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Gestion de la crise sanitaire : un sénateur socialiste dénonce un « ratage de plus » dans la méthode du gouvernement

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Article rédigé par Public Sénat
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Conscient des difficultés auxquelles est actuellement soumis le monde éducatif, le sénateur socialiste Christian Redon-Sarrazy a vivement interpellé le ministre de l’Éducation lors des questions au gouvernement du Sénat, pointant le « manque de cohérence » et l'« impréparation » du gouvernement. Jean-Baptiste Blanc, sénateur Les Républicains, rejoint ce constat en dénonçant l'absence de « proportionnalité » et de « justification » des mesures sanitaires prises par le gouvernement.

« Les personnels éducatifs, en plus de devoir faire face à la menace terroriste, payent eux aussi le manque de cohérence et l’impréparation du gouvernement dans sa réponse à la seconde vague », souligne le sénateur socialiste Christian Redon-Sarrazy. Le sénateur s'est attelé à montrer le désarroi dans lequel se trouve les enseignants et les répercussions que cela peut avoir sur leurs élèves.

Se faisant la voix des enseignants, le sénateur avertit des « appels à la grève » et des « nombreux témoignages d’enseignants désemparés » qui « traduisent bien un rattage de plus » dans la méthode du gouvernement. « Le monde éducatif déplore des directives indapatées et un manque de temps pour les mettre en oeuvre, n'ayant parfois que 24 heures pour se conformer aux mesures sanitaires » révèle Christian Redon-Sarrazy, avant de préciser que « les mesures de distanciation ou le suivi des mesures d’hygiène sont difficiles voire impossibles à appliquer ». Mais les enseignants ne sont pas les seuls à subir la situation. C'est aussi le cas des élèves : « Le risque de devoir fermer des classes ou renvoyer des élèves chez eux est réel. Ce sont eux, et particulièrement les plus défavorisés, qui patissent de vos décisions », signale le sénateur, avant de proposer le « recrutement de personnel supplémentaire et de remplacement » qui apparaît, pour lui, comme « une évidence ».

« La situation est bien plus mauvaise dans d'autres pays » pour Jean-Michel Blanquer

Face au sénateur socialiste Christian Redon-Sarrazy, le ministre de l'Education rétorque qu'« il est assez aisé d’insister sur les inconvénients » qui font partie de « notre vie quotidienne ». Une remarque qu'il avait déjà faite au sénateur écologiste Thomas Dossus. Jean-Michel Blanquer finit par rappeller la nécessité d'une comparaison, à la fois à l'échelle européenne, mais aussi mondiale : « Nous avons réussi à rescolariser tous les élèves. Les statistiques du décrochage en 2020 sont positives, en amélioration par rapport à 2019. La situation est bien plus mauvaise dans d'autres pays qu’en France » précise-t-il, sans néanmoins les citer, raisons diplomatiques obligent.

« Seul 8,38% de désaprobation » révèle le ministre de l'Education, se félicitant de professeurs qui « comprennent bien la situation ». « Ils sont dévoués, engagés, et ils comprennent que c’est vital pour le pays et les enfants que la scolarité ait lieu », d'où la décision du gouvernement de ne pas fermer les collèges et les lycées. S'agissant des recrutements, « 1800 postes à l’école primaire » ont été créés, « alors même qu’il y a moins d’élèves ». Le budget 2021 montre l'effort budgétaire alloué à l'éducation. Jean-Michel Blanquer invite une nouvelle fois à la comparaison, avec « 6 milliards d’augmentation budgétaire pour l’éducation sous ce quinquennat, 2 milliards sous le précédent quinquennat ».

Un manque d'information et de consultation, selon Jean-Baptiste Blanc

Le sénateur Les Républicains rejoint son homologue socialiste. « Ni la représentation nationale, ni les commissions indépendantes, ni nos concitoyens, ni les élus locaux disposent d’informations précises sur la situation sanitaire, ce qui place notre pays dans un état d’incompréhension, de sidération et de colère sans précédent » alerte-t-il. Il propose ainsi « d’intégrer les bureaux des deux chambres à toutes les opérations de diffusion des informations internes préparatoires et décisionnels », renforçant l'information des sénateurs, qui dénoncent régulièrement une carence en la matière. « Il serait grand temps que l’Etat s'engage à enfin motiver ses décisions. Je parle de droit », dit-il en réaffirmant l'exigence démocratique. Jean-Baptiste Blanc insiste également sur la nécessité d'associer les autorités locales au processus de décision, d'autant plus en période de crise sanitaire.

Le sujet sensible de la fermeture des commerces « non essentiels » a aussi été évoqué. Le sénateur de droite mentionne une étude de Nature publiée dans le New-York Times et le Figaro, qui montre que les « libraires, fleuristes, coiffeurs, magasins de jouets et tant d’autres sont 15 fois moins dangereux que d’autres catégories de commerces », montrant alors « une certaine forme d’inutilité » des choix « hétéroclites pris dans l'urgence » du gouvernement.

Le secrétaire d’État en charge de l’Enfance et des Familles, Adrien Taquet, nie le manque de concertation et de contrôle dans la gestion de la crise sanitaire. « Le contrôle du Parlement a été constant depuis le début de cette crise. A plusieurs reprises, le Premier ministre et les ministres ont réuni l’ensemble des forces politiques et des élus locaux afin de leur tenir compte de l’évolution de la situation sanitaire », affirme-t-il. Même s'il admet que l'étude montre que « certains lieux sont plus propices à la dissémination du virus : cafés, restaurants, bars, salles de sport et certains commerces de façons différentes », il précise que « tous les commerces qui ont été fermés ont tous un R0 (un critère de dissémination) supérieur à 1. C'est la stratégie du gouvernement qui est celle d'avoir eu des règles nationales pour éviter cette dissémination, que nous avons en toute transparence proposées au Parlement et aux français ».

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