Allègement des restrictions sanitaires : "On se sent profondément trahis par le gouvernement", réagit le Syndicat des musiques actuelles
La déléguée générale du Syndicat des musiques actuelles, Aurélie Hannedouche, dénonce mercredi sur franceinfo "un problème d'équité de traitement" dont seraient victimes les organisateurs de concerts après les annonces de Jean Castex mercredi.
"On se sent profondément trahis par le gouvernement", a réagi mercredi sur franceinfo Aurélie Hannedouche, déléguée générale du Syndicat des musiques actuelles (SMA), après les annonces de Jean Castex.
>> DIRECT. L'obligation du port du masque en extérieur sera levée dès demain, annonce Jean Castex
Le Premier ministre a notamment indiqué que la levée de l'obligation du port du masque en extérieur sous certaines conditions et la fin du couvre-feu à 23 heures dès dimanche. Mais pour la Fête de la musique, elle restera encadrée.
franceinfo : Levée du port du masque, fin du port du masque en extérieur, mais une fête de la musique encadrée ? Est-ce que les annonces du gouvernement vous satisfont ?
Aurélie Hannedouche : Oui et non. Ce qui nous pose le plus souci, c'est qu'il y a de plus en plus de fêtes sauvages et d'évènements qui se construisent pour échapper au cadre pour ne pas se soumettre au pass le sanitaire, qui est obligatoire à partir de 1 000 personnes. Aujourd'hui, les festivals qu'on représente, qui ont souhaité se maintenir pour répondre aux attentes du public et pour faire jouer des artistes, ne rencontrent pas le succès escompté, parce que le public ne souhaite pas venir. Manifestement, le pass sanitaire fait vraiment fuir le public. Donc on a un véritable problème d'équité de traitement, d'autant plus que nos collègues des parcs de loisirs et des parcs à thèmes se retrouvent exemptés du pass sanitaire. On se retrouve avec une règle qui, pour nous, n'est pas du tout juste, qui n'est pas du tout équitable et qu'on a du mal à comprendre.
Qu'est-ce que vous souhaiteriez ? La levée du pass sanitaire ou que les organisations de concerts soient plus simples ?
Ce qu'on demande, c'est d'avoir une règle qui soit juste et équitable pour tout le monde, qui soit lisible et qui soit compréhensible. Depuis le mois de février, on travaille avec la ministre de la Culture et avec le gouvernement sur le cadre qui sera applicable pour les festivals cet été. On nous a toujours dit, depuis le mois de février, que ce serait 5 000 personnes en configuration assise. Ceux qui ont décidé de se maintenir l'ont fait en ayant en tête ces contraintes-là. On ne nous a jamais parlé du pass sanitaire. Donc aujourd'hui, le public qui a acheté ces places, qui va venir, n'a jamais donné son accord pour le soumettre au pass sanitaire. Et donc, forcément, il est très hésitant. Et aujourd'hui, il préfère se diriger vers des événements alternatifs, avec moins de 1 000 personnes où on ne lui demandera pas de pass sanitaire, parce que la tranche d'âge qu'on vise dans les festivals, pour la plupart, n'est encore complètement vaccinée. Donc, cela veut dire qu'elle va devoir recourir aux tests de antigéniques ou PCR, ce qui est une contrainte de plus, en plus de la jauge assise, en plus du masque, en plus de la distanciation. Et apparemment, ça commence à faire trop. Le public n'a pas envie ça. Et aujourd'hui, on commence à avoir à faire une saison des festivals qui ne donne pas très envie au public.
Il y a des protocoles, vous les avez respectés. Est-ce que vous vous dites que vous êtes victimes ?
Exactement. En fait, on a été les bons élèves depuis le mois de février, on s'est reconfiguré, on a décidé de maintenir. Et puis en bout de course le président de la République annonce le 29 avril qu'en plus il y aura un pass sanitaire. On n'en a jamais discuté. Donc on trouve que c'est une vraie trahison à notre égard. Et puis, on entend dire que les discothèques vont pouvoir rouvrir à partir du 2 juillet, avec des jauges de 65%, alors que nous, la ministre de la culture nous dit, pour les concerts à partir du 1er juillet, ce sera avec une personne pour 4 mètres carré. Donc, on ne comprend pas. Les parcs de loisirs reprennent comme si de rien n'était, possiblement les discothèques aussi. Et les concerts, on se retrouve à accumuler toutes les contraintes et à ne tirer aucun bénéfice de tout le dialogue et de toute cette bonne volonté. Donc, on a vraiment l'impression d'être les oubliés et on se sent profondément trahis par le gouvernement.
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