Coronavirus : reconfinement local, campagne de tests... Comment les pays confrontés à une résurgence de cas tentent de prévenir une seconde vague
Certains pays d'Asie connaissent une hausse du nombre de contaminations et mettent en place de nouvelles restrictions. En Europe, les nouveaux foyers sont sous haute surveillance.
Certains pays comme les Etats-Unis, le Pakistan, des Etats d'Amérique du Sud ou encore l'Inde ne voient toujours pas refluer la première vague de contaminations au nouveau coronavirus. D'autres, qui croyaient en avoir fini avec l'épidémie de Covid-19, sont confrontés à une résurgence de cas et tentent de prévenir une seconde vague.
C'est le cas en Asie, avec l'apparition de nouveaux foyers en Chine, en Iran et en Corée du Sud. En Europe, où le déconfinement s'accélère, l'apparition de clusters est surveillée comme le lait sur le feu. Quelles sont les méthodes employées pour contenir une nouvelle éventuelle flambée de l'épidémie dans ces zones ? Tour d'horizon.
La Chine met en quarantaine des quartiers de Pékin et referme les écoles
Après avoir pratiquement endigué l'épidémie depuis mars, selon les données officielles, la Chine, où le Covid-19 a fait son apparition à la fin 2019, connaît ces derniers jours une résurgence de contaminations. Plus de 100 cas ont été recensés à Pékin, selon les chiffres communiqués par l'OMS, lundi 15 juin. La situation est "extrêmement grave", estime désormais la municipalité. La métropole de plus de 20 millions d'habitants avait jusqu'ici été relativement épargnée par l'épidémie. Ce nouveau foyer de contaminations est centré autour de deux marchés alimentaires. Celui de Xinfadi, dont la superficie correspond à celle de près de 160 terrains de football, au sud de la capitale, et celui de Yuquandong, dans le nord-ouest de la ville.
Une trentaine de quartiers résidentiels (ou zones résidentielles) à proximité de ces deux marchés ont été placés en quarantaine. Le concept de "zone résidentielle" consiste en un espace de plusieurs bâtiments entourés de grilles ou de murs, dont l'accès n'est en général possible que par une ou deux entrées, ce qui rend plus facile l'application du confinement. Des écoles ont également été fermées. Au-delà de cette trentaine de zones, l'accès de tous les quartiers résidentiels de Pékin va être de nouveau soumis à une prise de température et interdit aux non-résidents. Et la capitale a décidé de refermer toutes les écoles et tous ses sites culturels et sportifs.
Une vaste campagne de tests a également été lancée auprès des employés des marchés, des visiteurs, des habitants du secteur et au-delà. Quelque 200 points de dépistage ont été définis dans la capitale, qui a porté sa capacité quotidienne de dépistage à plus de 90 000 personnes, selon l'agence de presse Chine nouvelle. La mairie de Pékin affirme avoir déjà fait désinfecter 276 marchés et 33 000 restaurants ou commerces alimentaires. Elle dit avoir fermé 11 marchés.
Les autorités locales de certaines villes et provinces chinoises découragent les voyages non-essentiels dans la capitale et incitent à mettre en place des mesures de quarantaine et de tests pour certains voyageurs arrivant de Pékin.
La Corée du Sud referme musées, parcs et galeries d'art dans la région de Séoul
Fin mai, la Corée du Sud a réactivé une série de mesures pour lutter contre le Covid-19, alors qu'elles venaient d'être assouplies. En cause, la découverte d'une série de foyers de contagion près de Séoul, une zone métropolitaine très densément peuplée. Une flambée de cas a notamment été détectée dans un entrepôt de la société de commerce en ligne Coupang, à Bucheon. Environ 4 100 personnes, employés et visiteurs de l'entrepôt, ont été mises à l'isolement et testées.
Les musées, parcs et galeries d'art ont dû refermer leurs portes et les entreprises ont été encouragées à réintroduire la flexibilité au travail. Les autorités ont également conseillé aux habitants d'éviter les rassemblements et les endroits fréquentés, y compris les bars et les restaurants. Seul le calendrier de réouverture des écoles a été maintenu.
Ces mesures, qui devaient durer deux semaines, jusqu'à mi-juin, viennent d'être prolongées. Elles le seront tant que le nombre de nouveaux cas quotidiens de Covid-19 ne sera pas descendu sous le seuil de dix, a alerté vendredi le ministre de la Santé coréen. Park Neung-hoo a prévenu que des mesures strictes de distanciation sociale pourraient être réinstaurées. Le nombre total de cas confirmés s'élève aujourd'hui à 12 003 et 277 décès ont été enregistrés.
L'Iran menace d'imposer à nouveau des restrictions
L'Iran a annoncé plus de 100 morts du Covid-19 en 24 heures pour la deuxième journée consécutive, lundi, ce qui n'était pas arrivé depuis deux mois. Avec 8 950 morts depuis le début de l'épidémie, selon les chiffres officiels, l'Iran est de loin le pays le plus touché au Moyen-Orient. Pour autant, les autorités n'ont pas encore décidé d'imposer à nouveau des restrictions. Elles ont juste averti la population qu'elles pourraient le faire si la courbe des contaminations continue à repartir à la hausse.
Le gouvernement avait fermé des écoles, annulé des événements publics et interdit tout déplacement entre les 31 provinces en mars, avant de commencer à lever progressivement les restrictions à partir d'avril. Il n'a jamais décrété de confinement obligatoire de la population.
Mais les autorités ne cessent de reprocher aux habitants de ne pas respecter les règles élémentaires de distanciation sociale. Elles assurent pourtant qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter car la hausse des cas ne serait, selon elles, que le résultat mathématique d'un dépistage plus intensif. Les chiffres du gouvernement ont été mis en doute à plusieurs reprises par des experts étrangers, mais aussi des responsables iraniens, pour qui ils sont largement sous-estimés.
L'Allemagne continue de tester massivement la population
Même si l'Allemagne ne connaît pas de seconde vague depuis la levée progressive des mesures de confinement fin avril, des clusters sont apparus à différents endroits et le nombre de cas confirmés de contamination continue de grimper. Il est passé lundi à 186 461, soit 192 de plus que la veille, selon les données fournies par l'Institut Robert-Koch. Quatre décès supplémentaires ont été recensés, ce qui porte le bilan officiel à 8 791 morts au total.
"S’agissant des nouvelles infections, il semble que nous nous tirons d’affaire. Mais la situation peut aussi changer. Il est très probable que nous connaissions une deuxième vague, car la population est privée d’immunité générale. Nous devons donc mettre à profit cette phase pour nous préparer aussi bien que possible", résume Klaus Reinhardt, président de la Chambre fédérale des médecins dans Le Figaro. Les autorités continuent donc de tester la population à grande échelle, avec une capacité de 160 000 tests par jour, contre 50 000 en France.
La France, l'Espagne et l'Italie surveillent de près leurs clusters
Pas de seconde vague non plus dans les pays européens voisins, plus durement touchés par l'épidémie. Mais si les signaux sont au vert en France, en Espagne et en Italie, les autorités continuent de surveiller de près l'apparition de nouveaux foyers.
En France, où le déconfinement est passé en phase 3, la Direction générale de la santé avait identifié 218 clusters le 12 juin, dont 92 qui ne sont plus actifs. Ils sont concentrés dans des établissements de santé, des foyers d'accueil de personnes vulnérables et des entreprises. Le cas de la Meurthe-et-Moselle, qui a dépassé le seuil de vigilance fixé à 10 tests positifs pour 100 000 habitants, fait l'objet d'une attention particulière. Selon les autorités sanitaires, la circulation du virus reste toutefois contrôlée dans ce département, où ce pic de contaminations peut également s'expliquer par les campagnes de dépistage mises en place.
Un foyer a également été découvert autour de Toulouse. Dans le cadre d’un repas rassemblant 52 personnes le 1er juin, cinq familles de l’agglomération toulousaine ont été en contact avec une personne positive au Covid-19, de retour d’Allemagne. L’enquête en cours a permis d’identifier 16 cas confirmés et 11 cas négatifs.
En Espagne, un foyer de contagion a été détecté dans un hôpital public de Bilbao, alors que la région du Pays basque est passée lundi à la phase 3 de son déconfinement. L'établissement, qui ne comptait plus que cinq patients traités pour le Covid-19, a restreint ses visites après le décès d'un patient infecté et la détection de 25 cas entre ses murs. Ses 4 500 employés vont être testés. Jusqu'à présent, 25 personnes (patients, membres du personnel, visiteurs) ont été déclarées contaminées, sur plus de 400 testées dans ce centre hospitalier.
En Italie, deux nouveaux foyers de Covid-19 sont apparus ces derniers jours à Rome, l'un dans un hôpital, l'autre dans un immeuble qui a été mis en quarantaine. Au total, ces deux nouveaux foyers comptabilisent plus d'une centaine de personnes contaminées, pour cinq décès. Du côté de l'hôpital San Raffaele Pisana, "l'enquête épidémiologique se poursuit et remontera jusqu'au 1er mai", avec près de 200 anciens patients rappelés pour des tests. Pour ce qui est de l'immeuble, un bâtiment illégalement occupé dans un quartier populaire du sud de la capitale, ses habitants ont interdiction de sortir depuis vendredi et se font livrer des courses par la Croix-Rouge. La situation "reste sous contrôle", selon les autorités sanitaires. "Ces micro-foyers étaient inévitables, mais ils sont limités dans le temps et dans l'espace. Et aujourd'hui nous avons les instruments pour les intercepter et les circonscrire", a assuré dans la presse locale Ranieri Guerra, le directeur adjoint de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.