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Education : les 1 200 postes supplémentaires "ne sont pas mis en œuvre au service d’une politique éducative", regrette le syndicat SE UNSA

Le ministère de l'Education a annoncé la création de 1248 postes supplémentaires dans le premier degré à la rentrée. Le syndicat SE UNSA estime que ces postes ne vont servir qu'à "réparer ce qui était prévu en terme de fermetures de classes" et regrette que le second degré "passe en dehors des radars".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les élèves rentrent en cours dans une école de Nancy, en septembre 2019. (GUILLEMETTE FRANQUET / RADIOFRANCE)

Les 1 248 postes supplémentaires dans le premier degré annoncés par le ministère de l’Éducation mercredi 8 avril "ne sont pas mis en œuvre au service d’une politique éducative", regrette Stéphane Crochet syndicat SE UNSA et invité jeudi 9 avril de franceinfo. Le syndicaliste, pour qui le second degré, où 440 emplois seront supprimés à la rentrée, "passe complètement en dehors des radars" notamment pendant cette période de confinement pendant l’épidémie de coronavirus, s’inquiète également du sort des élèves qui ont décroché. "On va être dans une forme de paradoxe, de savoir prendre le temps alors qu'on aura pris beaucoup de retard." 

franceinfo : Ces 1 248 postes en plus dans le premier degré, c’est une bonne nouvelle ? 

Stéphane Crochet : Oui, c’est forcément une bonne nouvelle. Mais ces postes ne sont pas mis en œuvre au service d'une politique éducative. Ils viennent réparer ce qui était prévu en terme de fermetures de classes, ça ne nous donne pas de la visibilité sur la structuration de notre offre éducative, y compris en milieu rural où le tissu scolaire a besoin d'être pensé. Maintenir les classes pour maintenir les classes, ça ne suffit pas pour penser à moyen terme à la répartition des classes sur le territoire, pour aussi avoir des effectifs suffisants à l'intérieur des classes, de bonnes conditions d'enseignement et pas trop d'isolement pédagogique. Il y a beaucoup de facteurs à faire entrer en ligne de compte pour une bonne structuration du tissu scolaire. 

Qu’attendez-vous de plus de la part du ministère de l’Éducation ? 

Pour le second degré, ce n’est pas de chance parce que sa carte scolaire, c'est-à-dire ses fermetures de postes, a été décidée avant cette situation tout à fait particulière du confinement, et du coup, on y revient pas. Or, le second degré va devoir accueillir à la rentrée prochaine 30 000 élèves de plus mais avec 440 postes en moins. Dans le second degré, il y aura les mêmes difficultés pour les élèves. Certes, les 1 200 postes supplémentaires dans le primaire, on ne les attendait pas. Mais ne nous cachons pas : ils ont été obtenus sous la pression des élus locaux. Il faut également dire que l’on vit une période absolument incroyable. Les élections municipales sont gelées, le temps est suspendu et pour ce qui est du second degré, les collèges et les lycées passent complètement en dehors des radars. Et cela promet des conditions d'enseignement plus difficiles. C’est pour cela que mon syndicat a fait la demande auprès du ministère de l’Éducation d’obtenir davantage de postes pour le second degré mais aussi d’obtenir plus de postes aux concours, parce qu'il va falloir recruter pour pourvoir de nouveaux emplois. 

Va-t-on vivre une rentrée inédite avec pleins de difficultés à gérer ?

Oui parce que, même aujourd’hui, nous ne savons rien encore de ce que sera la fin de l'année scolaire qui conditionne beaucoup ce qui va se passer ensuite. Si nous avons la possibilité, qui semble s'éloigner, d'avoir une reprise de cours suffisamment importante, on va pouvoir restabiliser des choses avec nos élèves. Si on ne se revoit pas avant le mois de septembre, on aura un pas très, très important à franchir, dans le premier comme dans le second degré, pour raccrocher les wagons et faire que cette crise laisse le moins longtemps de traces. 

Comment rattraper le retard qui est pris en ce moment au niveau du programme ?

Moi je suis bien moins inquiet sur comment rattraper le retard. On a du temps pour l’apprentissage. On parle de six à huit semaines voire même douze semaines de retard, dans une scolarité entière qui fait 15 ans ou 20 ans. La préoccupation majeure, ce sont les élèves qui auront décroché ou qui sont le plus en difficulté. Ceux qui se seront éloignés, très, très éloignés, des apprentissages scolaires, de l'habitude scolaire, du travail scolaire. Ceux qui sont les plus fragiles, ceux qui ont le moins confiance en eux, qui sont le moins à l'aise. Il faut qu'on leur permette de reprendre pied. On va avoir besoin de travailler de façon individualisée en petits groupes, d'un point de vue scolaire mais peut être aussi d'un point de vue plus global. Il faudra prendre du temps pour discuter avec eux de ce qu'ils ont vécu et déconstruire aussi des représentations. Il ne faudrait pas qu'ils se disent que c'est trop tard, qu’ils ont lâché, décroché, et que désormais, c'est foutu. On a donc besoin de travailler avec eux. Ça passe par de l'humain. On va être dans une forme de paradoxe, savoir prendre le temps alors qu'on aura pris beaucoup de retard. Mais démarrer sur un mode urgence, en mode accélération, ce serait très mauvais pour ces élèves.

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