Réouverture des discothèques : "Un coton-tige dans le nez tous les deux jours, ce n'est pas tenable"
Le Syndicat national des discothèques de lieux de loisirs (SNDLL) critique un protocole sanitaire trop strict qui n'est pas appliqué à d'autres lieux "qui font notre métier sans être classés discothèques". "Un scandale à la fois sanitaire et commercial".
"C'est un soulagement mitigé, c'est une lueur dans un tunnel mais ce n'est pas la sortie du tunnel", a estimé Patrick Malvaës, le président du Syndicat national des discothèques de lieux de loisirs (SNDLL) vendredi 9 juillet sur franceinfo. Il réagissait à la réouverture le soir même des boîtes de nuit avec pass sanitaire obligatoire. "Si vous êtes en vacances et que vous voulez sortir en discothèque plusieurs fois dans une semaine il va falloir vous balader avec un coton-tige dans le nez tous les 2 jours", a regretté Patrick Malvaës. Selon ses chiffres, les trois quarts des discothèques préfèrent rester fermées en raison notamment de la difficulté pour elles de trouver du personnel.
franceinfo : Est-ce que cette réouverture est, pour vous et les professionneles du secteur, un soulagement ?
Patrick Malvaës : C'est un soulagement mitigé, c'est une lueur dans un tunnel mais ce n'est pas la sortie du tunnel. C'est déjà pas mal d'avoir une lueur parce que jusqu'à présent nous étions dans le noir complet. Vous me direz, c'est notre métier, mais ce n'est pas tellement amusant d'être dans cette situation. Malheureusement les conditions sont telles que cette lueur ne va pas briller pour beaucoup. Les trois quarts des discothèques préfèrent rester fermées pour deux raisons. La première, sur le plan économique et financier : ouvrir pour ne pas faire recette et avoir des frais supplémentaires va être très difficile. Et puis, il faut savoir qu'il y a plein de lieux qui font notre métier sans être classés discothèques, les bars ambiance, les restaurants ambiance, les clubs de plage, et cela c'est un scandale à la fois sanitaire et commercial. On laisse faire depuis des mois. L'année dernière, on a fait l'été meurtrier avec des protocoles qui ne sont pas respectés dans ces lieux où il n'y a pas de pass sanitaire.
L'autre difficulté, c'est l'obligation de présenter un pass sanitaire ?
On nous impose un pass sanitaire, soit un parcours vaccinal complet, soit un test antigénique ou PCR négatif de moins de 48 heures soit un test PCR positif de plus de 15 jours et de moins de six mois pour ceux qui ont déjà eu le Covid. Le gros problème est le suivant : pour la vaccination vous n'avez que 6,4% des jeunes qui sont vaccinés et 30% qui sont réfractaires à la vaccination. Quant aux tests PCR ou antigéniques, c'est très très lourd car il faut compter 48 heures. Imaginez, vous allez en discothèque un dimanche soir, il faut faire un test PCR le samedi au plus tôt. Si vous êtes en vacances au Touquet, à La Baule, à Arcachon ou à Nice et que vous voulez sortir en discothèque plusieurs fois dans une semaine, il va falloir vous balader avec un coton-tige dans le nez tous les deux jours. Ce n'est pas tenable.
Rencontrez-vous des difficultés à trouver du personnel ?
Oui, c'est très difficile pour les salariés permanents. Ils ont été habitués, pendant 16 mois, à toucher leur salaire sans travailler. Les faire revenir en pleine saison d'été et leur dire de travailler, c'est compliqué. Je pense qu'on aura du personnel plus facilement au mois de septembre ou en octobre mais là c'est extraordinairement difficile. 40% du personnel a déserté. Ils ont fini de toucher leurs aides et après cela ils vont faire autre chose. On peut aussi les comprendre.
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