Covid-19 : un couvre-feu serait une "mesurette" pour l'épidémiologiste Catherine Hill qui appelle à "tester tout le monde"
La spécialiste parle de "fiasco" du système actuel de tests et ironise sur les résultats des dépistages du coronavirus obtenus une fois que les gens ne sont plus contagieux.
Un Conseil de défense se réunit mardi 13 octobre matin à l’Élysée à la veille de la prise de parole d’Emmanuel Macron à la télévision. L'éventualité d'un couvre-feu nocturne à Paris, dans la petite couronne, et dans d'autres métropoles pour lutter contre l'épidémie de Covid-19 sera sur la table, selon les informations de franceinfo. Une proposition qualifiée de "mesurette" par l'épidémiologiste Catherine Hill sur franceinfo. Elle réclame "une stratégie de dépistage qui fonctionne". Selon elle, "on pourrait tester facilement 10 ou 20 millions de personnes par semaine".
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franceinfo : Le couvre-feu est-il une bonne solution ?
Catherine Hill : Pas vraiment. On prend cette épidémie complètement à l'envers. On laisse le virus circuler et on prend des mesures de confinement qui sont très préjudiciables à l'économie alors que tout le monde veut la même chose.
On ne veut pas vivre avec le virus, on veut contrôler l'épidémie. Pour contrôler l'épidémie, c'est simple, il faut trouver les gens qui sont contagieux et les isoler. Il faut les trouver rapidement et ce n'est absolument pas ce qu'on fait.
Catherine Hill, épidémiologisteà franceinfo
On a les moyens. On pourrait tester facilement 10 ou 20 millions de personnes par semaine si on acceptait d'utiliser tous les outils à disposition. On peut faire des tests groupés en mettant les prélèvements de 20 personnes dans un seul tube et en cherchant s'il y a du virus dans ce tube. Probablement la proportion de gens qui sont contagieux aujourd'hui en France est inférieure à 5 pour mille. C'est ce qu'on a trouvé en Angleterre en faisant un test sur un échantillon représentatif de la population.
Est-ce qu'un couvre-feu ne permettrait pas de limiter les fêtes familiales, hauts lieux de contamination ?
Tout ça, ce sont des mesurettes. Le virus circule. Il y a beaucoup de gens qui sont positifs, qui se promènent, qui circulent, qui travaillent, qui prennent les transports en commun, qui rentrent dans les magasins et qui font des courses, qui croisent des gens. C'est absolument indéniable que le virus circule. On prend des mesures de renforcement qui agissent à la marge dans les endroits où le virus circule le plus. On voit bien que toutes ces stratégies ne marchent pas. Il faut arrêter et réfléchir cinq minutes et comprendre que la seule solution, c'est de changer et d'avoir une stratégie dépistage qui fonctionne. Tout le reste c'est des mesures à la marge qui sont passablement inefficaces.
Vous prônez des tests groupés, mais certains médecins disent que ce n'est pas forcément fiable. La charge virale peut ne pas être suffisante. Qu'en pensez-vous ?
Ce n'est pas très grave. Si on en trouve déjà sept sur dix, alors qu'en ce moment, on en trouve un sur quatre, on aura fait un progrès colossal dans le contrôle de l'épidémie.
La stratégie qui a été adoptée dans tous les pays qui ont contrôlé l'épidémie, c'est de tester massivement autour des cas qu'on avait. Maintenant, nous, on a des cas partout. Donc il faut tester tout le monde et il faut s'y mettre rapidement !
Catherine Hill
Et il faut isoler les gens qui sont positifs. On n'a pas besoin de les isoler pendant très longtemps. La plupart ne sont pas contagieux pendant très longtemps. On vous dit toujours les tests ne sont pas parfaits. Aucun test n'est parfait. Ce n'est pas le problème. Ce qu'on veut, c'est trouver le maximum de gens contagieux avant qu'ils aient contaminé autour d'eux. En ce moment, on attend qu'ils soient symptomatiques, plus le temps d'aller voir un médecin, plus le temps d'être testés, plus le temps d'obtenir le résultat du test, on leur dit qu'ils sont contagieux au moment où ils ne sont plus contagieux. Le système est un fiasco.
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