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Coronavirus : "Si on ne fait pas correctement tout le volet préventif, l'épidémie va réémerger", alerte le professeur Eric Caumes

Il faudrait notamment "que toute personne qui a envie de se faire dépister puisse être dépistée", selon le professeur Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de la Pitié-Salpêtrière, invité sur franceinfo vendredi 12 juin.

Article rédigé par franceinfo
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Un homme s'apprête à se faire dépister le Covid-19 dans un centre de dépistage mobile, le 22 mai 2020 à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

"Si jamais on ne fait pas correctement tout le volet préventif, l'épidémie va réémerger", alerte sur franceinfo, vendredi 12 juin, le professeur Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Après l'émergence de nouveaux foyers de coronavirus en France, il rappelle "l'impérative nécessité d'insister sur le triptyque 'tester, tracer, isoler' pour pouvoir maîtriser un déconfinement en toute sérénité". Le médecin regrette qu'on ait "quand même complètement perdu en France cette culture de la prévention, cette culture de santé publique".

franceinfo : Pour quelle raison observe-t-on aujourd'hui une multiplication de cas dans certains secteurs ?

Eric Caumes : Ça peut être dû à deux raisons. La première, c'est qu'on trace mieux les contacts des malades, et donc parmi les contacts, on dépiste des cas. Donc, en fait, c'est plutôt positif, on arrive à identifier les malades et leurs contacts et certainement à les isoler derrière, ce qui permettra de briser des chaînes de contamination. Par contre, le revers de la médaille, cela veut dire que le virus circule toujours. C'est absolument incontestable. D'où l'impérative nécessité d'insister sur le triptyque "tester, tracer, isoler", vraiment indispensable pour pouvoir maîtriser un déconfinement en toute sérénité. Si jamais on ne fait pas correctement tout le volet préventif, l'épidémie va réémerger, il y aura une deuxième vague. Il ne faut pas qu'un message délibérément optimiste fasse relâcher les mesures de précaution, à la fois sur le plan individuel, c'est-à-dire port du masque, lavage des mains, respect de la distanciation virale, mais également sur le plan collectif.

Selon vous, le passage en vert, notamment de la région Ile-de-France, ne doit pas être automatique ?

Je pense que ce doit être fait de manière diversifiée en fonction des régions d'Ile-de-France. Je sais que dans certains endroits, on manque de vigilance, notamment dans les grandes collectivités. Il n'y a probablement pas de dépistage en population générale. Il faudrait que toute personne qui a envie de se faire dépister puisse être dépistée. 

Au premier doute, au moindre doute, il faut pouvoir être dépisté. Et au moindre cas dans une collectivité, il faut pouvoir dépister l'ensemble de la collectivité.

Eric Caumes, chef de service à la Pitié-Salpêtrière

sur franceinfo

Je suis quand même étonné de constater que dans certains hôpitaux, il y a un cas dans un service et on ne dépiste toujours pas tous les contacts du service. Aujourd'hui l'argument du manque de tests ne tient plus la route. On a beaucoup de tests puisqu'on se plaint même que les tests ne sont pas assez pratiqués.

C'est lié à quoi d'après vous ? Un manque de vigilance, de volonté politique ?

Je ne sais pas. Je m'interroge sur la raison, s'il n'y a pas assez d'hommes derrière les tests. On a quand même complètement perdu en France cette culture de la prévention, cette culture de santé publique qu'il va falloir absolument réhabiliter très rapidement. Je pense que ça manque de personnes sur le terrain et ça manque d'interactions avec les forces locales, les médecins généralistes, les pharmaciens et d'autres.

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