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Covid-19 : la "décroissance" de l'épidémie est encore "trop lente" pour espérer un retour à la vie normale, explique un épidémiologiste

Emmanuel Macron et le gouvernement envisagent toujours la réouverture de certaines terrasses et lieux de culture à la "mi-mai". "Pour l'instant, il faut être extrêmement prudent", assure sur franceinfo l'épidémiologiste Yves Buisson.

Article rédigé par franceinfo
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Une soignante se prépare à prendre en charge un patient malade du Covid-19 dans le service de réanimation de l'hôpital Saint Camille, à Bry-Sur-Marne, le 15 avril 2021. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Yves Buisson, épidémiologiste, président de la cellule Covid-19 de l’Académie nationale de médecine, a affirmé, mardi 20 avril sur franceinfo, "rester prudent" sur l'annonce par Olivier Véran d'une "décroissance" de l'épidémie de Covid-19 depuis cinq jours en France. "C'est encore très lent", prévient-il. Dans une interview au Télégramme, le ministre de la Santé se dit ouvert à une levée des "contraintes" sanitaires en fonction de la "situation épidémique de chaque territoire."

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franceinfo : Un retour à la vie normale vous paraît-il possible à la mi-mai, à ce stade ?

Yves Buisson : Tout est possible. Je suis incapable de faire des pronostics mais je suis optimiste. Les chiffres annoncés par le ministre de la Santé sont éloquents. On est passé de 40 000 cas, à 30 000 chaque jour en moyenne. C'est bien, mais c'est encore très lent. Nous sommes encore sur une forme de plateau à tendance décroissante, mais ça n'est pas encore la descente rapide de la courbe épidémique que l'on espère tous. C'est une tendance favorable, mais qui doit être confirmée. Pour l'instant, il faut être extrêmement prudent. Cela reste extrêmement fragile.

Une stratégie de déconfinement territoire par territoire pourrait-elle être le bon choix ?

J'approuve personnellement ce choix. Lorsque une région sera vraiment débarrassée de l'infection du virus, il n'y aura plus que quelques cas ponctuels, faciles à identifier et à circonscrire.

"Il sera tout à fait possible de reprendre une vie quasiment normale sans attendre que l'ensemble du territoire ait atteint un bonne situation."

Yves Buisson

à franceinfo

Que peut-on faire pour accélerer cette descente ? Accélérer la vaccination ?

C'est nécessaire. Il faut vacciner autant que possible le maximum de personnes et surtout toutes les personnes volontaires pour se faire vacciner. Il y en a beaucoup. On ne tient pas le rythme des 500 000 doses injectées par jour. Et c'est ça qu'il faut tenir, et même le dépasser. Les vaccins qui sont actuellement disponibles sont tous de très bonne qualité, sont très sûrs, sont très efficaces, mais on a énormément de difficultés avec tout le bruit qui est fait autour d'eux, notamment celui d'AstraZeneca, qui maintenant suscite la méfiance partout. La deuxième chose, c'est qu'il faut maintenir la vigilance pour limiter la transmission. Et ça, c'est vraiment absolument indispensable. On sent bien que les gens en ont assez de respecter les barrières, de porter le masque à tout le monde. Mais un certain nombre de personnes ont tendance à se relâcher. Il ne faut pas.

Dès samedi, la France met en place une quarantaine obligatoire pour les voyageurs arrivant de Guyane, du Brésil, du Chili, d'Argentine et d'Afrique du Sud. Est-ce le bon choix de faire cette quarantaine contrainte ?

Non seulement c'est le bon choix, mais il est à la fois tardif et totalement insuffisant. Le Brésil et l'Amérique du Sud sont des lieux où circulent intensivement de variants. Mais on aurait dû le faire plus tôt. Et puis, il n'y a pas que l'Amérique latine ou le Brésil, il y aussi l'Inde qui est le lieu d'une importante épidémie hors de contrôle, avec d'autres variants. Je crois qu'il faut tenir ces mesures, celles qui viennent d'être édictées vis-à-vis de tous les voyageurs venant de pays dans lesquelles l'épidémie flambe. L'annonce ce matin par le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes d'une réflexion sur l'ajout de l'Inde sur cette liste, je crois que c'est une bonne réflexion, mais il ne faut pas trop tarder. Les voyageurs arrivent, ils ne sont pas mis en quarantaine et donc introduisent des virus dans notre population. Et ça, ce sont des choses qui vont ralentir encore une fois le contrôle de l'épidémie en France.

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