Covid-19 : en Auvergne-Rhône-Alpes, "la situation est préoccupante", affirme l'infectiologue Jean-Paul Stahl
Le nombre de malades du Covid-19 hospitalisés en soins critiques a bondi d'un quart en une semaine dans la région. Jean-Paul Stahl espère voire un effet des nouvelles mesures sanitaires d'ici quinze jours.
Le nombre de patients admis en soins critiques en raison de l'épidémie de Covid-19 a augmenté de 25 % en une semaine en Auvergne-Rhône-Alpes. "La situation sanitaire est préoccupante", affirme jeudi 8 avril sur franceinfo Jean-Paul Stahl, professeur de maladies infectieuses et tropicales au CHU de Grenoble.
L'ensemble des hôpitaux de la région "ont reçu pour instruction de déprogrammer un certain nombre d'interventions chirurgicales pour mettre à disposition à la fois du matériel et surtout du personnel pour prendre en charge les patients Covid les plus graves."
"On est toujours capables de bricoler"
Jean-Paul Stahl rappelle qu'il y a toujours un décalage de quinze jours à trois semaines "entre ce qui est constaté en termes de contamination et ce qui se passe à l'hôpital". Selon lui, "si les mesures marchent – et il semblerait que ces mesures aient une certaine efficacité - l'impact dans les hôpitaux ne se verra que dans deux semaines à peu près".
Au CHU de Grenoble notamment, les équipes soignantes sont "dans la phase de déprogrammation des interventions chirurgicales, ce qui est déjà en soi un problème parce que certains patients ne pourront pas bénéficier de soins programmés". Mais à la question de savoir si les hôpitaux peuvent encore "absorber des patients", Jean-Paul Stahl répond par l'affirmative "parce qu'on est toujours capable de bricoler". "On ne laissera jamais, absolument jamais, quelqu'un à la porte de l'hôpital." Mais il souligne que "cela se fait au détriment d'autres pathologies".
Un relâchement des mesures barrières
Face à la hausse des hospitalisations, l'infectiologue insiste sur les mesures barrières à suivre scrupuleusement. "Quand le nombre de contaminations augmente, c'est qu'il n'y a pas eu assez de barrières entre les porteurs et les récepteurs. C'est à dire qu'il n'y a pas eu assez de respect des mesures barrières, tout simplement, que ce soit conscient, inconscient, peu importe".
Alors que plus de 10 millions de Français ont déjà reçu au moins une dose de vaccin, Jean-Paul Stahl juge que l'horizon plus favorable sera fonction "de la quantité de doses de vaccins disponible." Le professeur de maladies infectieuses et tropicales met en avant l'étude de l'Institut Pasteur qui évalue l'immunité collective à 90% de personnes vaccinées en raison de la contagiosité du variant britannique. Jean-Paul Stahl considère cet avis comme "pessimiste". Il veut tabler plutôt sur "une couverture vaccinale moindre" pour obtenir "des effets importants sur l'épidémie".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.