Covid-19 : "Certains pays ont focalisé leur attention contre l'épidémie au détriment parfois de la lutte contre d'autres maladies", déplore Françoise Vanni
La directrice des relations extérieures du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme "s'attend à ce que les conséquences du Covid se poursuivent cette année". Néanmoins, Françoise Vanni note les efforts de certains pays "continuer la lutte" contre les autres maladies.
"Certains pays ont focalisé leur attention et leurs ressources sur la lutte contre le Covid au détriment parfois de la lutte contre d'autres maladies", a expliqué mercredi 8 septembre sur franceinfo Françoise Vanni, directrice des relations extérieures du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme qui déplore dans son rapport annuel "l'impact dévastateur" du Covid-19 sur la lutte contre ces maladies, qui a connu un recul sans précédent.
franceinfo : Ce recul était-il prévisible ?
Françoise Vanni : Il était à prévoir et nous avions alerté sur ce risque dès l'apparition de la pandémie de Covid-19 l'année dernière. Ce dont nous disposons aujourd'hui ce sont de données beaucoup plus précises sur cet impact qui a été dévastateur en 2020. Maintenant nous avons des données importantes pour pouvoir réagir et impulser une réponse et empêcher que ce recul ne se poursuive.
En quoi le Covid-19 a-t-il influencé ce recul ?
Le Covid-19 a entraîné un certain nombre de perturbations au niveau de la capacité de se rencontrer, de se déplacer, de se rendre aux centres de santé. Les travailleurs et les travailleuses de la santé ont très souvent été atteints par la maladie et ont dû s'isoler, ils ne pouvaient pas fournir les soins aux personnes qui se présentaient parce qu'ils n'avaient pas les matériels de protection individuelle pour exercer leur profession. Les systèmes de santé ont été submergés, notamment les capacités de laboratoire permettant d'effectuer les tests et de les analyser par la suite. Les chaînes d'approvisionnement ont été perturbées et donc un certain nombre de pays ont focalisé leur attention et leurs ressources sur la lutte contre le Covid au détriment parfois de la lutte contre d'autres maladies tout aussi meurtrières. C'est l'ensemble de ces éléments qui se sont joints pour avoir cet impact sur les personnes les plus vulnérables et marginalisées.
Craignez-vous que la situation soit la même en 2021 ?
Oui, il existe encore, malgré la réponse internationale contre le Covid, une très grande iniquité dans les ressources qui sont allouées à cette réponse, dans la distribution des vaccins, des instruments de diagnostic, des matériels de protection, de l'oxygène. Donc, on s'attend à ce que les conséquences du Covid se poursuivent cette année. Néanmoins, on note dans notre rapport les initiatives qui ont été prises dans certains pays et la force et la résilience dans certains systèmes de santé qui ont su répondre et innover et s'adapter au Covid pour pouvoir continuer la lutte contre le Sida, la tuberculose et la malaria. Maintenant qu'on a pu identifier ces bonnes pratiques nous avons les moyens de mieux les accompagner et les soutenir pour éviter que l'impact négatif se poursuive.
Pourquoi la situation est particulièrement préoccupante sur la tuberculose ?
Avant l'apparition de Covid-19, la tuberculose était la maladie pour laquelle les progrès étaient les plus lents. Nous étions déjà hors trajectoire pour atteindre les objectifs d'éradication de cette maladie en 2030, objectif fixé par la communauté internationale. Le Covid a impacté de manière encore plus dramatique la tuberculose qui présente des symptômes similaires et qui pour malchance a aussi besoin du même type d'infrastructure et de capacité humaine pour la diagnostiquer. Donc il y a eu une très forte demande sur ces ressources et il n'y en a pas eu suffisamment pour le Covid et la tuberculose. La tuberculose affecte des populations marginalisées, stigmatisées, qui se retrouvent d'autant plus exclues avec le Covid.
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