Déconfinement : "Le gouvernement a choisi de faire appel à la responsabilité individuelle", salue un ancien directeur de la Santé
Alors que plusieurs pays européens se reconfinent en raison de la flambée de l'épidémie de Covid-19, la France allège, ce mardi, les mesures de restriction, tout en conseillant à la population un autoconfinement avant les fêtes.
Alors que la France commence à se déconfiner mardi 15 décembre, le Conseil scientifique recommande tout de même aux Français de s'autoconfiner pendant une semaine avant les retrouvailles des fêtes de fin d'année afin de limiter la propagation du Covid-19. "Garder les enfants à la maison" et télétravailler ou poser une semaine de congé, "cela permettrait de ne pas être contagieux le soir de Noël", abonde ce mardi soir sur franceinfo William Dab, ancien directeur général de la Santé. "Le gouvernement a choisi de faire appel à la responsabilité individuelle" plutôt que de "reconfiner tout le pays", salue par ailleurs l'épidémiologiste.
franceinfo : Le Conseil scientifique recommande aux Français de s'autoconfiner et de retirer leurs enfants des écoles, alors que le déconfinement progressif commence aujourd'hui. Quelle est la cohérence de tout cela?
William Dab : C'est vrai que les enfants, surtout les jeunes, sont peu contaminants, mais avec le coronavirus rien n'est une certitude. Je pense que l'idée est qu'avant les fêtes de fin d'année chacun soit en mesure d'évaluer son risque de contamination pour protéger ses proches. De ce point de vue là, garder les enfants à la maison, c'est éviter de sortir et de faire circuler le virus. Je pense qu'actuellement, nous sommes dans une situation où nous devons tous faire un effort pour réduire nos contacts. S'autoconfiner quelques jours avant la soirée du 24 permettrait de ne pas être en situation d'être contagieux le soir de Noël. Nos voisins, eux, prennent des décisions plus strictes. Les Pays-Bas se reconfinent par exemple cinq semaines.
Est-ce que la France va dans le bon sens pour ces fêtes de fin d'année?
On voit bien qu'il y a deux solutions : soit reconfiner tout le pays, soit faire appel à la responsabilité individuelle. Le gouvernement a choisi la deuxième option. Comme depuis le début de cette épidémie, on est pris entre différentes contraintes.
Là, ce que l'on sent dans le pays, c'est une sorte de lassitude, un besoin de se retrouver en famille. D'un autre côté, le plateau épidémique ne diminue pas. C'est un équilibre qui est difficile à trouver.
William Dabà franceinfo
Comme médecin et comme épidémiologiste, je préfère sauver des vies. Mais il y a évidemment d'autres considérations qui interviennent. Nous serons vaccinés plus tard et donc immunisés plus tard que le Royaume-Uni, les États-Unis ou encore le Canada.
A-t-on opté pour la bonne stratégie vaccinale ?
Oui, de toute façon, les doses ne vont pas arriver massivement en même temps au début du mois de janvier. Donc, il est logique d'avoir une stratégie de vaccination en plusieurs phases. La Haute autorité de Santé a fait le choix de protéger les gens à risque le plus élevé de mortalité. À peu près tous les pays font le même choix. Pour l'instant, l'Agence européenne du médicament n'a pas délivré d'autorisation de mise sur le marché pour les 27 pays membres. Elle devrait le faire avant la fin de l'année. Mais tant que cette même autorisation de mise sur le marché n'est pas délivrée, la campagne ne peut pas commencer. Moi, je me ferai vacciner parce que j'ai 67 ans et deux facteurs de risque. Je pense que sur la base des données déjà disponibles, on voit que le vaccin ARN messager a un profil de sécurité intéressant. Je pense que pour moi, le risque de ne pas se vacciner est plus grand que celui de se faire vacciner.
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