Covid-19 : Germain Forestier, l’informaticien qui suit le virus à la trace
Ce chercheur publie des centaines de graphiques par jour sur l'épidémie de Covid-19, en utilisant les données libres de Santé publique France. Désormais, ses travaux sont même repris par les autorités de santé au plus haut niveau.
Il est l’un des acteurs anonymes qui nous aident depuis le début de l'épidémie à suivre et à comprendre l’évolution du Covid-19. Chaque jour, Germain Forestier produit des centaines de tableaux pour rendre compréhensible les données des hôpitaux ou des tests. Âgé de 36 ans, enseignant-chercheur en informatique à l’université de Haute-Alsace, il est spécialisé en intelligence artificielle.
Une mise à jour de l'animation de l'évolution de l’incidence en France du 29/09 au 21/10
— Germain Forestier (@gforestier) October 24, 2020
Santé Publique France a rajouté dans les données des tranches supérieures pour plus de détails 250-500, 500-1000 et >1000 (à la place de >250 avant) pic.twitter.com/olhtw2uuTW
Germain Forestier a deux portes d’entrée sur le Covid : son épouse est médecin généraliste et il vit à Mulhouse, l’un des épicentres de la première vague. L’informaticien réalise des tableaux et des graphiques qui éclairent les données ouvertes de Santé publique France. Il commence très tôt, de façon ciblée : "Donc j'ai assez rapidement essayé de générer des visualisations de données, qui étaient à chaque fois spécifiques, avec des données pour un département, une région ou une classe d'âge."
"Les gens recherchaient beaucoup d'informations assez localisées, ils voulaient savoir ce qui se passait dans leur département, ou pour leur classe d'âge."
Germain Forestierà franceinfo
Tout se passe sur les réseaux sociaux : Germain Forestier publie sur Twitter, puis sur sa page internet professionnelle. Il est passé de 500 à 13 000 inscrits sur son compte Twitter. Ses graphiques sont enrichis par l’interaction avec des chercheurs, des médecins, des biologistes. Un travail presque interdisciplinaire : "Je pense qu'on peut vraiment parler d'enrichissement mutuel. Quand je publie sur Twitter, j'essaie de rester relativement objectif dans mes analyses, je dis ce que je vois mais ensuite c'est repris par des personnes, qui elles en font des analyses beaucoup plus médicales et virologiques."
Des travaux utilisés par le ministère et le conseil scientifique
Son audience explose en fait au moment de la deuxième vague. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, s’appuie même sur ses travaux, le conseil scientifique également. Il faut dire que l’intensification des tests améliore le suivi du virus. Germain Forestier voit arriver très tôt la deuxième vague.
"Dès la fin août, on voyait une reprise de l'épidémie au niveau des jeunes, essentiellement les 20-29 ans."
Germain Forestierà franceinfo
Dès la fin de l'été donc, l'informaticien tente d'avertir de ce qu'il constate : "On avait effectivement essayé d'alerter à l'époque, en disant 'tant que ça reste chez les jeunes qui font relativement peu de formes graves, on ne va pas avoir d'impact au niveau de l'hôpital, il n'y aura pas de gens hospitalisés en réa ni de décès. Mais il y aura par contre un risque s'il y a une diffusion aux classes d'âges supérieures, qui, statistiquement, ont plus de malchances de faire une forme grave'."
Chaque jour, le chercheur publie des centaines de graphiques. Ce travail lui prend d'une à cinq heures quotidiennes. Son investissement personnel dans la lutte contre la maladie.
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