulles spéculatives. Des marchés déconnectés de la réalité, des opérateurs hors-sol… Le coronavirus n’a pas fini son œuvre.
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