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Coronavirus 2019-nCoV : un journaliste en quarantaine à Carry-le-Rouet décrit une "ambiance colonie de vacances"

"On s'attendait à ce que les infirmières nous regardent à travers une vitre mais pas du tout", s'étonne Sébastien Ricci, un journaliste qui s'est retrouvé bloqué à Wuhan alors qu'il était en reportage.

Article rédigé par franceinfo
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Publié Mis à jour
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Un des Français rapatriés salue de l'autocar qui les transfère au centre de vacances de Carry-le-Rouet où ils vont être confinés pendant 14 jours, le 31 janvier 2020. (GERARD JULIEN / AFP)

Sébastien Ricci journaliste pour l'AFP en quarantaine à Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône), a témoigné vendredi 31 janvier sur France Inter d'"une ambiance beaucoup plus colonie de vacances, beaucoup plus conviviale, familiale", que ce à quoi il s'attendait. Le journaliste s'est retrouvé coincé à Wuhan, foyer de l'épidémie de coronavirus2019-nCoV, alors qu'il était en reportage. Il fait partie des 180 Français rapatriés, qui devront rester dans le centre durant 14 jours "sans aucun contact avec les personnes à l'extérieur", avec port du masque obligatoire. Il n'y a pour l'instant aucun cas suspect dans le centre.

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franceinfo : Comment se passe le début de cette quarantaine ?

Sébastien Ricci : On s'attendait à une quarantaine beaucoup plus stricte, beaucoup plus anxiogène, dans une chambre à l'écart, où les infirmières nous regarderaient à travers une vitre. Mais à notre grande surprise, pas du tout. On est arrivé dans un centre de villégiature qui donne sur la mer, donc avec une ambiance beaucoup plus colonie de vacances, beaucoup plus conviviale, familiale. L'idée est de nous mettre dans une ambiance plutôt "détente" pour faire retomber la pression et le stress que certains rapatriés ont pu connaître ces derniers jours à cause de la situation à Wuhan.

On est chanceux, le ciel est bleu, les températures sont tout à fait agréables. Ca contraste fortement avec la grisaille et l'ambiance anxiogène de Wuhan qu'on a pu connaître.

Sébastien Ricci, un journaliste en quarantaine à Carry-le-Rouet

à France Inter

Est-ce qu'il y a des restrictions ?

Les restrictions c'est aucun contact avec les personnes à l'extérieur du centre de villégiature. C'est pour éviter tout risque de contamination, si tel était le cas (…) Liberté de mouvement au sein du centre de villégiature, ce qui est quand même une grande liberté, à titre personnel, de ne pas être confiné uniquement dans sa chambre ou dans une pièce à longueur de journée. On peut se parler, on peut passer du temps ensemble. Et le port du masque est là pour rassurer, c'est un aspect psychologique extrêmement fort. Et ça permet aux personnes qui seraient malades d'éviter de contaminer les personnes au cours d'une discussion ou d'un éternuement, voilà pourquoi on est chacun obligé de porter un masque.

Est-ce que les gens sont inquiets de tomber malade ?

C'est une ambiance très conviviale parce que tous les gens qui se retrouvent ici ont des points communs, ils viennent de Wuhan, ils ont été rapatriés et ils vont passer 14 jours en quarantaine. Donc on est tous dans la même situation. Et les gens ont tendance à prendre ça à la légère, à rigoler quand quelqu'un va éternuer, va tousser, comme ça peut arriver à chacun d'entre nous pour des raisons qui ne sont absolument pas liées au coronavirus (…) C'est vraiment une ambiance comme si des gens se retrouvaient pour passer une aventure de 14 jours ensemble dans un centre de vacances. Sauf que nous on ne l'a pas choisi, on n'a pas choisi de se retrouver dans cette situation.

Qui sont les gens qui vous accompagnent ? 

Ce sont des gens qui, du jour au lendemain doivent tout quitter, tirer un trait sur une vie, ne savent pas s'ils pourront un jour retourner à Wuhan. Certains vont même rentrer définitivement en France. Des personnes qui avaient un contrat, qui vivaient à Wuhan et qui par la force des choses doivent repartir. Et se retrouvent en France sans forcément d'attaches, sans forcément avec toutes les affaires parce que le rapatriement, même s'il était dans les toutes bouches depuis quelques jours, la date a été vraiment fixée au dernier moment et les gens ont eu seulement quelques heures pour se préparer, pour rassembler des affaires, et surtout pour se réunir au consulat de Wuhan. Alors ça peut paraître un détail, mais dans une ville de 11 millions d'habitants, dans laquelle la circulation est fortement limitée, et dans laquelle il n'y a plus aucun transport, c'est aussi un challenge de pouvoir se déplacer dans une ville (…) Mais de ce que j'ai pu constater, il y a les gens qui sont plutôt sereins, pour certains soulagés puisque certains étaient juste de passage en Chine en tant que touristes et se sont retrouvés bloqués, d'autres attendaient pour des raisons sanitaires un rapatriement au plus vite.

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