Coronavirus : Olivier Véran a-t-il raison d'affirmer qu'aucune école n'a fermé depuis le 11 mai à cause de l'épidémie ?
"Nous n'avons pas fermé une école maternelle ou une école primaire dans notre pays depuis le 11 mai". La phrase, prononcée par le ministre des Solidarités et de la Santé, lundi, sur LCI a suscité des interrogations. De multiples exemples prouvent en effet le contraire.
Finie l'école à la maison. Dans son allocution du 14 juin, le président de la République a déclaré que "les crèches, les écoles, les collèges se [préparaient] à accueillir à partir du 22 juin tous les élèves de manière obligatoire et selon les règles de présence normales". Pour deux semaines, les élèves rejoindront donc leurs établissements scolaires – sauf des lycées –, avec un protocole sanitaire allégé. Un retour obligatoire qui suscite d'ores et déjà l'interrogation du syndicat Snuipp-FSU. "Sommes-nous prudents ? Est-ce que cela a été bien envisagé par une autorité médicale ?" demandait la porte-parole Francette Popineau, dimanche, après les annonces d'Emmanuel Macron.
Pour justifier ce retour en classe, le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran a déclaré, lundi, sur LCI : "Nous n'avons pas fermé une école maternelle ou une école primaire dans notre pays depuis le 11 mai, parce qu'il n'y a pas eu de reprise épidémique à travers notre école. Il y a eu un lycée et il y a eu des classes, mais une école entière, non. [...] Les enfants doivent aller à l'école." Des propos qui ont suscité de nombreuses réactions dans le live franceinfo.
Des écoles ont bien fermé depuis le 11 mai
Après le confinement de tous les établissements scolaires engagé le 16 mars, 40 000 écoles primaires et maternelles ont rouvert le 11 mai. Une semaine plus tard, les collèges ont aussi recommencé à accueillir progressivement leurs élèves de sixième et de cinquième. Un déconfinement étape par étape contre lequel le Conseil scientifique avait mis en garde le gouvernement le 26 avril, recommandant de repousser la rentrée au mois de septembre.
A en croire Olivier Véran, aucune école n'aurait donc été fermée après le 11 mai. Le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, a pourtant bien évoqué des fermetures d'écoles, le 18 mai, sur RTL. "Sur 40 000 écoles qui ont rouvert, il y a 70 cas à peu près dans les fermetures qui ont eu lieu, presque à chaque fois [...] ce sont des cas qui se déclarent en dehors de l'école", a-t-il déclaré, sans que l'on sache s'il parlait du nombre de cas suspects ou du nombre d'établissements concernés par des fermetures. Le même jour, le ministre confirme au quotidien Le Monde la fermeture de "70 écoles pour des cas avérés ou suspectés de Covid-19".
Contacté par franceinfo, mi-juin, le ministère de l'Education nationale n'a pourtant pas été en mesure d'affirmer si ce chiffre de 70 concernait le nombre d'écoles fermées ou le nombre de malades du Covid-19 (confirmés ou suspectés) identifiés dans des établissements scolaires.
Des exemples dans la Drôme, en Haute-Garonne ou en Meurthe-et-Moselle
Si le chiffre demeure mystérieux, les exemples ne manquent pas. Le 18 mai, ce sont sept écoles qui ont été contraintes de fermer leurs portes à Roubaix (Nord) : un élève avait été testé positif au Covid-19 après avoir été accueilli dans une école avec d'autres enfants de soignants, explique l'Académie de Lille dans un communiqué.
Une fermeture imposée qu'a également subie une école maternelle de Romans-sur-Isère (Drôme) à la fin du mois de mai : contactée par franceinfo, la directrice de l'établissement rapporte que "deux adultes et un enfant" avait été testés positifs au coronavirus. Après "une fermeture de deux semaines", l'école a rouvert, "et tout le monde va bien", rassure la directrice.
A la veille de l'interview d'Olivier Véran, ce sont deux cas qui ont été signalés, le 14 juin, dans au sein d'une même école élémentaire à Vichy. "Il y a eu deux cas a priori asymptomatiques, rapporte la mairie de la commune à franceinfo, on en a été averti ce week-end et immédiatement, après des réunions entre la préfecture, l'inspection académique et [l'Agence régionale de santé], la préfecture a décidé de la fermeture jusqu'à nouvel ordre." Le personnel et les enfants (dont les parents le souhaitent) seront testés "jeudi et vendredi au centre hospitalier", indique la mairie.
Les écoles élémentaires ne sont pas les seuls établissements touchés. Une semaine seulement après sa réouverture, le collège François-Mitterrand de Fenouillet (Haute-Garonne) a été temporairement fermé à partir du 25 mai. Un membre du personnel avait été contaminé par le coronavirus. Dans cette commune, une école maternelle avait d'ailleurs déjà été fermée quinze jours plus tôt pour la même raison, alors qu'elle n'accueillait que des enfants de soignants.
Du côté du lycée, l'établissement Henri-Poincaré de Nancy (Meurthe-et-Moselle) a dû garder porte close à partir du 8 juin : un membre du personnel technique et un second de l'administration avaient tous deux été testés positifs au coronavirus. Un dépistage des personnes ayant fréquenté l'établissement à partir du 2 juin a été mis en place, rapporte France 3 Grand Est et le lycée devrait rester fermé jusqu'au 20 juin, indique le site internet de l'établissement.
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