Coronavirus : à Mulhouse, l'église évangélique considérée comme un cluster majeur de l'épidémie savoure "la joie" de retrouver ses fidèles pour la première fois
L’Eglise de la Porte ouverte chrétienne, dont 31 fidèles sont morts du coronavirus, était restée close depuis plus de quatre mois. Franceinfo a suivi la préparation pour l'accueil des premiers fidèles dimanche.
Samuel Peterschmitt est le pasteur principal de l’Eglise de la Porte ouverte chrétienne. Il balaie du regard la salle de culte qui accueillera à nouveau des fidèles, à Mulhouse (Haut-Rhin), dimanche 12 juillet, après plus de quatre mois de fermeture, pour cause de crise du coronavirus. Immense ? "Non… Il manque 900 sièges." Cinq cents personnes ont réservé leur place sur internet. La jauge a été fixée à 600 personnes dans une église qui, habituellement, reçoit chaque dimanche plus de 2 000 fidèles. Mais pour le pasteur, "il y a de la joie de retrouver une partie des paroissiens. Vraiment. Une joie d'être avec eux, de communier en direct."
Evidemment, le passé n’est pas oublié, tant cette église évangélique a été pointée du doigt. Du 17 au 24 février, un rassemblement de La Porte ouverte chrétienne s'est transformé en ce qui a été considéré comme l'un des premiers clusters majeurs du coronavirus en France. Un "point de bascule" de la pandémie dans le Grand Est et en France, selon le ministère de la Santé. Le Conseil national des évangéliques de France (Cnef) a recensé au moins 72 décès dus au coronavirus au sein du mouvement évangélique, dont 31 parmi l’église alsacienne.
"Ce n'est pas très juste, ce traitement"
Voilà l'Eglise de la Porte ouverte désignée coupable, et ses fidèles menacées. "Comme si nous avions été la source même du coronavirus, alors qu'il circulait depuis trois mois en Alsace, on le sait maintenant", estime Samuel Peterschmitt. Forcément, dans ces conditions, les mesures sont drastique. Chaque fidèle a donc réservé sa place et doit imprimer ou avoir sur son téléphone un QR code lui permettant d’accéder à l’église, où le masque est obligatoire, dès le parking. "Evidemment, il y a cette pression qui est là. Si certains sont regardés à la loupe, nous, on est sous le microscope, constate Samuel Peterschmitt. Ce n'est pas très juste, ce traitement, mais on en est conscient. On a tout mis en place de manière à ce que tout soit respecté selon ce que l'on nous a imposé."
Et pour ce faire, avant le culte de dimanche, une vingtaine de bénévoles étaient mobilisés, samedi. Chaque détail est scruté. Irina gère les opérations. "Déjà, l'accueil, c'est un travail en temps normal, mais là, encore plus, parce qu'il faut respecter les règles liées au Covid."
Parmi les bénévoles, il y a Tonia, une fidèle de l’église depuis 30 ans. Pendant un temps, ses voisins l’ont ignorée, mise de côté. Depuis les choses se sont apaisées. Se retrouver, "c'est une joie, je vous assure !" "Ça me manquait, poursuit-elle, c'est une famille. Il faut avoir de la sagesse, alors moi je vais respecter mon prochain, je ne vais pas le toucher." Avec un masque sur le visage, à distance les uns des autres, la cérémonie de dimanche est prévue pour durer plus de deux heures.
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