Cet article date de plus de quatre ans.

Coronavirus : pourquoi fabriquer son propre gel hydroalcoolique peut être dangereux

De nombreuses vidéos prétendent montrer simplement comment concevoir son propre gel hydroalcoolique pour lutter contre le coronavirus. Or cela comporte des risques.

Article rédigé par franceinfo - Louis Mondot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Plusieurs dizaines de tutoriels vidéo sur YouTube. (MONTAGE DE CAPTURES D'ÉCRANS YOUTUBE)

Face à l’épidémie de coronavirus, les grandes surfaces et les pharmacies manquent souvent de gel hydroalcoolique. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a récemment publié un guide de fabrication de gel. Depuis quelques jours, les vidéos de recettes pour fabriquer son propre gel se multiplient sur internet. La Cellule Vrai du Faux de franceinfo vous explique pourquoi les concevoir soi-même peut être dangereux.

Parce que le guide de l'OMS s'adresse aux professionnels de santé

Publié par l'OMS sur son site officiel, le guide détaille par le menu la marche à suivre pour concevoir un gel hydroalcoolique. Sauf qu'il est bien précisé à la première page qu'il s'adresse uniquement aux "professionnels de la pharmacie" : ce sont eux qui sont confrontés à la pénurie de gels et qui peuvent désormais produire leur propre solution hydroalcoolique en cas de rupture de stock. Cette production est encadrée, elle a lieu dans des locaux spécifiques et avec "du personnel qui sait manipuler des produits et sait définir les quantités", rappelle Olivier Bourdon, pharmacien à l’hôpital Robert Debré à Paris et professeur à la faculté de pharmacie.

Parce que certains internautes modifient la recette

Si certains internautes suivent à la lettre la recette de l'OMS, d'autres n'hésitent pas à conseiller des produits ou des dosages différents. Par exemple, parmi les ingrédients, on trouve le péroxyde d’hydrogène, autrement dit de l’eau oxygénée. La recette de l'OMS mentionne un taux de concentration précis : 3%. Or d'autres versions de ce produit existent, à 10% ou 20% de concentration, et à ce niveau-là, il existe "des risques de brûlure", selon Olivier Bourdon. Quant aux recettes à base d'huiles essentielles ou d'aloe vera, elles dérogent aux normes scientifiques et n'offrent donc aucune garantie d'efficacité.

Parce que les ingrédients sont à conserver avec précaution

Ce pharmacien alerte aussi sur le nombre de cas d'accidents domestiques liés au stockage des produits. "C’est souvent parce que les choses sont dans des bouteilles qui ne sont pas adaptées ou que les gens n’auront pas étiquetées correctement", explique Olivier Bourdon. Il évoque par exemple le risque qu'un enfant boive "une bouteille de péroxyde d’hydrogène parce qu’elle était sur la table de la maison". Olivier Bourdon rappelle en outre que "les pharmaciens vont stocker ces matières inflammables dans des endroits dédiés et spécifiques", pour écarter tous les risques.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.