"Des personnes qui n'ont pas l'habitude d'être enfermées" : des hôtels accueillent les sans-abri pour les protéger du coronavirus
Un hôtel du 13e arrondissement de Paris accueille déjà 250 sans-abri pour les tenir éloignés de l'épidémie de coronavirus. Une association s'occupe d'organiser le quotidien et de faire respecter les règles de confinement.
L'hôtel Kellermann n'est pas encore complet mais presque. Le jeudi 26 mars, 250 sans-abri étaient accueillis dans cet hôtel du 13e arrondissement de Paris. Ils devraient être 400 d'ici quelques jours. "On s'occupe très bien de ma famille ici, on a des repas matin, midi et soir, on prend notre température trois fois par jour", confie, soulagé, José, 39 ans, originaire du Pérou. Il a passé les deux dernières semaines en errance dans les rues de Paris, sous la menace du coronavirus, avec sa femme et ses cinq enfants. Après un appel au 115, José et sa famille ont pu se réfugier à l'hôtel Kellermann où ils sont désormais confinés dans des chambres.
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Les services de l'État, les associations et le secteur hôtelier se mobilisent depuis le début du confinement en France pour libérer des places dans des hôtels et tenter d'accueillir au mieux les personnes qui sont à la rue pendant l'épidémie, alors que les centres d'hébergement habituels sont saturés.
Les associations à pied d'oeuvre
L'association Coallia s'occupe d'organiser le quotidien et de faire respecter les règles du confinement au sein de l'hôtel Kellermann. Une soixantaine de personnes sont mobilisés. "C'est un vrai challenge de maintenir confinées certaines personnes qui ont des addictions à des produits comme l'alcool. Nous sommes face à des personnes qui n'ont pas l'habitude d'être enfermées", explique Benjamin Caramelle, membre de Coallia, en charge du dispositif hébergement à Paris.
L'association doit aussi gérer les cas de sans-abri porteurs du coronavirus covid-19. Deux cas avérés ont été recensés parmi les personnes hébergées. "On s'est organisé pour mettre à l'isolement ces deux cas, ainsi que les cas contacts", précise Benjamin Caramelle. Pour intervenir en toute sécurité, les membres de l'association disposent d'un stock d'équipements de protection afin de "s'approcher au plus près de l'usager et rompre les gestes barrières".
On n'est pas une prison, on est un centre d'hébergement
Benjamin Caramelle, membre de Coallia
Malgré les nombreuses contraintes auxquelles doit faire face Coallia, "tout se passe très bien", assure Benjamin Caramelle qui se dit "extrêmement surpris" de la tranquillité qui existe dans le centre, où "chacun prend soin de l'autre".
50 000 chambres nécessaires
Au-delà du travail des associations, il faut également que les hôteliers jouent le jeu. "Si on veut que le mal dure le moins longtemps possible, il faut qu'on se donne du mal à s'aider les uns les autres", argumente David Dassin, propriétaire d'une dizaine d'hôtels en France et qui a libéré 400 chambres pour les sans-abris.
Selon la fédération des acteurs de la solidarité, au moins 50 000 chambres d'hôtels seraient nécessaire pour répondre aux besoins actuels. À la date du jeudi 26 mars, plus de 4 000 chambres ont été réquisitionnées dans toute la France. Le ministère du Logement promet que d'autres vont encore se libérer et précise que 500 places pour sans-abri atteints par le virus ont été mises en place ces derniers jours dans des centres d'hébergement médicalisés. L'objectif étant d'ouvrir au moins un centre spécialisé par région pour un total de 2 900 places.
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