En Turquie, une mosquée d’Istanbul s’est transformée en épicerie gratuite pour les plus démunis durant l'épidémie de coronavirus
L'imam de cette mosquée d’Istanbul a mis en place un système d’entraide pour venir en aide aux plus modestes.
La pandémie de coronavirus frappe durement les économies et met en grande difficulté des millions de familles modestes. Quand il a appris que les mosquées turques seraient désormais fermées aux prières collectives le temps que l’épidémie se calme, Abdulsamet Çakır a cherché un moyen de garder le lien avec sa communauté tout en étant utile. Et c’est ainsi que début avril, cet imam de 33 ans a transformé le vestibule de la mosquée Dedeman d’Istanbul en épicerie gratuite.
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Le vestibule, c’est l’endroit où, d’ordinaire, les fidèles déposent leurs chaussures avant d’aller prier. Mais sur les étagères, à la place des souliers, il y a désormais des paquets de pâtes, des bouteilles d’huile, des boîtes de sauce tomate que l’imam et quelques amis empilent eux-mêmes.
Et tout est gratuit. Si on est dans le besoin, il faut d’abord s’inscrire sur une liste, puis attendre un message sur son téléphone portable pour venir se servir. Dix produits par personne pour qu’il y en ait pour tous. "On s’est demandé ce qu’on pouvait faire pour maintenir la mosquée vivante, explique le jeune imam. On s’est inspiré d’une tradition ottomane, la 'sadaka taşı'. Une stèle de charité où ceux qui en avaient les moyens déposaient ce qu’ils voulaient, et ceux qui en avaient besoin prenaient ce qu’ils voulaient."
Le matin, nos étagères sont toujours pleines. Et le soir, toujours vides !
Abdulsamet Çakır, imam
Ce sont des entreprises mais surtout des particuliers qui, entendant parler de cette initiative, ont décidé de lui faire parvenir des produits de première nécessité. Le téléphone du jeune imam n’arrête pas sonner. Il reçoit sans cesse des messages de sociétés de livraison l’informant de l’arrivée d’un colis mais la plupart du temps, il ne connaît pas l’expéditeur.
Abdulsamet Çakır explique recevoir des dons de toute la Turquie et même de l’étranger : "Par exemple, nous avons été contactés par une femme de l'étranger qui souhaitait nous aider. Nous lui avons dit que nous n’acceptions pas les dons d’argent, seulement les dons en nature. Alors, elle a passé commande sur le site d’un magasin et nous a envoyé un colis plein. Qu’elle en soit remerciée !"
Chacun fait en fonction de ses moyens. Il y en a qui apportent deux paquets de pâtes, et d’autres qui arrivent avec leur voiture remplie de vivres.
Abdulsamet Çakır, imam
Les colis ne cessent d’arriver dans la petite mosquée, tout comme les habitants démunis. C’est le cas d’Ebru, une mère de famille durement frappée par l’épidémie : "J’ai un enfant à nourrir, je ne travaille pas et mon mari a perdu son travail quand son entreprise a fermé à cause de l’épidémie. Ça fait un mois qu’il n’a plus de salaire, on n’a même pas assez d’argent pour payer le loyer. Que Dieu bénisse ceux qui nous aident ici, nous n’avons reçu aucune autre aide."
L’imam Abdulsamet Çakır affirme avoir aidé plus d’un millier de familles en une vingtaine de jours. Il réfléchit désormais à un moyen de pérenniser cette entraide après l’épidémie.
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