Covid-19 : "L'évolution est exponentielle et on risque de se retrouver dépassés avec un variant qui est plus contaminant", alerte un infectiologue
Face aux nouveaux variants, "il faut une sorte de politique des frontières", affirme sur franceinfo l'infectiologue Benjamin Davido. Il appelle à limiter les déplacements sur le territoire.
Les variants anglais et sud-africain du Covid-19 circulent activement en France, a annoncé ce jeudi Olivier Véran lors d'une conférence de presse. Il y a 2 000 cas par jour contre 500 début janvier. "L'évolution est exponentielle et on risque de se retrouver dépasser avec un variant qui est plus contaminant", a expliqué sur franceinfo Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine).
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franceinfo : Que pensez-vous des chiffres donnés par Olivier Véran ?
Benjamin Davido : Ces chiffres sont inquiétants parce que l'on sait qu'au-delà de 5 000 contaminations par jour on perd la trace du suivi du virus. On est sur une ligne de crête, l'évolution est exponentielle et on risque de se retrouver dépassés avec un variant qui est plus contaminant et qui va faire augmenter le nombre d'hospitalisations alors qu'on est déjà dans des situations de tension à l'hôpital.
La tension hospitalière se renforce avec 250 patients admis en réanimation par jour en France. Est-ce que vous le constatez ?
La particularité de cette deuxième vague c'est qu'il n'y a pas eu un pic ou une diminution des hospitalisations comme en avril. On est tout le temps sur ce plateau avec une saturation quasi complète des lits d'hospitalisation dans de nombreux hôpitaux au sein des unités Covid-19.
Olivier Véran a reconnu que les effets du couvre-feu à 18 heures n'étaient pas "suffisants". Que faut-il faire ?
Il faut une sorte de politique des frontières face aux nouveaux variants anglais, sud-africain, brésilien, japonais, californien. Il y a trop de personnes qui arrivent à passer les frontières avec un test PCR négatif ou pas de test. Les gens qui viennent en train ou en voiture ne sont pas concernés par les mesures mises en place aux frontières et il y a une contamination qui se fait de façon insidieuse.
"Il faut limiter les mouvements sur le territoire."
Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garchesà franceinfo
Il y a encore une certaine variabilité du pourcentage de variant qui circule sur le territoire, le plus fort étant en Île-de-France et il faut éviter que l'on répartisse le virus sur l'ensemble du territoire comme cela a été le cas en mars-avril dernier. A l'aube des vacances scolaires, si les Français se déplacent massivement sur le territoire, il va y avoir un appel du virus dans un sens puis dans l'autre et on va se retrouver dans une situation extrêmement difficile dans certaines régions qui n'ont pas la même capacité qu'en Île-de-France pour accueillir les malades.
Êtes-vous pour un confinement strict ?
Aujourd'hui, il y a fort à parier que lorsque l'on va partir en week-end, en vacances, même si on fait beaucoup d'efforts comme à Noël, il va y avoir les vacances de février, de Pâques, on risque de transporter le virus. Il faut qu'on arrive à trouver une solution acceptable et qu'on ne soit pas dans un stop and go constant à confiner et déconfiner. Il faut trouver une solution dans un scénario alternatif pour que chacun trouve un certain équilibre, cela veut dire que ce sont des mesures associées au couvre-feu.
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