Empêcher les Français d'aller skier à l'étranger ? Emmanuel Macron "s'est emmêlé les spatules", selon le président des Entreprise du Voyage
Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage, réagit mercredi sur franceinfo aux "mesures restrictives et dissuasives" promises par Emmanuel Macron pour éviter que des Français se rendent aux sports d'hiver à Noël dans des pays où les remontées mécaniques resteront ouvertes.
"J'ai l'impression que le chef de l'Etat s'est emmêlé les spatules et que ses propos ne sont pas applicables. Ça n'a pas de sens", a réagi Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage, mercredi 2 décembre sur franceinfo, après qu'Emmanuel Macron a évoqué des "mesures restrictives et dissuasives" pour éviter que des Français se rendent aux sports d'hiver à Noël dans des pays où les remontées mécaniques resteront ouvertes, malgré l'épidémie de coronavirus Covid-19. "On va aller voir dans le coffre de la voiture s'il y a des chaussures de ski ? C'est ridicule, j'ai l'impression que l'on vit en absurdie", a regretté Jean-Pierre Mas.
franceinfo : Comment interprétez-vous les propos du chef de l'État ?
Jean-Pierre Mas : J'ai l'impression que le chef de l'Etat s'est emmêlé les spatules et que ses propos ne sont pas applicables. Ça n'a pas de sens. Il est en train de dire : on va essayer de protéger les stations de ski françaises en empêchant les Français de partir à l'étranger. Ça pourrait avoir du sens. Le problème, c'est que les stations de ski françaises étant fermées, les skieurs français n'iront pas dans les stations de ski. Ils ne partiront pas pour faire de la raquette, par exemple. Et on l'a vu d'ailleurs, le Club Med, par exemple, a fermé tous ses clubs dans les Alpes.
Vous n'imaginez pas qu'on puisse verbaliser un Français qui irait skier dans une station suisse ou autrichienne ?
Comment va-t-on faire ? On va vérifier qu'il ait des skis sur le toit de sa voiture et des chaussures de ski dans le coffre pour le verbaliser ? Parce que s'il va se promener en Suisse, il a tout à fait le droit, la Suisse est ouverte, tout comme l'Autriche, l'Espagne et l'Andorre. On peut circuler librement, les frontières ne sont pas fermées. Donc, on va aller voir dans le coffre de la voiture s'il y a des chaussures de ski ? On peut aussi louer du matériel sur place. C'est ridicule, j'ai l'impression que l'on vit en absurdie.
En France, le ski alpin est donc interdit, mais il sera possible d'aller prendre l'air à la montagne ou de faire du ski de fond. Vous ne pensez pas que cela va permettre de limiter un peu la casse dans les stations ?
Ça va très légèrement limiter la casse, mais le fait que les restaurants soient fermés, l'impossibilité de faire du ski alpin va faire que la fréquentation des stations pendant les vacances de Noël va considérablement baisser. Et les vacances de Noël représentent entre 20% et 25% de la saison globale de sports d'hiver. C'est une partie importante de la saison. Et les étrangers qui venaient en France d'habitude ne viendront pas.
Plus généralement, avez-vous des tendances pour les vacances de fin d'année ? Les Français vont plutôt rester à la maison ou tout de même tenter de s'aérer un peu ?
Il y a quinze jours, il n'y avait aucune réservation, les Français ne bougeaient pas. Depuis une semaine, il y a un frémissement. Les Français, qui ont vécu neuf mois en apnée, ont envie de partir. Les Français qui partent l'hiver, ce sont ceux qui partent deux fois par an d'habitude et qui ont de gros moyens, qui vont soit aux sports d'hiver avec des dépenses conséquentes, soit à l'île Maurice, aux Maldives, aux Seychelles, en République dominicaine… On sent un petit frémissement. Il y a des demandes de réservations, il y a même des réservations, surtout pour les départements d'Outre-mer, la Guadeloupe, La Réunion, par exemple. On sent qu'il y a une envie de partir. Mais aujourd'hui, on ne peut pas dire que cela se confirme très nettement dans les chiffres. On est quand même sur un niveau de réservations relativement bas.
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