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En Mayenne, certains clients de bars appliquent les gestes barrières, d'autres pas et les insultes volent

Chaque jour, depuis le déconfinement, la France tente de reprendre le cours d’une vie qui ne sera pas tout à fait comme avant. Tour d’horizon d’un pays qui repart, avec France Bleu.

Article rédigé par franceinfo, Camille Revel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une serveuse et une cliente après le déconfinement dans un bar d'Annecy (Haute-Savoie). Photo d'illustration. (RICHARD VIVION / FRANCE-BLEU PAYS DE SAVOIE)

Les Français reprennent les bonnes habitudes – et en développent parfois de mauvaises. Les restaurants et bars sont rouverts depuis une semaine, mais pour certains clients, pas facile de s’habituer au monde d’après, de respecter les nouvelles consignes sanitaires (port du masque, gestes barrières…) Pas envie du tout même parfois et l’on en arrive aux incivilités, voire aux injures. Pour les patrons, après plus de deux mois et demie de fermeture, c’est la double peine.

Ce gérant d’un bar-tabac du Sud-Mayenne n’en peut plus : "Les gens ne veulent pas avoir de masques. Hier, j'ai 68% des gens qui sont venus sans masque. Avant-hier, c'était pareil. Les gens font n'importe quoi, ils ne respectent rien du tout." Son ras-le bol, il le confie à France Bleu Mayenne qui le rappelle : porter un masque c’est obligatoire pour se déplacer dans l’établissement, c’est le protocole sanitaire, à table seulement on peut l’enlever, évidemment et là vraiment, trop c’est trop pour ce gérant : "Il y a des gens qui ne veulent rien savoir en vous insultant de tous les noms. J'ai une serveuse qui est de couleur, n'en parlons pas. Elle a été obligée d'arêter l'activité, elle est en chômage partiel. Du coup, on est forcé de réduire notre activité parce que les gens sont à la limite de la violence. C'est pour cela que j'ai dû prévenir la gendarmerie." Les gestes barrière, pas toujours une évidence pour certains clients non plus à Marseille comme le raconte à France Bleu Provence Marine Lebol, directrice d’un restaurant : "Ils râlent un petit peu parce qu'on doit leur désinfecter les mains. Il n'y a pas le sourire. Ils ont l'impression d'être dans des hôpitaux."

La faute aux autres

Quand on demande aux clients eux-mêmes, visiblement, à entendre ces Marseillais, l’enfer c’est surtout les autres :"J'étais sur le port dans un bar et c'est vrai qu'il y a beaucoup de monde et que les mesures barrières ne sont pas trop respectées. Déjà garder son masque pour boire une bière, vous faites comment ? Ce n'est pas possible", dit cet homme alors que cette femme déclare : "On porte le masque parce que c'est obligatoire mais les gens sont collés à vous, ils vous bousculent. Ils ne respectent pas du tout la distance physique."

Attention, si le patron ne fait pas respecter les mesures sanitaires, la préfecture peut faire fermer l’établissement – comme dans ce bar-tabac d’Issoire, dans le Puy-de-Dôme rouvert mardi, fermé vendredi – et dont le gérant Julien Thibault reconnaît des manquements auprès de France Bleu Pays d’Auvergne : "Après, je pense que la sanction est quand même un peu disproportionnée par rapport à l'erreur qui a été faite. C'est très compliqué quand vous avez des clients qui ont une soixantaine d'années qu'il faut qu'ils mettent un masque quand ils marchent dans l'établissement, qu'ils peuvent l'enlever quand ils boivent. Ce n'est pas simple." La préfecture dit avoir prévenu plusieurs fois, des gendarmes sont venus faire de la pédagogie, avant d’en arriver à la sanction. Le gérant du bar a rendez-vous lundi 8 juin en sous-préfecture pour évoquer son cas.

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