Réouverture des boîtes de nuit : au Gibus, à Paris, un test grandeur nature du protocole sanitaire
L'interminable nuit des discothèques s'achève le 9 juillet avec la réouverture de certaines d'entre elles. Au club parisien Le Gibus, des mesures supplémentaires ont été mises en place pour limiter les risques de contamination.
Après un an et demi de fermeture, les pistes de danse vont enfin revoir les clubbers. Les discothèques rouvrent vendredi 9 juillet, mais sous protocole sanitaire : jauge de 75 % en intérieur, pass sanitaire exigé à l'entrée. En revanche, le masque n'est pas obligatoire. Des mesures jugées contraignantes par beaucoup d'établissements nocturnes. Environ les 3/4 des 1 400 discothèques existantes encore en France resteront fermées. La jauge de 75% en intérieur n'est pas jugée assez rentable pour rouvrir. Les plus gros établissements craignent aussi d'être débordés, de ne pas savoir gérer le contrôle des pass sanitaires, et des tests PCR négatifs.
À Paris, la mythique boîte de nuit et salle de concert du Gibus va, elle, rouvrir ses portes. Dans la pénombre de son club, Jean-Bernard Meneboo n'a qu'une hâte, "faire tourner la boule à facettes ! Elle est restée accrochée ici, durant toute la fermeture. Donc là, on va la refaire tourner. Il ne faut jamais baisser les bras."
Pour le premier soir de réouverture, c'est "Beach Party". Le club a fait peau neuve : des néons rouges installés, des murs peints en bleu et des graffitis. Tout a été désinfecté, et les mesures sanitaires sont assez poussées. "Le pass sanitaire va permettre de s'assurer un minimum que les gens qui rentrent ne sont pas contaminés ou sont peu potentiellement à risque d'être contaminés", précise Jean-Bernard Meneboo.
"On a voulu améliorer la climatisation et la répartition de l'air."
Jean-Bernard Meneboo, patron de la boîte de nuit parisienne Le Gibusà franceinfo
Des répartiteurs d'air supplémentaires ont été installés "de façon à ce que l'air circule davantage, et qu'il soit renouvelé toutes les 15 minutes environ dans l'ensemble du club".
Mettre fin à une stigmatisation
A quelques heures de rallumer la cabine du DJ, le stress monte un peu pour le patron, qui avoue que ces premières nuits de réouverture vont être un test. "Mais je pense qu'à un moment donné, il faut bien rouvrir", estime-t-il. "Un certain nombre de gérants doivent avoir peur de la réouverture parce que c'est vrai que le protocole est compliqué. On a, pendant 15 mois, plutôt été stigmatisés comme des porteurs ou des transmetteurs potentiels du virus, alors qu'on a pas eu l'occasion d'avoir le moindre cluster en France dans les boîtes de nuit. On a tellement le sentiment d'avoir été stigmatisés qu'on a peur qu'on nous tombe dessus en rouvrant."
"On a choisi d'ouvrir parce que tant qu'on n'a pas fait de test réel, on ne pourra pas savoir."
Jean-Bernard Meneboo, patron de la boîte de nuit parisienne Le Gibusà franceinfo
Un certain nombre d'établissements ne rouvrent pas, aussi car ils ne trouvent pas de personnel. Comme dans la restauration, des barmans ont abandonné le métier depuis le début de la crise sanitaire. Des DJ mixent désormais uniquement dans des soirées privées.
Contrôles des jauges
Avec une jauge à 75 %, 300 clubbers pourront danser en même temps au Gibus. Et pour cette première nuit de réouverture, la discothèque affiche quasiment complet. "Quand les bars et les restaurants étaient fermés, la question était la même. Et quand ça a pu rouvrir, tout le monde était en terrasse", constate Jean-Bernard Meneboo. "Je prends cette opportunité comme une nécessité pour montrer ce dont on est capable et d'arrêter de croire qu'une discothèque est un vecteur de transmission de virus. C'est tout sauf ça !"
Vendredi 9 juillet, des contrôles des jauges et du pass sanitaire auront lieu dans les discothèques, a annoncé le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal. Les boîtes de nuit seront fermées administrativement si le protocole n'est pas respecté. Mais si tout se passe bien, la jauge passera à 85 % en intérieur au mois d'août 2021. Sur les 1 600 établissements qui existaient avant la crise sanitaire, 200 ont mis la clé sous la porte. 150 sont en liquidation judiciaire, et 50 ont volontairement cessé leur activité.
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