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"Je ne suis pas sûr que ce soit le bon moment" pour enlever le masque dans certains lieux publics, estime un membre de l’Académie nationale de médecine

Le port du masque ne sera plus obligatoire pour le public dans les lieux où l'entrée est conditionnée au pass sanitaire, a annoncé le ministre de la Santé mardi.

Article rédigé par franceinfo
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Des spectateurs venus au cinéma, le 22 mai 2021 à Paris. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

"Je ne suis pas sûr que ce soit le bon moment" pour enlever le masque dans certains lieux publics, estime sur franceinfo François Bricaire, infectiologue, et membre de l'Académie nationale de médecine. Malgré le constat d’une hausse très rapide du nombre des contaminations au Covid-19 (18 000 pour la seule journée de lundi, soit une augmentation de 150% en une semaine), le gouvernement a annoncé mardi 20 juillet que le port du masque ne sera plus obligatoire pour le public dans les lieux où l'entrée est conditionnée au pass sanitaire (cinémas, musées, établissements sportifs).

>> Covid-19 : Olivier Véran annonce "une augmentation de la circulation du virus de l'ordre de 150% sur une semaine". Suivez notre direct

"Là où il y a le pass sanitaire" anti-Covid-19, les personnes "pourront enlever le masque", "sauf contre-ordre des préfets dans les départements en fonction de la situation épidémique", a déclaré mardi sur RTL le ministre de la Santé, Olivier Véran, avant le début de l'examen de la loi au Parlement.

franceinfo : Est-ce bien le moment de tomber le masque alors que le variant Delta se propage ?

François Bricaire : Je ne suis pas sûr que ce soit le bon moment dans les conditions où nous sommes actuellement. Cet allégement en matière de masque incite bien les non-vaccinés à se faire vacciner, mais ça provoque des interrogations. On sait que la vaccination n'assure qu'une protection partielle des vaccinés. Donc, dans les différents lieux, on va avoir tendance à regarder les gens qui sont porteurs de masques en se disant "non-vaccinés", a contrario, les gens qui seront non-porteurs seront considérés comme des vaccinés ou des tricheurs.

C'est un pari risqué, selon vous ?

Oui, mais bon, je comprends très bien le pari. Je fais partie des gens qui appellent à la vaccination et qui déplorent le manque de candidats. Je suis dans un centre de vaccination où ce matin, il y avait très peu de monde à vacciner. Ce qui est quand même dommage.

Il faut trouver les moyens de stimuler la vaccination, la seule façon correcte actuellement d'avancer.

François Bricaire, infectiologue

à franceinfo

On a bien vu que depuis quelques jours on reçoit des gens qui sont complètement différents de ceux qui étaient enthousiastes pour la vaccination dans les semaines, les mois précédents. Ils disent qu'ils le font a contrario, qu'ils sont obligés, etc. Donc, on essaie d'être un peu didactique, d'expliquer, de justifier pourquoi c'est important de se vacciner. Indépendamment de ça, il reste tous les gens qui ne veulent pas se faire vacciner et restent indifférents et donc ne viennent pas dans les centres de vaccination. Et c'est ceux-là, maintenant, qu'il faut essayer de convaincre.

Avec quels arguments ?

Il y a déjà tous ces éléments "de punition" si on n'est pas vacciné. Et puis j'ajoute que, en bon citoyen, on doit obéir à des règles qui sont fournies par l'État. De même, on est content, quand on est malade, de se faire prendre en charge par les structures de l'État. Quand on refuse la vaccination pour finalement terminer dans des soins intensifs qui sont extrêmement onéreux, on est quand même heureux à ce moment-là de trouver la sécurité sociale. On peut aussi expliquer ça comme ça, c'est peut-être un peu difficile, mais c'est un argument.

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