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Le billet sciences. Ce que les "clusters" nous apprennent sur la diffusion du coronavirus

De nouvelles infections collectives se sont produites dans des abattoirs, des réunions d'école en France ou encore des boîtes de nuit à l'étranger. Des scientifiques ont étudié ces "clusters" et viennent de rendre leurs conclusions.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Coronavirus : Le 14 mai 2020, un foyer épidémique a été détecté dans l'abattoir Tradival de Fleury-les-Aubray (Loiret) . (ANTOINE DENÉCHÈRE / RADIO FRANCE)

Quel est le point commun entre un cours de zumba, une chorale et des abattoirs ? Ce sont des lieux de contamination du virus étudiés par une équipe scientifique britannique. Les lieux clos sont beaucoup plus à risque que les espaces verts extérieurs, surtout si les gens parlent fort.

De nouvelles infections collectives se sont produites dans des abattoirs, des réunions d'école, des boîtes de nuit. Cela peut nous inquiéter mais cela permet d’en apprendre plus sur ce virus, notamment pour comprendre où sont les lieux à risque.

Par exemple, la contamination dans plusieurs usines de transformation de viande en France, en Allemagne et aux États-Unis intriguent les scientifiques comme Gwenan Knight de la London School of Hygiene and Tropical Medicine. Elle a créé une base de données pour référencer ces clusters, ces cas de contamination de groupe très localisés, pour comprendre où et comment le virus émerge, lui qui avance masqué avec des patients sans symptômes mais contagieux.

Les abattoirs froids et bruyants

Les abattoirs sont certes des lieux où il peut être difficile de mettre les salariés à distance, mais pas plus que dans d'autres usines. Ils ont la particularité d'y faire froid pour conserver la viande et le froid convient très bien au virus, mieux que la chaleur. En plus, ce sont des endroits bruyants où les gens sont obligés de parler fort, voire de crier. La chercheuse britannique a donc fait le rapprochement avec un autre cas de cluster près de Washington : celui d’une chorale qui a chanté pendant plus de deux heures et demie lors d'une soirée le 10 mars dernier. L’un des chanteurs pensait avoir un rhume. En fait, il s'agissait du Covid-19. Les semaines suivantes, 53 membres de la chorale sont tombés malades.

Les lieux où les personnes ventilent beaucoup, comme une boîte de nuit ou un cours de zumba, sont plus à risque. C’est d’ailleurs là qu'ont émergé de nouveaux clusters en Corée du Sud. Alors qu’il n’y en a pas eu dans des cours de Pilates, explique la scientifique au magazine Science. Elle s’appuie en plus sur une étude publiée l’an dernier dans Nature qui montrait que certaines personnes renvoyaient plus de particules virales que d’autres rien qu’en parlant, surtout si elles parlaient fort.

Des cas de "super-contaminations"

Même si les scientifiques n'aiment pas beaucoup parler de "super-contaminateur", terme jugé stigmatisant, force est de constater que certaines personnes dans certaines conditions sont à l'origine de ces réémergences du virus. En tous cas, l'équipe de Gwenan Knight estime que 10% des cas sont à l’origine de 80% des transmissions.

On parle beaucoup du R0 pour le taux de contagion du virus : combien de personnes un patient peut-il infecter ? Il doit rester au-dessus de un pour garder le contrôle de l'épidémie. Mais il s'agit d'une donnée statistique, dans la vraie vie ça ne se passe pas toujours comme ça. Quelqu’un de malade peut très bien n’infecter personne, en revanche une autre peut en contaminer beaucoup, en particulier dans les lieux clos. Une étude préliminaire faite en Chine (hors province du Hubei) a montré que sur 318 clusters entre janvier et février, un seul avait eu lieu en extérieur. De quoi se poser sérieusement la question de la fermeture des espaces verts en ville, estiment les chercheurs. Mais si les gens s’y retrouvent en se faisant la bise, on aura plus de mal à bloquer le virus, à l’intérieur comme à l’exterieur. 

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