Covid-19 : pourquoi l'avis de l'Académie de médecine sur les tests nasopharyngés ne doit pas vous empêcher d'aller vous faire dépister
Dans un avis rendu jeudi 8 avril, l'Académie évoquait de "graves complications" décrites dans la littérature médicale depuis quelques semaines en cas de prélèvements mal réalisés.
Ils sont le principal outil de dépistage du Covid-19. Quelque 70 millions de prélèvements nasopharyngés, pratiqués pour les tests PCR ou les tests antigéniques, ont été réalisés en France, entre le 1er mars 2020 et le 4 avril 2021, selon les estimations de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees). Alors que ces tests sont devenus la "référence" pour détecter le virus, l'Académie nationale de médecine a rappelé, jeudi 8 avril, les "bonnes pratiques" pour réaliser ces prélèvements, afin d'éviter certains "risques".
L'institution évoque d'abord une éventuelle "douleur" ou un "saignement" au moment du prélèvement. Des "petits effets bénins" et sans gravité, rassure le professeur Pierre Bonfils, membre de l'Académie, contacté par franceinfo. Ces désagréments sont liés aux "variations anatomiques" de chacun, certaines personnes présentant par exemple "une déviation nasale", explique Jean-Michel Klein, vice-président du Syndicat national des médecins ORL (SNORL). En outre, le nez est une zone "très vascularisée" et donc propice aux saignements, même si ces derniers sont "sans conséquences", précise le spécialiste.
Des complications "rarissimes"
Plus loin dans son avis, l'Académie signale de possibles "complications graves" liées à des "brèches de l'étage antérieur de la base du crâne associées à un risque de méningite" lorsque le prélèvement nasopharyngé est mal réalisé. Ce sont "des cas rarissimes", rappelle cependant Pierre Bonfils. "Deux ou trois cas", seulement, dont l'un décrit par des médecins espagnols (lien en anglais).
"Le but ce n'est pas d'affoler. Les prélèvements sont indispensables et sont sécurisés lorsqu'ils sont faits correctement."
Professeur Pierre Bonfils, membre de l'Académie nationale de médecineà franceinfo
Ces "brèches" ne peuvent être provoquées que lorsque l'écouvillon est introduit à la verticale dans le nez, et non à l'horizontale. Dans ce cas, celui-ci risque d'atteindre la lame criblée, un os à la base du crâne, et de perforer cette "zone très fragile", détaille Pierre Bonfils. "Avec un prélèvement bien fait, ça ne peut pas arriver", complète Jean-Michel Klein.
"Le menton ne doit pas être relevé"
L'institution recommande donc que les prélèvements nasopharyngés soient pratiqués par "des professionnels de santé formés pour la réalisation de ce geste". Deux points sont essentiels lors de la réalisation du prélèvement, rappelle Pierre Bonfils : la position de la tête du patient et celle de l'écouvillon. Le patient doit être assis, "la tête parfaitement droite, le menton ne doit surtout pas être relevé", met en garde le professeur.
L'écouvillon doit ensuite "être introduit dans le nez parfaitement parallèle au sol", décrit encore Pierre Bonfils, pour ainsi atteindre le nasopharynx. L'écouvillon doit donc longer le plancher de la fosse nasale, "d'avant en arrière et surtout pas vers le haut", alerte le spécialiste. Cette technique permet "de prélever sur le bon site" et "de s'éloigner des zones de danger".
L'Académie met par ailleurs en garde sur l'utilisation des autotests, qui doivent arriver en pharmacie à partir du 12 avril. Ceux-ci ne nécessitent pas un prélèvement aussi profond que les autres, mais l'Académie alerte les utilisateurs sur le fait que "l'auto-prélèvement peut exposer à de faux négatifs lorsque l'écouvillonnage est trop timide et superficiel" et qu'il peut "devenir dangereux lorsque l'écouvillonnage est trop profond et dirigé dans la mauvaise direction".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.