Covid-19 : les salariés de la grande distribution attendent toujours la reconnaissance du gouvernement et "ont la sensation d'être retourné dans l'ombre"
"On a la sensation que les patronats de la grande distribution étaient là surtout pour engranger du chiffre d'affaires sans se préoccuper plus que ça des salariés", dénonce une représentante syndicale de la CGT du Commerce et des Services.
Plusieurs mois après la promesse du gouvernement de revaloriser les métiers de la "deuxième ligne", les éboueurs ou encore les salariés de la grande distribution, "ils ne voient toujours rien venir", a dénoncé ce mardi sur franceinfo Sylvie Vachoux, salariée du Géant Casino de Besançon et conseillère fédérale de la fédération CGT du Commerce et des Services. "Ces salariés ont la sensation d'être retournés dans l'ombre, dans l'indifférence quasi générale", a-t-elle ajouté.
Pensez-vous qu'il y aura bel et bien une revalorisation de ces métiers promise par le gouvernement ?
Sylvie Vachoux : Pas vraiment. Pour être franche, pas vraiment. Ca fait dix mois que les salariés continuent de travailler dans des conditions plus que dégradées avec un manque d'effectifs récurrent et ils ne voient toujours rien venir. Et ce n'est pas les mille euros que très peu ont touché en définitive. Beaucoup de salariés ont été exclus parce qu'ils avaient contracté la maladie, parce qu'ils étaient en garde d'enfants. Ça créé plutôt des tensions, de l'insatisfaction, plutôt que du contentement, et pour l'instant, ils ne voient toujours rien venir !
Pour vous, c'est une reconnaissance éphémère ?
Ils [les salariés de la grande distribution] avaient de grands espoirs parce que le gouvernement s'était engagé à revoir et à revaloriser ces métiers dits essentiels. Ces salariés, qui étaient invisibilisés pendant très longtemps, on découvre d'un coup qu'ils sont essentiels pour la continuité alimentaire de la Nation. Et bien ces salariés aujourd'hui ont la sensation d'être retournés dans l'ombre, dans l'indifférence quasi générale. Toujours la peur au ventre, avec un sentiment de mépris.
Que demandez-vous aujourd'hui ?
Des augmentations de salaire significatives ! Il n'est pas logique, il n'est pas normal qu'en fin de carrière on soit à peine au-dessus du Smic. Il n'est pas logique, il n'est pas normal que beaucoup de salariés soient à temps partiel et aient encore des fiches de paie à trois chiffres.
"Il n'est pas normal qu'elles risquent leur vie ainsi que celles de leurs proches, dans la période [actuelle] sans reconnaissance. "
Sylvie Vachoux, conseillère fédérale de la fédération CGT du Commerce et des Servicesà franceinfo
On est pratiquement l'un des seuls secteurs d'activité qui a continué à fonctionner de manière quasiment normale et aujourd'hui, ils [les salariés] ne récoltent pas les fruits de leur labeur. Il n'y a pas de salariés de première ou de deuxième ligne, il y a des salariés point barre. Il y a des salariés qui tous les matins se lèvent, vont travailler la peur au ventre, dans des conditions de travail qui sont de plus en plus déplorables, parce que les salariés absents ont été très, très peu remplacés. Ils [les groupes] ont même fait le choix pendant la fermeture des rayons non-essentiels de mettre certains salariés en activité partielle alors que d'autres rayons souffraient de la surcharge de travail. On a la sensation que les patronats de la grande distribution étaient là surtout pour engranger du chiffre d'affaires sans se préoccuper plus que ça des salariés.
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