Des sportifs français pensent avoir été atteints par le coronavirus dès octobre à Wuhan, en Chine
Certains d'entre eux participaient aux Jeux mondiaux militaires à Wuhan, du 18 au 27 octobre. L'armée française assure qu'aucun cas n'a été déclaré.
A la recherche du patient zéro... Les premiers Français contaminés par le Covid-19 sont-ils des sportifs qui ont participé en octobre dernier aux Jeux mondiaux militaires (JMM) à Wuhan, en Chine, le premier foyer mondial de l'épidémie de coronavirus ? C'est ce que peuvent laisser entendre plusieurs témoignages d'athlètes.
A commencer par celui d'Elodie Clouvel, la championne du monde de pentathlon. Elle faisait partie, avec son compagnon Valentin Belaud, des 281 sportifs français présents à ces JMM qui ont eu lieu du 18 au 27 octobre, près de trois semaines avant les premiers cas de coronavirus officiellement recensés. Et voilà ce qu'elle déclarait à nos confrères de Télévision Loire 7, le 25 mars dernier. "Je pense qu'avec Valentin, on a déjà eu le coronavirus. On a été à Wuhan pour les Jeux mondiaux militaires fin octobre-début novembre, et on est tous tombés malades."
Des symptômes proches de ceux du Covid-19
Elodie Clouvel décrit, à l'époque, des symptômes similaires à ceux du Covid-19. Mais impossible d'en savoir plus. Depuis, l'athlète ne s'exprime plus, comme beaucoup d'autres que franceinfo a sollicités. La plupart répondent ne pouvoir donner suite à nos sollicitations et nous renvoient vers le ministère des Armées.
Une autre sportive de haut niveau a en revanche bien voulu nous parler et elle affirme que lors de ces Jeux ou après, elle n'a eu aucun symptôme, n'a vu personne de malade, pareil pour son entourage. Et qu'elle n'a jamais reçu la moindre alerte ni pendant, ni une fois rentrée en France. Difficile d'y voir très clair.
"Aucun cas déclaré", selon l'armée
Dans une réponse commune envoyée aux médias qui la sollicitent, l'armée française fait savoir qu'il n'y a eu aucun cas déclaré auprès du Service de santé des armées pendant les Jeux ou au retour des athlètes militaires "pouvant s'apparenter, a posteriori, à des cas de Covid-19". Il faut préciser toutefois qu'aucun test n'a eu lieu. "Le premier cas de Covid-19 n’a été rapporté par la Chine à l’OMS que le 31 décembre 2019, soit deux mois après la fin des JMME, précise le ministère des Armées. La délégation française a bénéficié d’un suivi médical, avant et pendant les Jeux, avec une équipe médicale dédiée composée de près d’une vingtaine de personnels."
L'armée indique par ailleurs qu'à sa connaissance, il n'y a pas eu non plus de cas dans les autres pays participants. Depuis quelques jours, des athlètes luxembourgeois témoignent avoir eu des personnes malades avec des symptômes faisant penser au coronavirus. Mais là encore, rien d'avéré.
Pour le professeur Éric Caumes, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, la piste d'une contamination est pourtant "tout à fait plausible". "Il est tout à fait possible que le virus circulait déjà à bas bruit, explique-t-il à franceinfo, et que des cas soient en réalité apparus dans les quatre à six semaines, voire huit semaines, qui ont précédé. Ce que décrivent les athlètes qui ont participé à ces Jeux militaires, il faut évidemment le confirmer scientifiquement."
"Malade comme je l'ai très peu été dans ma vie"
Autre témoignage d'un sportif qui était en Chine en octobre dernier, celui du tennisman Harold Mayot. Il était à Chengdu, à 1 000 kilomètres de Wuhan, devenu un des autres grands foyers d'épidémie. Il participait à l'époque au Masters juniors et en rentrant, il est tombé malade. "Deux jours après être rentré chez moi, à Metz, j'ai été malade comme je l'ai très peu été dans ma vie. J'ai eu l'impression que c'était une énorme grippe. Je me réveillais en pleine nuit, j'avais des frissons, je transpirais beaucoup, j'avais un mal de crâne insupportable... J'avais comme l'impression d'avoir les poumons pris. Et puis, je l'ai refilé à pas mal de monde, mon père, ma belle-mère... Après, on ne s'est pas inquiétés plus que ça."
Car quand Harold Mayot est allé chez le médecin, avant que l'on connaisse l'épidémie en France, on lui a dit qu'il avait une bonne grippe. Pareil pour ses proches. Aucun d'entre eux n'a été testé. Donc, comme il le dit lui-même, impossible là encore de dire avec certitude s'il a attrapé le Covid-19 dès la fin octobre, en Chine.
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