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Grand entretien "Quand les parents sont fragilisés, les enfants le sont davantage" : quelles conséquences le confinement a-t-il pour les plus jeunes ?

Troubles du sommeil ou de l'alimentation, conflits familiaux… Le quotidien de certains enfants et adolescents a été parfois fortement perturbé par l'épidémie. Franceinfo dresse un premier bilan avec le pédopsychiatre Mario Speranza.

Article rédigé par Clément Parrot - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 23min
Un père aide son fils à apprendre ses leçons à la maison, pendant le confinement, à Versailles (Yvelines), le 3 avril 2020. (KARINE PERON LE OUAY / HANS LUCAS / AFP)

La deuxième phase du déconfinement vient de débuter et la vie reprend doucement son cours normal. Dans les services de psychiatrie, on constate cependant l'impact des mesures de restriction imposées, durant près de deux mois, sur les publics les plus fragiles, notamment les plus jeunes. Franceinfo s'est entretenu avec le pédopsychiatre Mario Speranza, chef du service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent au centre hospitalier de Versailles (Yvelines), pour comprendre comment le confinement et l'épidémie de coronavirus ont agi sur les plus jeunes.

Franceinfo : Quelles ont été les principales conséquences des mesures de confinement pour la santé mentale des plus jeunes ?

Mario Speranza : Pour commencer, rappelons que nous avons continué à travailler pendant toute la période du confinement. Il y a eu une forte mobilisation des services de pédopsychiatrie pour éviter les inquiétudes de l'enfermement et l'amplification des difficultés. En parallèle, nous avons mis en place des lignes téléphoniques pour la population. Le nombre d'appels et de situations nouvelles via ces lignes a été plutôt limité. Nous l'avons perçu comme le sentiment, pour le grand public, que les services de soins étaient tellement en situation de tension qu'il fallait nous protéger. Les personnes confrontées aux situations les plus difficiles ont donc souvent consulté via les urgences. En revanche, les patients que l'on suivait déjà nous ont contactés beaucoup plus facilement.

Nous avons constaté un peu les mêmes choses que ce que relevaient les précédentes études sur le confinement. Tout le monde s'est retrouvé face à des incertitudes anxiogènes, avec un impact sur la santé physique et psychique clairement identifié, notamment à cause du changement un peu radical du quotidien, des habitudes de vie. Nous avons donc constaté des phénomènes de stress aigu, associés à des pertes de repères. Et de façon très variable, selon le contexte familial ou les diverses pathologies déjà présentes.

Les enfants ont été d'autant plus touchés quand ils évoluaient dans des environnements fragilisés. Les effets sont encore plus importants quand il y a, en parallèle, un impact économique important au sein de la famille. Quand les parents sont fragilisés, les enfants le sont encore davantage. Nous avons donc beaucoup travaillé avec les parents. On a mis en place un système de soutien individuel, mais aussi en petits groupes, via la visioconférence. Le ministère de la Santé a d'ailleurs mis à la disposition de certaines familles les moyens pour participer à ces groupes.

Des spécialistes ont évoqué de possibles troubles du sommeil, de l'alimentation, ou du comportement des enfants. Les avez-vous constatés aussi ?

Il faut différencier les âges. Chez les petits (3 à 5 ans), on a constaté plutôt des phénomènes de régression : un retour en arrière concernant le langage, la propreté, conjugué à une attitude de proximité très importante avec les parents, un peu plus exigeante, pleurnicharde. C'est comme si tous les stades de début d'autonomisation avaient été un peu ralentis. On relève ce phénomène dans les situations de stress. Les enfants activent une stratégie d'attachement : ils demandent la proximité des parents et réduisent leur autonomie. Dans ce cas, la situation des parents est très importante.

Si le parent est lui-même inquiet, il va amplifier ce recul de l'autonomie.

Mario Speranza

Typiquement, dormir dans le lit des parents est un élément qui revient assez fréquemment. Avec le confinement, les parents étaient davantage enclins à accepter des exceptions. On a aussi constaté des colères, une sorte d'intolérance aux frustrations, et surtout des troubles du sommeil, en raison du changement de rythme de vie.

C'était le plus grand travail à faire avec les familles, les aider à conserver un rythme, malgré les changements auxquels ils ont été confrontés. Il s'agit de garder des repères qui sont indispensables : se lever, manger, se coucher à heure fixe… Souvent, les parents avaient eux-mêmes du mal à garder le rythme. Le télétravail a évidemment pas mal modifié les habitudes. Certains parents préfèrent parfois que leur enfant se lève à 11 heures pour travailler au calme le matin.

Qu'en est-il des enfants un peu plus âgés ?

Concernant ceux qui sont à l'école primaire, entre 6 et 12 ans, on a noté quelques somatisations : stress, maux de tête, maux de ventre… Des manifestations un peu inhabituelles. Certains parents, inquiets d'une possible infection au coronavirus, sont passés par les urgences. On a également constaté des troubles du sommeil, de manière encore plus appuyée, car c'est l'âge où commence l'utilisation peu contrôlée des écrans. C'est un problème classique, mais dans cette période, il y a eu une difficulté à le réguler. Cela a contribué de façon importante à perturber le sommeil et, en conséquence, les rythmes d'appétit. L'utilisation des écrans peut entraîner un décalage complet du cycle, avec des difficultés de récupération, un sommeil de moins bonne qualité et donc des difficultés de mémorisation.

Tout cela a sans doute participé à une augmentation de l'irritabilité des enfants, confrontés à des contraintes inhabituelles. Chez les enfants qui présentaient déjà des troubles du comportement, cela a été amplifié. L'absence de cadre et de rythme, le contexte imprévisible, de multiples distractions au domicile et l'absence du renforcement social venu de l'école… Tout cela a fragilisé ces enfants et a donné lieu à une augmentation des comportements de protestation, d'opposition, notamment au travail scolaire. Mais le confinement n'a fait qu'amplifier une vulnérabilité déjà présente.

Et les adolescents ?

On était assez étonnés de voir que les adolescents, en règle générale, se sont pliés aux contraintes du confinement. On a noté quelques somatisations, des difficultés de sommeil, mais globalement, on a été surpris de voir que les ados n'ont pas bravé plus que ça les règles. Il y a eu un repli sur l'environnement familial qui n'était pas forcément prévisible.

Là où les conflits étaient déjà importants, la proximité a été problématique. En termes d'espace, les ados sortent dès qu'ils peuvent de la maison, s'enferment dans leur chambre, essaient d'éviter le contact avec les parents… Là, ça a été beaucoup plus difficile. Donc, pour certains, cela a posé problème, avec une amplification des conflits, voire de la violence.

L'inquiétude la plus importante qu'on a eue, et que l'on continue à avoir, c'est l'augmentation des violences intrafamiliales.

Mario Speranza

Il y a eu une augmentation des signalements pour violences dans un deuxième temps. Est-ce que c'est lié au fait qu'au bout d'un certain temps, les conditions ont commencé à devenir de plus en plus difficiles ? Ou est-ce la phase de déconfinement qui fait que les parents sont un peu plus perdus sur les contraintes à imposer ? Jusque-là, c'était clairement la situation sanitaire qui imposait le confinement. Là, ça devient plus compliqué. Qu'est-ce qu'on peut interdire ou non ? Jusqu'à présent, il y avait quand même cette notion de geste altruiste. Les parents ont beaucoup insisté avec leurs enfants sur le fait qu'être enfermés permettait d'aider, de protéger les personnes âgées. Désormais, ça devient plus confus, et peut-être qu'une partie des conflits commencent à apparaître à cause de ça.

Faut-il craindre des effets à long terme ?

On remarque, globalement, que les enfants et les adolescents n'ont pas trop mal géré cette période, même si une partie d'entre eux ont manifesté des troubles importants. Est-ce que, même bien géré, le confinement aura un effet plus tard ? Ce n'est pas si simple. Certains facteurs peuvent être à l'origine d'un état de stress post-traumatique, comme pour les enfants qui ont été confrontés à une vraie souffrance familiale. Un deuil, par exemple, chez les parents ou les grands-parents, avec l'inquiétude, parfois, d'être éventuellement eux-mêmes à l'origine de la maladie. 

Là où les événements ont été plus marqués, il y a une sorte de sidération de l'environnement. On a constaté des situations compliquées pour les personnes qui n'ont pas pu accompagner leurs proches décédés à l'hôpital : ne pas pouvoir les toucher une dernière fois, leur dire au revoir, leur dire les derniers mots. Tout cela crée un blanc. On essaye de travailler sur l'accompagnement de ces proches, mais ça fait un trou. C'est une expérience très douloureuse qui n'a pas pu être partagée… Ce sont les situations qui risquent le plus de susciter du stress post-traumatique chez les adultes, mais aussi chez les enfants qui sont autour.

Un autre phénomène auquel on risque d'assister dans les semaines et les mois à venir, c'est l'absence de certains rites sociaux. Par exemple, pour les enfants qui vont passer du CM2 à la 6e. Le non-retour à l'école, pour ceux qui changent de cycle, correspond à la perte d'un repère, d'un lieu investi pendant des années. Imaginez-vous ne pas passer le brevet ou le bac… Ce sont des événements, des rites sociaux, qui, tout en étant inquiétants, sont très utiles pour structurer le fonctionnement des adolescents. Ils vont perdre quelque chose de leur enfance, de leur adolescence. Ne pas avoir ces rites sociaux peut participer à la perte de repères et favoriser l'émergence d'une certaine anxiété.

A partir de quel âge les enfants sont-ils marqués par des événements comme le confinement ?

A partir de 4 ou 5 ans, ils commencent à avoir des souvenirs de ce type d'événements, d'autant plus si ceux-ci n'ont pas été partagés émotionnellement, discutés, exprimés avec l'environnement. Là aussi, le stress des enfants va passer par la gestion du stress des parents. Les enfants qui ont pu, par exemple, en parler avec leurs parents, exprimer leurs inquiétudes, qui ont pu faire des cauchemars (ce qui est tout à fait normal dans des périodes comme ça)… Toute cette expression émotionnelle va les protéger de l'apparition de stress post-traumatique.

Comment se prémunir des risques ? Comment réagir ? Quels conseils peut-on donner aux parents ?

Il faut se montrer disponible, au maximum. Les enfants doivent pouvoir exprimer leurs sentiments, leurs émotions vis-à-vis de ce qu'il s'est passé. Les enfants le font via le jeu, les dessins, les histoires qu'ils peuvent raconter. Ils peuvent écrire un petit journal, inventer des histoires sur les événements, c'est une très bonne manière de partager les choses.

Il faut leur dire qu'il est normal d'avoir été anxieux, triste, et que les adultes n'ont pas toujours les réponses, mais qu'ils sont là pour accompagner ces moments d'incertitude.

Mario Speranza

Il faut également maintenir les routines, les habitudes, rassurer les enfants sur le fait que les mesures de protection mises en place sont efficaces. Il y a des incertitudes, mais nous ne sommes pas dans une incertitude totale. Rassurer les enfants, c'est aussi dire que l'on fait ce qu'il faut et que ces mesures sont utiles.

On a une inquiétude : c'est de voir certains enfants transformer ce qui s'est passé en une crainte des autres, de la relation sociale. Ce serait vraiment problématique. On doit garder des liens avec les autres. C'est ce qui nous a le plus protégés. Ceux qui ont le moins de risques de faire un stress post-traumatique sont ceux qui ont gardé des liens multiples : des cartes postales, des appels téléphoniques, des visioconférences, des conversations WhatsApp… L'humour est aussi un moyen de garder le lien en prenant un peu de recul. Le lien social est le plus fort protecteur du stress post-traumatique. La distance, elle doit être physique, mais on doit continuer d'avoir des relations avec les autres.

Avec le confinement, des familles sont restées enfermées longtemps ensemble. Cela peut-il aussi renforcer les liens ? Tout n'est pas négatif, si ?

On a eu un certain nombre de surprises durant cette période, notamment chez les enfants présentant de l'hyperactivité ou des troubles de l'attention. Il y a eu une réduction des difficultés, en lien avec la diminution de la pression scolaire. On était inquiets que les choses explosent et cela n'a pas été le cas. La diminution du stress scolaire a été positive pour ces enfants qui avaient des difficultés d'apprentissage, de comportement à l'école.

Une deuxième élément intéressant a été le travail très individualisé, là où c'était possible, en fonction de la disponibilité des parents. Quand ces derniers ont pu se consacrer aux efforts spécifiques, en s'adaptant à ce que les enfants étaient en mesure de faire, ça a permis de réduire l'anxiété. Dernière surprise : les enfants ont fait l'expérience de rencontrer leurs parents autrement. Pour ceux qui avaient la possibilité de partager du temps de jeu, du temps de plaisir, cela a permis parfois de modifier un peu la perception réciproque. C'était assez intéressant. Le confinement a fait découvrir des facettes des uns aux autres.

Nous avons lancé beaucoup d'études pour comprendre ce qui s'est passé pendant le confinement. Une première publication va sortir, basée sur 500 enfants présentant un trouble de l'attention avec hyperactivité. On a noté, globalement, qu'une majorité se porte bien et a bien géré la situation. Ensuite, on a un sous-groupe où il y a des régressions, des difficultés scolaires, mais c'est une minorité. Rappelons qu'en général, sur dix enfants qui ont subi un traumatisme, même sévère, ceux qui développent un état de stress post-traumatique, c'est un ou deux au maximum.

Malgré le déconfinement, les gestes barrières perdurent… Les enfants peuvent-ils souffrir de ces nouvelles règles de distanciation dans leur environnement scolaire, de voir leurs encadrants masqués ou de devoir rester à distance les uns des autres ?

Je pense que les enfants sont stressés par une attitude stressée des adultes. Les enfants sont tout à fait capables de comprendre qu'il faut porter des masques, respecter des règles, même si ce n'est pas facile pour tout le monde. Quand c'est expliqué de façon claire, que les adultes transmettent un message positif, altruiste, les enfants sont en mesure de le gérer.

Ceci étant dit, chez les petits – les moins de 5 ans – c'est plus difficile en pratique. Faire des consultations avec des enfants qui ont des troubles d'hyperactivité sans qu'ils ne jouent partout, ne bougent partout, ce n'est pas simple. Mais globalement, la plupart des enfants sont capables de respecter les règles. Il faut sans doute que les adultes les rappellent souvent, mais, en soi, ce n'est pas un problème si c'est fait sans anxiété. Mais nous, les adultes, nous avons du mal à doser cette anxiété, parce qu'il y a beaucoup d'irrationnel dans ce qui se passe actuellement.

Comment parler de cette situation avec les enfants ? Faut-il tout dire ?

Globalement, il faut répondre de façon claire aux questions qu'ils posent. On n'a pas besoin d'en dire plus et de rentrer dans les détails, mais s'ils vous posent une question, il faut répondre de manière transparente. Sinon, cela augmente leur stress. Les enfants n'aiment pas quand ils sentent que les parents ne disent qu'une partie de la vérité. 

On n'est pas obligé de tout dire de manière crue, mais si un enfant pose la question, il faut répondre avec des mots compréhensibles. Généralement, les enfants n'ont pas tellement envie d'avoir tous les détails.

Mario Speranza

Tous les enfants ne sont pas retournés à l'école. Pour certains, il n'y aura peut-être pas de retour physique avant septembre. Quelles conséquences ? Faut-il s'inquiéter d'un retard dans les apprentissages ? 

Pour les enfants qui ont gardé une petite sollicitation scolaire, je ne m'inquiète pas outre-mesure. Une période de deux mois ne change pas la dynamique d'apprentissage s'il y a eu un peu de stimulation. Ce qui pourrait m'inquiéter, ce sont les enfants qui ont déjà des troubles d'apprentissage, qui sont plus fragiles et qui ont besoin de davantage de régularité et d'une stimulation adaptée. D'où l'importance de maintenir les stratégies de soin, de rééducation, d'orthophonie. C'est important qu'il n'y ait pas de rupture pour les enfants les plus fragiles.

Pour ceux qui sont en train d'acquérir l'apprentissage de la lecture, disons que s'il y a eu un maintien de la stimulation environnementale, a minima, les enfants ont une certaine capacité de ressource, de résilience ou de récupération. Ensuite, il ne faut pas que cela continue jusqu'en septembre ou octobre. Six mois, à cet âge-là, c'est beaucoup. Il faut aussi rappeler que l'apprentissage ne se fait pas uniquement à l'école et que l'environnement peut stimuler les enfants par le langage, les jeux de société, les lectures, en les faisant jouer autour de récits, de contes, de fables…

Nous avons beaucoup évoqué l'aspect psychologique mais, au niveau physique, le confinement peut-il avoir des conséquences ? Un enfant n'ayant pas pu se dépenser pendant deux mois risque-t-il d'être marqué par cette expérience ?

Les enfants récupèrent assez vite. Les habitudes de jeu ne vont pas disparaître, mais c'est plutôt l'anxiété de l'environnement général qui va éventuellement les toucher. Ils pourraient se dire : "Il ne faut pas aller jouer dehors, parce que c'est dangereux." 

On a noté quand même un risque de prise de poids chez les enfants, en lien avec le manque d'activité physique, l'augmentation du grignotage dans la journée et un sommeil moins régulier.… C'est une impression non basée sur des données, mais je m'attends à une prise de poids générale, qui, je l'espère, va vite disparaître. Il faut maintenir des rythmes alimentaires réguliers et encourager la reprise d'une activité physique.

L'hypothèse d'un reconfinement en cas de rebond de l'épidémie n'a pas été écartée par les autorités. Est-ce que cela représente un risque pour la santé des plus jeunes ?

Je pense qu'un reconfinement serait un coup dur pour tout le monde. En ce moment, on souffle et on oublie un peu les risques. On a l'impression que c'est du passé, alors qu'il reste des incertitudes. Un hypothétique retour au confinement pourrait être une sorte de rappel. Souvent, les situations traumatiques sont caractérisées par la répétition des chocs. On pensait avoir échappé à la situation et on est rattrapé.

On peut imaginer une souffrance pour certains, avec un retour en arrière, comme s'ils étaient rattrapés par une anxiété qu'ils avaient commencé à évacuer.

Mario Speranza

Donc, effectivement, si cette deuxième vague arrive, j'ai des inquiétudes sur le fait qu'elle puisse être moins bien gérée que la première. Cela dépendrait aussi de sa durée. La chose positive, c'est que les gens ont pris des habitudes qu'ils peuvent vite remobiliser. Mais l'intolérance à la frustration, aux contraintes, à la limitation de la liberté, tout cela risque d'être plus difficile à gérer.

Que demandez-vous aux autorités pour mieux prendre en compte les publics les plus fragiles, après les mois que nous venons de vivre ?

En tant qu'équipe de pédopsychiatrie, nous sommes inquiets, car nous commençons à voir l'augmentation des demandes. On a des situations qui deviennent explosives, après une période un peu plus contenue, et notamment sur les violences intrafamiliales, avec des adolescents qui commencent à aller mal… Chez tous ceux qui avaient une anxiété de l'école, en raison du harcèlement, de difficultés d'apprentissage, de difficultés dans la relation sociale, cette période de confinement fait que le retour à l'école est encore plus difficile. On redoute donc l'augmentation des phobies scolaires.

L'autre inquiétude, c'est que l'augmentation des demandes va être probablement multipliée par trois, quatre ou cinq par rapport au rythme de consultations habituel. Et les moyens pour les équipes de soins, avant le confinement, étaient déjà fragiles. On va être exposés à une surcharge de travail, alors qu'on était déjà à la limite de nos capacités. Je pense qu'il faut que l'Etat reconnaisse la nécessité d'une mobilisation de ressources très ciblées pour la pédopsychiatrie, et de façon générale pour les soins psychologiques.

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