"Il y a plus important aujourd'hui que de sauver le championnat" : une reprise accueillie en demi-teinte par les fans de foot italiens
C’est officiel depuis jeudi soir. Après l’Allemagne, l’Espagne et l’Angleterre, l’Italie a à son tour fixé sa date de reprise pour le championnat de football, ce sera le 20 juin pour la Série A, la première division italienne.
Le gouvernement de Giuseppe Conte a donné son accord jeudi 28 mai pour la reprise du championnat italien. La Série A, l'équivalent de la Ligue 1, sera de retour le 20 juin. Et dans un pays très éprouvé par l’épidémie de coronavirus, cela signifie beaucoup même si on reste très méfiant. Reportage à Turin, auprès des "tifosi", des supporters italiens.
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Turin, dans le nord du pays, est l’un des foyers majeurs de la maladie en Italie. Ses fous de foot, qui n’avaient pas hésité à venir en nombre soutenir leur équipe de la Juventus à Lyon, avaient provoqué la polémique fin février. Alors parler football et reprise, enfin, d’un championnat à l’arrêt depuis le 9 mars avec Andrea, un supporter de la "Juve" rencontré à la boutique du club, c'est saisir l’importance de la nouvelle, qui va au-delà du sport : "Le foot, tout le monde n'aime pas forcément cela, même ici, en Italie. Mais vous avez toujours un groupe d'amis qui va au match ou qui joue. Et vous retrouvez du monde, c'est un moyen d'être ensemble. Il y en a qui ne viennent que pour la compagnie, l'ambiance."
Pourtant, de façon surprenante, pas de cri de joie, ni d’enthousiasme surjoué, alors qu'on pouvait penser que cela symbolisait un retour à la vie. Bruno calme toutes les ardeurs : "Bien sûr que c'est important, que c'est un symbole. Le foot me manque, c'est certain. Cela me manque tellement, alors c'est bien. Mais personnellement, j'aurais préféré que l'on regarde un peu moins l'aspect économique et que l'on s'attarde un peu plus sur la sécurité des personnes. Là, il y a quand même des contacts, ils sont proches les uns des autres. Je ne sais pas, je trouve cela bizarre. Il y a plus important aujourd'hui que de sauver le championnat."
Le retour du football éclipsé par la crise sanitaire
À Turin, il y a cette impression que la ville est dans un entre-deux. À l’image de la boutique du club qui vend des masques à l’effigie de la "Juve" mais qui ne les affiche pas dans sa vitrine.
À quelques kilomètres du centre, l’Allianz Stadium, l’enceinte de la "Juve", se refait une beauté mais en toute discrétion, là encore. Trois agents de la ville retirent à la main une à une les mauvaises herbes qui ont poussées sur le parvis. L’image fait sourire mais elle est révélatrice d’une vie qui reprend vraiment très doucement.
Le football est devenu secondaire à Turin. L’information qui fait la Une, c’est que pour la première fois, jeudi, la région de Turin, le Piémont, n’a enregistré aucun décès lié au coronavirus.
Le foot et la vraie vie, dit Gilali, c’est quand les supporters pourront retourner dans les stades. Pour le moment, on ne parle que de huis clos. "Ce n'est pas du foot, explique-t-elle, il n'y a pas de championnat sans supporters et pas de joueurs sans spectateurs. C'est triste".
À propos de la France et du fait que son championnat, lui, ne reprendra pas, aucun tifoso ne se permet de juger, ni même d’en rire.
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