Luc Duquesnel, médecin coordinateur de l’association départementale pour l’organisation de la permanence des soins (ADOPS 53) en Mayenne, président du syndicat Les Généralistes-CSMF, a dénoncé dimanche 19 juillet la fermeture des centres Covid-19 en Mayenne alors que le département a légèrement dépassé le seuil d'alerte avec 50,1 nouveaux cas pour 100 000 habitants détectés en sept jours. Les huit centres ont fermé le 10 juillet avec la fin de l'état d'urgence sanitaire au niveau national."On n'a pas compris très clairement", a réagi Luc Duquesnel mais "je crois que l'Agence régionale de santé a reconnu qu'ils avaient fait une bourde". Le médecin a ajouté que le département connaît actuellement "un seuil de circulation du virus, comme on n'avait pas connu en mars-avril, très clairement."franceinfo : les médecins généralistes sont-ils en première ligne actuellement en Mayenne ?Luc Duquesnel : depuis le 23 mars, on avait huit centres Covid-19 dans le département avec des médecins généralistes libéraux, des infirmières qui prenaient en charge tous les patients et qui assuraient aussi le suivi. C'est important pour les patients qui sont symptomatiques d'être suivis. Malheureusement, le vendredi 10 juillet, l'Agence régionale de santé a fermé ces centres Covid-19. Alors, on continue dans nos cabinets bien sûr en téléconsultation à prendre en charge ces patients. Mais c'est vrai qu'il y en a plus qui doivent aller dans les services d'urgence parce qu'on a un département très touché. On est 180 médecins généralistes en Mayenne pour 300 000 habitants, et tous ceux qui partent en vacances ne sont pas remplacés. On a énormément de travail dans nos cabinets. Mais je crois que tout le monde est sur le front que ce soit les médecins généralistes libéraux et les services d'urgences des hôpitaux.On vous sent très critique vis-à-vis de l'Agence régionale de santé ?On n'a pas compris très clairement. Quand on voit tout le travail qui a été fait depuis le 23 mars, on a été encensés partout et le 25 juin, l'Agence régionale de santé nous annonce qu'il y a plus de raison de maintenir ces huit centres parce que s'il doit y avoir une deuxième vague, ce sera au mois de septembre. Mais on y est depuis 15 jours, trois semaines.La fermeture de ces centres Covid-19 rend-elle la gestion des malades plus difficiles ?On a des cas comme on n'avait pas eu, un seuil de circulation du virus, comme on n'avait pas connu en mars-avril, très clairement. Et aujourd'hui, la fermeture de ces centres Covid-19, ce n'est pas l'idéal. C'est ce qui met en tension les services d'urgences des hôpitaux parce que nos locaux ne sont pas équipés. Je vais prendre l'exemple de ma maison médicale qui est une maison de santé toute neuve. On est sept généralistes. On y accède par un escalier et un ascenseur. On ne va pas nettoyer l'ascenseur et l'escalier à chaque passage des personnes. On avait des centres Covid-19 qui étaient dédiés. On ne recevait que ces patients-là, on était dans des tenues spécifiques. J'arrivais, je laissais mes affaires civiles, je mettais une tenue de bloc opératoire. Je ne peux pas continuer à faire ça aujourd'hui puisqu'on n'a plus ces centres Covid-19. Donc, c'est vrai que ça pose problème, mais je crois que l'Agence régionale de santé a reconnu qu'ils avaient fait une bourde. On n'est plus en mesure de les ouvrir maintenant parce que beaucoup de médecins et d'infirmières sont partis en congé.