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"Il y a un manque terrible, c’est assez compliqué" : les boxeurs impatients de reprendre

Les salles de boxe sont toujours fermées et si les clubs espèrent les rouvrir à partir du 22 juin, l’impatience commence à gagner les licenciés, privés de leur passion.

Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le Boxing-Club de Vaulx-en-Velin organise depuis le 7 juin des entraînements en plein-air, mais toujours sans gants ni contacts. (JÉRÔME VAL / RADIO FRANCE)

Au fond d’une impasse, en face du collège Henri-Barbusse, la salle de boxe Mohamed Ali du boxing-club vaudais à Vaulx-en-Velin (Rhône), est déserte. Le ring vidé de ses combattants, les sacs de frappe pendent sans un mouvement et c’est un crève-cœur pour les habitués des lieux. "C’est beaucoup d’émotion de la voir comme ça, explique Zahir Nemer, l’un des entraîneurs. Normalement, c’est une salle hyper vivante où on est là tous les jours, ça nous manque énormément."

Si les salles de sports ont pu rouvrir dès le 2 juin (uniquement en zone verte), les sports de contact restent pour le moment interdits, selon le plan de déconfinement du gouvernement. "Ils ne permettent pas, par nature, de respecter la distanciation physique", avait rappelé le Premier ministre.

Reprendre les entraînements en plein air

Pour occuper les licenciés, des entraînements en plein air sont donc organisés depuis le week-end du 6 juin, pas très loin de la salle de boxe, mais dans un environnement inhabituel, sur le bitume d’un terrain de basket. Au programme ce matin-là, sous le soleil : des pompes, des exercices physiques et des gestes de combat, mais toujours seuls et loin des autres.

Tout le temps, on harcelait le coach pour lui demander 'quand est-ce que la salle ouvre, quand peut-on boxer ?

Yasmine, boxeuse

à franceinfo

"Cela fait du bien de retrouver les gens du club", confie Yasmine. À 17 ans, l’adolescente a été vice-championne de France. La priver de la boxe est une souffrance. "C’était très dur pendant le confinement, notamment pour moi qui ai des problèmes de poids, explique-t-elle. Cela a été compliqué de rester dans ma catégorie de poids. J’essayais de m’entretenir, mais ce n’est pas pareil que les entraînements."

"On a tout arrêté et ça fait un petit choc"

Saber Bouzaiane multiplie les consignes. Cet entraîneur, ancien membre de l’équipe de France, apprécie lui-aussi de retrouver ses boxeurs, même dans ces circonstances exceptionnelles. "Je remarque que certains ont travaillé pendant le confinement, ça se voit. D’autres ont moins travaillé et ça se voit aussi, plaisante-t-il. On y va doucement. Ces derniers temps, on était sur les réseaux sociaux, on discutait entre nous, on mettait en place des challenges, on se marrait. Mais là, les voir pour de vrai, c’est plus intéressant. C’est comme une nouvelle année, on repart de zéro."

Cela m’a donné encore plus envie de m’entraîner et comme ça, je vais revenir comme quelqu’un de nouveau.

Magomed, boxeur

à franceinfo

C’est vrai que pour cette première séance, la dizaine de boxeurs présents s’en donné à cœur joie. Comme Magomed : il pratique la boxe pour la première année et son élan a été coupé par le confinement. "Comme j’avais pris l’habitude de m’entraîner tous les jours, c’était un peu compliqué, détaille le jeune homme de 21 ans. "Pour ma première année, j’étais bien parti, j’enchaînais les combats. On a tout arrêté et ça fait un petit choc."

Pour les licenciés dans les quartiers cette situation est un crève-coeur mais il faut respecter les règles, pour Zahir Nemer entraîneur du Boxing-Club Vaudais, à Vaulx-en-Velin. (JÉRÔME VAL / RADIO FRANCE)

Il faudra patienter encore pour remettre les gants et remonter sur un ring. Les salles resteront fermées au moins jusqu’au 22 juin et la réouverture se fera sans doute avec des contraintes. L’entraîneur Zahir Nemer comprend et accepte la situation. "Dans un combat, on se trouve à proximité, il y a des échanges, explique-t-il. On ne veut pas prendre de risques, ni pour nous, ni pour les boxeurs."

Un gant, ce n’est jamais propre. Il y a des microbes. Si on touche un adversaire à la bouche ou au nez, ça reste dangereux.

Zahir Nemer, entraîneur de boxe

à franceinfo

Le club de boxe, qui compte 500 licenciés, est une boussole dans une ville comme Vaulx-en-Velin, classée parmi les plus pauvres de France. Fermer ce lieu de rencontres et d’échanges complique forcément la situation, constate Zahir Nemer. "Il y a eu un manque terrible, c’est assez compliqué, assure l’entraîneur. Mais en même temps, on n’a pas eu de débordements. On n’a pas eu de gens qui sont venus pour nous casser la salle en disant 'Nous on veut absolument boxer'. Une situation calme, même si on est dans une cité plutôt chaude. Mais le manque de boxe, le manque d’exercice physique s’est fait ressentir à tous les niveaux." Ces entraînements en plein air sont la première étape vers un retour à la normale. Trois séances sont programmées toutes les semaines.

Les salles de boxe toujours fermées : écoutez le reportage de Jérôme Val

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