Covid-19 : le couvre-feu nocturne "est tout ce qu'il ne faut pas faire, c'est le symbole de tous nos échecs", estime le Dr Jérôme Marty
Il faut tester de manière préventive pour localiser les lieux dangereux et équiper les généralistes de tests antigéniques, de tests rapides "pour qu'on puisse aller quasi plus vite que la maladie", estime le président de l’Union française pour une médecine libre. "Il faut être proactif" par rapport à cette maladie et là, on est juste "réactif".
"C'est symbolique d'un gouvernement qui court après la maladie et c'est tout ce qu'il ne faut pas faire", a lancé le Dr Jérôme Marty, médecin généraliste et président de l’Union française pour une médecine libre (UFML), mardi 13 octobre sur franceinfo, alors que le gouvernement envisage d’imposer des couvre-feux nocturnes dans plusieurs villes afin de freiner l’épidémie de Covid-19. "Il faut être proactif par rapport à cette maladie. Et là, on n'est pas proactif, on est réactif et c'est le symbole de tous nos échecs", a regretté Jérôme Marty.
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franceinfo : Que pensez-vous de l’idée d’imposer des couvre-feux nocturnes ?
Jérôme Marty : Pour moi, c'est symbolique d'un gouvernement qui court après la maladie et c'est tout ce qu'il ne faut pas faire. Il faut la précéder. Il faut être proactif par rapport à cette maladie. Et là, on n'est pas proactif, on est réactif et c'est le symbole de tous nos échecs.
On ne contrôle plus l’épidémie dans certaines régions, on est donc obligés d'en arriver à imaginer de tels scénarios, selon vous ?
Un couvre-feu, c'est un confinement nocturne et le confinement c'est le symbole de l'échec. Quand on confine, c'est qu'on a échoué toutes les mesures précédentes.
Le problème, c'est qu'on n'a toujours pas compris qu'il fallait impérativement cibler les lieux dangereux et qu'il fallait agir sur ces lieux dangereux de façon prédictive, comme le fait l'Allemagne, en testant de façon préventive.
Dr Jérôme Marty, médecin généraliste et président de l’UFMLà franceinfo
Et dès qu'on a un cas, à ce moment-là, on isole ce lieu dangereux. Et c'est comme ça qu'on vient à bout de l'épidémie. Et puis aussi en munissant les généralistes de tests antigéniques, de tests rapides pour qu'on puisse aller quasi plus vite que la maladie. Ce n'est pas du tout ce qu'on fait aujourd'hui.
On est encore à ce point-là "aveugle" dans la lutte contre l’épidémie ?
Oui, on n'a toujours pas allumé la lumière. Ça fait des mois et des mois que je dis qu'on n'a pas allumé la lumière parce qu'on n'a pas défini exactement quels étaient ces lieux dangereux, et dans les quelques lieux dangereux qu'on a définis, les écoles, les abattoirs, les Ehpad, les cliniques, etc., on n'a pas mis les moyens pour véritablement arrêter l'infection. On voit bien que dans les écoles, on est au milieu du gué : on est le seul pays d'Europe qui n'a pas vraiment mis le paquet sur le matériel scolaire en enlevant les tables doubles, en multipliant les lieux de cours pour que ces lieux soient déconcentrés, en alternant les cours en présentiel et les cours à distance. Tout ça, on ne l'a pas mis en place et on voit très clairement que les écoles et les facultés sont aujourd'hui des lieux où l'épidémie se propage et s'accélère.
Mais faute de mieux, ces couvre-feux nocturnes sont-ils nécessaires, selon vous ?
Faute de mieux, peut-être. Mais ce qu'il faut bien comprendre, c'est l'état de la population française qui est aujourd'hui fatiguée, qui sort de plusieurs mois de Covid, d'un confinement, puis ensuite de congés, mais avec une culpabilité qu’on lui met sur les épaules en permanence en disant : "C'est vous qui avez fauté et donc, en quelque sorte, on va vous pénaliser ou vous sanctionner par un nouveau confinement". Sans parler des entreprises que l’on cible alors qu'on ne sait pas si, réellement, elles sont responsables de l'explosion de la pathologie.
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