Covid-19 : "L'augmentation des chiffres et la perspective de Noël nous inquiètent", avoue Jean-Paul Ortiz, président du CSMF
"Il faut vraiment que nous fassions tous des efforts particuliers pour éviter cette contamination. Il faut limiter les échanges et les repas" conseille le président de la Confédération des syndicats médicaux français.
"Ce qui nous inquiète, c'est l'augmentation des chiffres et surtout la perspective des fêtes de Noël", a confié jeudi 17 décembre au soir sur franceinfo Jean-Paul Ortiz, le président de la Confédération des syndicats médicaux français. Le nombre de nouveaux cas de coronavirus s'est établi à 18 000 ces dernières 24 heures, a annoncé le directeur général de la Santé. Le taux de reproduction du virus est désormais de 1,03. "Cela repart et nous craignons que ça continue", s'inquiète Jean-Paul Ortiz. Il appelle à "limiter les échanges et les repas", conseille "d'aérer dix minutes toutes les heures" pendant les repas de réveillon, et demande de "respecter les gestes barrières".
franceinfo : Ces chiffres vous inquiètent-ils ?
Jean-Paul Ortiz : Bien sûr, qu'ils nous inquiètent. Tous les jours, nous voyons des patients Covid dans nos cabinets. Dans certaines régions, on sent bien qu'il y en a de plus en plus et on sent bien que la tension augmente dans les établissements de soin, sur le nombre d'entrées ou de sollicitations pour hospitalisation. Ce qui nous inquiète, c'est l'augmentation des chiffres et surtout la perspective des fêtes de Noël. Nous savons bien qu'il y a un brassage de population pendant les fêtes. Je pense qu'il faut vraiment que nous fassions tous des efforts particuliers pour éviter cette contamination. Il faut limiter les échanges et les repas. C'est pendant les repas familiaux qu'on se contamine. On l'a dit, il ne faut pas être plus de six convives. Il faut également éviter les mélanges de lieux de vie différents, c'est à dire que, dans une famille, il faut par exemple éviter de se rassembler si vous avez des étudiants qui vivent dans des lieux différents. Pensons à protéger nos anciens. Il vaut mieux aller les voir dans l'après-midi plutôt que de les inviter à midi. Pensons aussi à aérer.
"Une étude récente vient de montrer que 10 minutes d'aération toutes les heures, diminue par un facteur 10 le risque de contamination lorsqu'il y a un patient porteur du virus."
Jean-Paul Ortiz, le président de la Confédération des syndicats médicaux françaisà franceinfo
L'idéal serait même de pouvoir manger à l'extérieur, mais c'est vrai que la période actuelle est plus compliquée et c'est une période où, habituellement, les virus circulent beaucoup plus. Malheureusement, le coronavirus ne fait pas exception. Et puis surtout, maintenons les gestes barrières. Ce sont des choses simples, de bon sens, qui vont nous permettre d'éviter ces contaminations pendant les fêtes qui est vraiment une période à haut risque.
Le taux de reproduction du virus est actuellement de 1,03. Cela veut dire qu'un malade contamine plus d'une personne et que l'épidémie progresse à nouveau ?
Absolument, et je voudrais simplement rappeler qu'il y a encore un peu plus de quinze jours, nous étions à 0,6. Ça veut dire qu'au contraire, l'épidémie régressait en termes de contamination. Ça montre que ça repart et nous craignons que ça ne continue à repartir. Et ça, ça serait catastrophique à la fois, bien sûr, d'un point de vue économique et surtout pour l'état sanitaire et la tension qu'on aurait dans nos établissements de soins, alors que l'ensemble du personnel de santé est aujourd'hui vraiment très fatigué par toute cette période. Il y a probablement eu collectivement un certain degré de relâchement, ce que l'on peut comprendre. Il ne s'agit pas de culpabiliser. Il s'agit simplement de prendre conscience et de se responsabiliser chacun sur les efforts qu'on doit faire, parce que c'est vrai que ce n'est pas facile. Nous vivons une période difficile, mais le meilleur soutien que chacun peut faire vis-à-vis des personnels de santé, puisqu'on a été longuement applaudi, aujourd'hui il ne faut pas nous applaudir, il faut respecter les gestes barrières au maximum. C'est comme ça que vous nous soutiendrez le mieux. C'est un peu l'appel que je lance à l'ensemble des auditeurs.
La vaccination va commencer au sein de l'Union européenne à partir des 27, 28 et 29 décembre. Vous, médecins de ville, vous êtes prêts à jouer votre rôle ?
Les médecins de ville sont prêts. Ils sont absolument déterminés à vacciner et à jouer tout leur rôle. C'est pour nous un immense espoir parce que c'est une prouesse à la fois scientifique et technologique. Aujourd'hui, ça va permettre de voir le bout du tunnel. Ça ne sera pas pour tout de suite parce qu'il va falloir d'abord protéger les plus fragiles, les plus anciens, d'où les priorités qui ont été données. Les médecins de ville prendront toute leur place au fur et à mesure de la vaccination qui va se développer auprès des différentes populations. Et bien sûr, nous sommes prêts et c'est autour et avec les médecins traitants, les médecins généralistes, les médecins de proximité, qu'il faut faire reposer cette vaccination. Et c'est comme ça qu'on gagnera la confiance des Français vis-à-vis de la vaccination.
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