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Coronavirus : "Plus personne ne croit que ce second tour puisse se tenir" en juin, estime Jean-Christophe Lagarde, le président de l'UDI

Le chef du parti centriste pense que de nouvelles élections municipales devraient être organisées en mars 2021, une date "raisonnable, d'un point de vue sanitaire et démocratique" selon lui.

Article rédigé par franceinfo
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Pour Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, il n'est pas "raisonnable en termes démocratique et sanitaire" de maintenir le second tour des municipales le 21 juin 2020. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / FRANCE-INFO)

"Plus personne ne croit que ce second tour puisse se tenir", affirme lundi 20 avril, sur franceinfo, le président de l’UDI et député de Seine-Saint-Denis Jean-Christophe Lagarde. Le centriste invoque des raisons sanitaires et politiques et voudrait un second tour des élections municipales en mars 2021, dans les communes qui n’ont pas élu leur maire. Il est aussi revenu sur la conférence entre le Premier ministre et les présidents de partis. Le gouvernement travaille sur le déconfinement, mais rien ne sera annoncé avant la fin avril. Deux débats auront aussi lieu au parlement. Le premier sur le tracking et le second sur le déconfinement.

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franceinfo : Avez-vous parlé du second tour des élections municipales ?

Jean-Christophe Lagarde : Oui, mais très franchement, plus personne ne croit que ce second tour puisse se tenir. A la fois pour des questions sanitaires : est-ce que ce serait bien raisonnable ? Mais également pour des questions politiques. Est-ce que vous pensez franchement que le 21 juin les Français auront l'esprit aux élections municipales ? Il faudra qu’il y ait des élections municipales dans les villes qui n'ont pas élu leur maire. Mais très franchement, vous pensez que le 21 juin des gens se souviennent encore des débats municipaux d'avant le 15 mars ? Plus personne. Donc, je pense que ce n'était pas raisonnable au niveau sanitaire et ce n’est pas responsable au niveau démocratique. Il faudra faire des élections municipales dans les villes qui n'ont pas élu leur maire. Peut-être, c'est la proposition que je fais, au mois de mars 2021. On aura bien d'autres choses à faire avant. D'abord, surmonter la crise sanitaire, affronter la crise économique et la crise sociale qui suit. Et très franchement, aller faire deux mois de campagne électorale dans une période comme celle-là me paraîtrait déraisonnable, irresponsable et en plus, très peu démocratique. On l'a vu le 15 mars, beaucoup de nos anciens, qui ont eu peur du virus, ne se sont pas déplacés. Si on faisait des élections municipales au mois de juin ou même à l'automne, il y a fort à parier que le résultat serait faussé parce que de nombreux Français se diraient : "je préfère ne pas me renseigner, allez voir ce qui se passe dans les réunions et aller voter le jour du vote".

Que vous a dit le chef du gouvernement ?

Il a dit qu'il travaillait avec le gouvernement sur le scénario de déconfinement et que rien ne serait annoncé avant la fin avril parce que c'était évidemment extrêmement complexe. Il a annoncé que deux débats auraient lieu au Parlement. Un débat sur ce qu'on appelle le tracking, le moyen électronique de suivre la propagation du virus et d'essayer d'alerter ceux qui seraient en contact avec des personnes qui l'ont contracté, et puis un débat sur le plan de déconfinement. Sur le premier débat, le gouvernement avait annoncé qu'il n'y aurait pas de vote, et l'ensemble des formations politiques ont demandé qu'il y ait un vote sur le tracking parce que c’est un outil d'abord dont il ne faut pas croire qu'il serait un outil miraculeux. C'est un outil parmi d'autres. Il n'est pas logique de faire un débat sans qu'il y ait de vote. Ne serait-ce que pour que si chacun puisse entendre les idées de ceux qui pourront s'exprimer, que l'ensemble des parlementaires dise : "je trouve que c'est une bonne chose, je crois que c'est une mauvaise chose. Je pense qu'il faut le faire avec telle ou telle précaution d'usage." Il n’a pas accordé le vote, mais là où il avait écarté, il a dit "on verra". Donc, je pense que la pression de l'ensemble des forces politiques doit conduire le gouvernement. Ce n'est pas une question de majorité ou d'opposition. Il y a sans doute des avis divergents dans la majorité et dans les oppositions. Il est normal que les Français puissent se faire une idée d'abord de ce que leurs parlementaires pensent de la situation, et puissent faire remonter aussi leur sentiment. C'est une petite évolution. On verra ce qu'il en sera au moment du débat. Enfin, je souhaite qu'il puisse avoir lieu.

Y aura-t-il un autre débat sur le déconfinement ?

Oui, un débat sur le confinement, mais celui-ci n'a pas été longuement abordé, alors que de nombreuses questions se posent. La première question, c’est comment on redémarre les écoles ? Est-ce qu'on le fait dans toute la France puisque les régions ne sont pas touchées au même niveau ? Ce n'est pas la même chose que de parler du Cantal ou de parler du Haut-Rhin. Dans le Cantal, il y a eu très peu de circulation de virus fort heureusement. Dans le Haut-Rhin, c'est sans doute le département le plus touché de France. À quel rythme et à quelle vitesse ? Moi, j'ai fait une proposition simple, qu’on prenne ce qu'on appelle les classes d'orientation, c'est-à-dire les CM2, les troisièmes, les terminales, pour qu'ils soient beaucoup moins nombreux dans les écoles, et puis les enfants en difficulté. C'est peut-être 20 % des enfants qu'on pourrait accueillir afin que ces années, qui sont des années cruciales, où ces élèves qui sont des élèves fragiles, puissent bénéficier d'une scolarité adaptée en garantissant leur sécurité sanitaire.

Qu'en est-il des masques ?

Le président de la République a dit : l'État, en lien avec les collectivités locales, va garantir aux Français d'avoir des masques. Pour le 11 mai, le gouvernement reconnaît bien qu'il faudra porter des masques. Il est en lien avec les collectivités locales et on voit beaucoup de collectivités locales commander des masques, partout, toutes les communes, les régions, les départements commandent des masques. Moi, je demande où est la commande de l'État, quand a-t-elle été passée ? Quand ces masques doivent-ils arriver ? On parle du 11 mai, mais on ne dit pas quand les masques arriveraient. Si cette commande existe, pourquoi est-ce que les élus locaux, les maires ne sont pas informés pour savoir quand en distribuer à la population. Je n'ai pas eu de réponse sur cette affaire de masque et je souhaite en avoir, d’Edouard Philippe, du gouvernement, du président de la République. On nous dit qu'il va falloir porter des masques puisqu'il n'y a pas de traitement en vue. S'il faut porter des masques et qu’on nous dit que l’État va en donner, comment va-t-il les donner ? Quand va-t-il les donner ? Parce qu'on parle du 11 mai, un début de déconfinement mais je pense qu'on ne peut pas déconfiner sans que les Français aient des masques.

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