Covid-19 : cinquième vague, variant Omicron... Pourquoi la situation met le gouvernement sous pression d'ici les fêtes de fin d'année
A l'approche des fêtes de fin d'année, un conseil de défense sanitaire se tiendra lundi pour tenter d'enrayer la cinquième vague d'épidémie de Covid-19 et contenir l'arrivée du variant Omicron.
C'est le "cap", la "boussole" de l'exécutif. "Notre souhait, notre objectif, c'est de pouvoir passer Noël ensemble", a martelé Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, vendredi 3 décembre, lors d'un déplacement dans les Deux-Sèvres. Face à la cinquième vague d'épidémie de Covid-19 et à l'arrivée du variant Omicron, un conseil de défense sanitaire se tiendra lundi à l'Elysée.
Il s'agira de "voir s'il y a lieu de prendre des mesures complémentaires", a fait valoir le Premier ministre, Jean Castex. Entre dégradation des indicateurs épidémiques et enjeux autour de la vaste campagne de rappel vaccinal lancée début décembre, franceinfo fait le point sur les principaux points de tension que le gouvernement scrute.
Parce que la pression dans les hôpitaux s'intensifie
La France fait face à une courbe des infections "vertigineuse", a commenté Gabriel Attal. Et pour cause : près de 50 000 nouveaux cas ont été recensés vendredi. Soit une moyenne quotidienne sur sept jours de 38 887, contre moins de 6 000 un mois auparavant. Une hausse qui commence à se répercuter sur l'hôpital. Quelque 11 000 malades du Covid-19 sont actuellement hospitalisés en France, dont 2 058 dans les services de soins critiques, contre respectivement 6 600 et 1 000 un mois auparavant.
"En France actuellement, c'est un malade qui est admis en réanimation toutes les dix minutes, jour et nuit", a alerté vendredi le ministre de la Santé sur franceinfo. "Si rien ne change (...), un pic sanitaire pourrait intervenir à la fin du mois de janvier", a ajouté Olivier Véran.
Face à cette pression croissante, plusieurs hôpitaux ont déjà réactivé leur "plan blanc", qui vise à mobiliser des ressources supplémentaires pour garantir la prise en charge des patients. Toutefois, "l'heure n'est pas à la panique", veut rassurer Olivier Véran : "Nous ne sommes pas dans le mouvement de déprogrammation massive [d'opérations à l'hôpital] que nous avons connu lors des vagues précédentes."
"L'impact sanitaire est très sensible, un patient est admis en réanimation toutes les dix minutes, jour et nuit", "Il y a deux paramètres fondamentaux qui peuvent changer la donne : les vaccinations de rappel et la distanciation sociale", insiste Olivier Véran pic.twitter.com/47QFiebdIf
— franceinfo (@franceinfo) December 3, 2021
"Ça n'est pas encore la catastrophe telle qu'on a pu la constater lors des précédents épisodes. Mais il y a toujours un décalage de 15 jours entre ce qui se passe dans la population et le retentissement dans les hôpitaux", a rappelé vendredi sur franceinfo l'infectiologue Jean-Paul Stahl. "Qu'est-ce qu'il en sera dans 15 jours, trois semaines ? Je n'en sais rien. On peut projeter que le pic sera après les rassemblements de Noël et du Nouvel an, mais on a appris à être extrêmement modeste sur les prédictions", avance le spécialiste.
Parce que le variant Omicron est arrivé en France
Pour l'heure, l'"ennemi commun" reste le variant Delta, responsable de la cinquième vague, insiste le gouvernement. Mais une nouvelle menace se profile avec le variant Omicron, dont les multiples mutations font craindre une importante contagiosité. Depuis sa détection en novembre en Afrique du Sud, virologues et chercheurs en biologie du monde entier s'affairent pour tenter de comprendre son fonctionnement. "Il nous faut encore quelques jours pour mieux cerner ce virus", a reconnu Olivier Véran. "Pour l'instant, il n'y a pas d'alerte", a cependant assuré le ministre.
Impact du vaccin sur le variant Omicron : "Il nous faut encore quelques jours pour mieux cerner ce virus" "Pour l'instant il n'y a pas d'alerte" "Notre ennemi commun aujourd'hui, c'est le variant Delta", souligne Olivier Véran, ministre de la Santé pic.twitter.com/Z6gc85BINv
— franceinfo (@franceinfo) December 3, 2021
En France, douze cas d'infection au variant Omicron ont été confirmés, selon le dernier bilan actualisé vendredi soir par Santé publique France. Toutes les personnes testées positives à ce variant "avaient des antécédents de voyage en Afrique australe", a précisé l'organisme.
Face à ce variant, Gabriel Attal a vanté samedi une "organisation drastique". La France a annoncé un durcissement des règles de voyages, "pour réduire au maximum le risque d'important du variant Omicron sur notre territoire". Une nouvelle catégorie "rouge écarlate", qui regroupe dix pays de l'Afrique australe, a été créée. Pour tous les voyageurs en provenance de ces pays (lien PDF), vaccinés ou non, des tests sont désormais exigés à l'embarquement puis à l'arrivée sur le sol français. Une quarantaine obligatoire de dix jours doit également être respectée.
Variant Omicron: Gabriel Attal (@GabrielAttal) annonce "une nouvelle organisation drastique" pour les vols depuis et vers l'Afrique australe pic.twitter.com/ae9HtsX6bC
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Parce qu'il faut mener une campagne de rappel d'ampleur d'ici le 15 janvier
"Il faut continuer de vacciner, vacciner, vacciner", a plaidé vendredi Emmanuel Macron. Face à la recrudescence épidémique, l'exécutif mise sur la campagne de rappel désormais ouverte à tous les adultes. A compter du 15 janvier, le pass sanitaire sera suspendu faute de dose de rappel sept mois après la dernière injection.
Une annonce qui a provoqué la ruée des Français vers les plateformes de réservation pour obtenir un rendez-vous dans les prochaines semaines. Et pour cause, "18 millions de Français ont, du jour au lendemain, été appelés à recevoir un rappel de vaccin", a rappelé mercredi Olivier Véran. Si bien qu'il est, pour le moment, très difficile d'obtenir rapidement une place dans un centre ou chez un médecin libéral.
Malgré l'ampleur de cette campagne, le gouvernement se veut rassurant. "L'effet embouteillage est normal" et toutes les injections nécessaires pourront avoir lieu d'ici "sept à huit semaines", a estimé le ministre de la Santé. Pour éviter toute "difficulté logistique", le ministre a déjà demandé "l'ouverture de 300 centres [de vaccination] supplémentaires", alors que le gouvernement avait commencé à en fermer avant la reprise épidémique. Olivier Véran a également plaidé pour "la réactivation de lignes de vaccination supplémentaires dans les centres existants."
En outre, pour inciter les 15 000 pharmaciens à "rester ouverts le plus possible les week-ends", une majoration de cinq euros par injection réalisée en fin de semaine leur sera accordée. La même mesure sera appliquée pour les infirmiers qui vaccinent à domicile, y compris en semaine.
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