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Coronavirus : "On aura besoin de deux types de tests" pour un déconfinement "responsable", estime un spécialiste en immunologie

Selon le professeur Michel Goldman, pour "développer des stratégies de déconfinement responsables", il faudra des tests pour dépister les porteurs du virus et d'autres pour détecter les anticorps.

Article rédigé par France Info
Radio France
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Test sérologique pour détecter le Covid-19 (photo d'illustration). (DUILIO PIAGGESI / MAXPPP)

Le gouvernement a promis une campagne de tests massive pour détecter le coronavirus pour le déconfinement du 11 mai. Certains médecins souhaitent qu'il y ait un double test, un sérologique et un PCR. "On aura besoin de deux types de tests pour développer des stratégies de déconfinement responsables", a expliqué lundi 20 avril sur franceinfo le Pr Michel Goldman, médecin spécialiste en immunologie et médecine interne, fondateur de l’Institut pour l’Innovation Interdisciplinaire (I3h) à l’Université libre de Bruxelles.

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franceinfo : pourquoi souhaitez-vous ce double test ?

Pr Michel Goldman : Il faut deux types de tests. Un pour détecter les porteurs du virus, les tests PCR, ils sont essentiels pour savoir où se trouve le microbe, mais on peut être négatif aujourd'hui et positif demain, donc il faut les répéter. Il y a un deuxième type de test qui détecte les anticorps, donc la réaction de notre système immunitaire suite à l'infection par le virus. Ce que l'on ne sait pas c'est la fréquence à laquelle ils se développent, s'ils protègent d'une nouvelle infection et combien de temps, si protection il y a, elle va être assurée. Donc, on aura besoin de deux types de tests pour développer des stratégies de déconfinement responsables.

Est-ce que cela améliorerait l'efficacité du déconfinement ?

Nous pensons que oui, à mesure que nous allons améliorer la fiabilité de ces tests. Il y a encore beaucoup d'inconnues. Pour les tests qui détectent les anticorps, les premières données dont on dispose à travers l'Europe suggèrent que ce virus n'indique pas de réponse immune très forte et il semble même qu'un nombre significatif d'individus, qui ont été en contact avec le virus, n'aient pas développé d'anticorps. Si c'est vrai cela complique beaucoup les choses. Cela veut dire que l'immunité collective va mettre très longtemps à se construire et qu'elle ne sera présente que quand on disposera d'un vaccin.

La France peut-elle faire ces tests de façon massive ?

C'est un problème majeur. Il y a de par le monde plus de 80 sociétés qui voient un marché important potentiel. Je trouve que les gouvernements et en particulier l'Union européenne ne font pas assez d'efforts pour coordonner le développement de ces tests à travers les pays. 

On sent qu'il y a encore des considérations économiques qui font que chaque pays essaie de privilégier des approches nationales alors qu'elles devraient être internationales.

Pr Michel Goldman, fondateur de l’Institut pour l’Innovation Interdisciplinaire à Bruxelles

à franceinfo

Je pense que l'Europe se met en position de faiblesse par rapport aux États-Unis où des efforts plus importants sont faits pour développer ces tests à grande échelle.

Comment voyez-vous la suite ?

Je pense qu'on va devoir apprendre à vivre avec ce virus pendant de longs mois. Je crois qu'on va voir apparaître des traitements grâce aux essais qui sont en cours. L'essai Discovery, mis en place en France par l'Inserm, est un excellent exemple, il y en a d'autres. Je suis très optimiste sur le fait qu'on dispose d'un vaccin efficace, le problème c'est qu'on ne sait pas quand. Ce sera dans plusieurs mois. Une fois que le vaccin sera là on pourra voir les choses différemment avec d'autres problèmes qui vont se poser comme l'acceptation de ce vaccin dans la population.

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