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Covid-19 : le confinement le week-end est-il efficace pour freiner la pandémie ?

La mesure est déjà en place dans quatre territoires français, mais ses effets sur l'épidémie sont pour l'instant difficiles à évaluer.

Article rédigé par franceinfo
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À Nice, la circulation sur la promenade des Anglais est interdite le week-end, pendant la durée du confinement partiel qui a débuté le 27 février 2021. (ARIE BOTBOL / HANS LUCAS / AFP)

La fin de l'exception francilienne ? Le Premier ministre pourrait annoncer, jeudi 18 mars, de nouvelles restrictions pour l'Ile-de-France et les Hauts-de-France, alors que les deux régions voient leurs chiffres de contaminations au Covid-19 s'envoler. Ces nouvelles mesures pourraient inclure un confinement le week-end, déjà en place à Nice et sur le littoral des Alpes-Maritimes, le Pas-de-Calais et l'agglomération dunkerquoise depuis plusieurs semaines.

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Le but de ce confinement partiel ? Faire baisser les contaminations, en évitant d'imposer un nouveau confinement total aux habitants de ces territoires. La mesure a-t-elle vraiment un impact sur la pandémie de Covid-19 ?

Les situations sont contrastées selon les régions, mais aucune baisse radicale des contaminations n'a pour l'instant été observée. Dans les Alpes-Maritimes, où le littoral est confiné le week-end depuis le 27 février, le taux d'incidence est descendu à 446 pour 100 000 habitants (PDF) le 17 mars, contre 642 le 24 février. La baisse, amorcée avant ce confinement partiel, ne se traduit pas par un recul du nombre d'hospitalisations pour l'instant. En date du 17 mars, 130 patients se trouvaient en réanimation, un chiffre en légère hausse.

Il est encore trop tôt pour observer une tendance à la hausse ou à la baisse dans le Pas-de-Calais, confiné le week-end depuis le 6 mars. À Dunkerque, le confinement semble avoir eu un impact positif sur le taux d'incidence, en baisse, mais pas, pour l'instant, sur les hospitalisations. Les épidémiologistes s'accordent pour dire qu'il est encore trop tôt pour évaluer l'impact de la mesure.

Il est aussi délicat d'évaluer l'impact d'une seule mesure, quand plusieurs cohabitent. "De manière générale, on ne peut pas conclure puisque ces mesures ont été mises en place en période de vacances scolaires qui, on le sait, ont un impact sur l'épidémie", explique ainsi Pascal Crépey, épidémiologiste à l'Ecole des hautes études en santé publique, au Figaro. Les vacances scolaires ayant pris fin le 8 mars à Nice et à Dunkerque, "il faut encore attendre un peu pour voir l'effet propre du confinement le week-end".

Une mesure déjà expérimentée en Guyane

D'autres exemples sont un peu plus probants. La Guyane a été parmi les premiers territoires français à mettre en place un confinement strict le dimanche, d'abord localement, puis sur tout le territoire en janvier 2021. La mesure, assouplie depuis le 12 février, débutait le samedi à 19 heures, pour se terminer le lundi à 5 heures.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : le taux d'incidence y était de 37 cas pour 100 000 habitants le 17 mars, alors qu'il plafonnait à presque 140 début janvier. Là encore, difficile d'attribuer cette amélioration au seul confinement le week-end. "Je dirais plutôt que c'est dû à un cumul de mesures", a expliqué au Parisien Clara de Bort, la directrice de l'Agence régionale de santé de Guyane. Elle estime que ce "net recul est lié au couvre-feu mis en place très tôt, 18, puis 17 heures. A cela, s'est ajouté le dimanche. Ça a été un outil."

Parmi nos voisins, le Portugal a lui aussi instauré une variante du confinement le week-end : les magasins sont fermés du samedi à 13 heures, au lundi matin. Les déplacements hors du lieu de résidence sont également réduits. Impossible, pourtant, d'imputer la baisse des contaminations à cette seule mesure. En effet, celle-ci venait renforcer un plan de confinement national, déjà en place depuis le 14 janvier.

Enfin, Bogotá, la capitale de la Colombie, a également choisi d'imposer en début d'année des mesures similaires : un confinement le week-end, en plus d'un couvre-feu en semaine. Les chiffres de contamination ont depuis nettement chuté dans l'ensemble du pays.

Le confinement total plus efficace

Peut-on se passer du confinement le week-end ? Certains jugent que tout n'a pas été fait en matière de télétravail. "Je pense qu'il y a un levier qu'on n'a pas vraiment encore actionné ou qu'on a abandonné, c'est le levier télétravail", estime Pascal Crépey, interrogé par franceinfo. "On pourrait très certainement avoir un impact sur l'épidémie en ayant beaucoup plus recours, voire en imposant le télétravail quand c'est possible."

D'autres plaident carrément pour le retour d'un confinement total, régionalisé ou même national. "Il faut couper le robinet, cela veut dire couper le nombre de nouvelles contaminations en ville", expliquait à BFMTV Stéphane Gaudry, professeur de médecine intensive et de réanimation à l'hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis). "Le seul moyen qu'on ait pour cela, et c'est bien malheureux, c'est de confiner les gens."

Radicale, la mesure a le mérite de faire baisser rapidement et considérablement le nombre de contaminations. Elle pèse toutefois très lourd sur la santé mentale des Français, ainsi que l'économie du pays. C'est pour cette raison qu'elle suscite un rejet de la part de certains élus. "Le confinement durant le week-end est certes pénible, mais moins que le confinement total", a notamment estimé Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, sur BFMTV, mercredi.

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