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En Colombie, les ex-combattants des FARC épargnés par le coronavirus

Durant le conflit armé, le nettoyage du camp et l'hygiène corporelle étaient strictes : une douche tous les jours, interdiction de se laver avec l'eau des rivières, des contrôles médicaux réguliers.

Article rédigé par franceinfo - Najet Benrabaa, édité par Valentine Joubin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une distribution de matériel sanitaire dans une communauté d'ancien combattants des FARC, en Colombie. (- / REINCORPORATION AND NORMALIZATIO)

En Colombie le coronavirus a fait plus de 2 400 morts et 73 000 cas confirmés mais il a, jusqu’à présent, épargné les ex-combattants de la guérilla des FARC. Ils ne comptent aucun malade dans leurs rangs. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette "résistance" à l'épidémie : l'hygiène et le mode de vie des ex-guérilleros, leur organisation sociale et le confinement.

Pendant plus de 50 ans, les FARC ont été habitués à vivre dans la jungle et à se déplacer régulièrement à pied, cumulant parfois jusqu'à 10 heures de marche. L'un des médecins qui collaborait avec eux durant le conflit armé, Laura Villa, explique que les repas étaient organisés de façon à les rendre robustes : trois repas par jour et deux collations, tels des athlètes.

Endurcis par la jungle et la montagne

À environ six heures de route de Medellin, près de la ville d'Anori, se trouve un ECTR, un espace territorial de formation et de réincorporation. Il s'agit d'un des sites de réincorporation où les ex-guérilleros sont installés depuis leur démobilisation. À 49 ans, Ovidio Antonio Mesa Ospina, un ancien commandant, dirige le site. Il s'est engagé en 1985 et a passé 34 ans dans les troupes des forces armées révolutionnaires de Colombie. 

La jungle et la montagne préservent plus. La nature aide beaucoup et renforce les défenses immunitaires. 

Ovidio Antonio Mesa Ospina, directeur d'un site FARC

à franceinfo

"Il est possible que cela aide dans cette pandémie car parfois dans la jungle on a souffert de beaucoup de maladies, auxquelles on a fait face avec nos propres traitements, avec des boissons à base de plantes”, postule l'ancien commandant. Le site est le lieu d'habitation de 70 ex-guérilleros et leur famille, soit environ 100 personnes. D'après Ovidio, il n'y aucun cas de Covid 19 grâce à la solidarité et la discipline. "On a toujours été solidaires, comme combattants et maintenant comme ex-combattants. On a toujours été exigeants. Cette discipline a permis le respect et la mise en place de règles de vie, comme par exemple, la protection des enfants ou l'interdiction de se rendre en ville."

Durant le conflit armé, le nettoyage du camp et l'hygiène corporelle étaient strictes : une douche tous les jours, interdiction de se laver avec l'eau des rivières, des contrôles médicaux réguliers. Aujourd'hui, il faut aussi désinfecter les véhicules. Les réunions sont à l'air libre, en respectant les distances recommandées entre les participants.

Un confinement loin des villes avec le soutien logistique du gouvernement

Les anciens combattants et leurs proches ont aussi bénéficié des effets du confinement mis en place très rapidement en Colombie. Dès les premiers cas déclarés, le gouvernement a confiné le pays ainsi que les centres de réincorporation. Ces 24 centres sont en général éloignés des villes, au cœur de la forêt tropicale ou de la jungle colombienne.

Il faut aussi préciser que le gouvernement, à travers l'ARN, l'agence pour la réincorporation et la normalisation apporte un soutien logistique. L'agence a, par exemple, envoyé du matériel comme des bouteilles de gel antibactérien, de l’alcool, des kits de protection personnelle ou des produits d'entretiens.

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