Coronavirus : "Nous n'avons aucune visibilité, aucun pouvoir de savoir comment nous allons démarrer", s'inquiète une association de forains
René Hayoun, le président de l’Association de défense des droits forains et de l’intersyndicale des entrepreneurs et artisans de la fête foraine, demande un report des fêtes foraines, comme pour le Tour de France.
"Nous n'avons aucune visibilité, aucun pouvoir de savoir comment nous allons démarrer et comment nous allons subvenir aux charges et à tout ce qui nous arrive sur le coin de la figure", déclare lundi 20 avril sur franceinfo René Hayoun, le président de l’Association de défense des droits forains et de l’intersyndicale des entrepreneurs et artisans de la fête foraine. Selon lui, les forains ont du mal à avoir accès aux aides et les charges restent importantes. Il reconnaît que 50 % des entreprises de forains ont réussi à avoir l’aide de 1 500 euros de l’État, mais pour lui les forains n'ont "aucune subvention".
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franceinfo : les manèges ont-ils été démontés ?
René Hayoun : Les manèges sont toujours en place pour la bonne et simple raison, c'est qu’il y a des collègues qui ne savent pas où aller puisqu'ils attendaient la fin de la Foire du Trône [à Paris, pelouse de Reuilly] pour pouvoir partir dans des parcs d'attractions, dans différentes manifestations en France. Comme ils sont confinés, ils laissent les manèges montés de manière à pouvoir aussi les entretenir et espérant pouvoir redémarrer, peut-être dans une période un peu plus calme et dans un temps un peu plus lointain. Ça coûte cher, tout coûte de l'argent en ce moment. Nous n'avons aucune aide d'État. La seule aide qu’il y a eue, c'est que certaines entreprises ont pu bénéficier des 1 500 euros d'aide. Nous n'avons aucune subvention.
Les banques ont du mal à repousser les échéances, mais elles le font, certaines avec des conditions qui sont inadmissibles. Le gouvernement devrait s'en approcher. Nous avons alerté le ministre des Finances là-dessus.
René Hayoun, le président de l’Association de défense des droits forainsà franceinfo
Il faut quand même savoir que la fête foraine a été la première touchée dans l'arrêt de son exploitation, puisque nous avons été fermés avant les lieux publics tels que les cafés et ainsi de suite. Des forains, depuis début mars, ne fonctionnent plus et à l'heure actuelle, nous n'avons aucune visibilité sur l'avenir, donc nous ne savons pas comment nous allons démarrer et dans quelles conditions nous allons redémarrer.
Vous avez mentionné cette aide de l'État de 1 500 euros. Est-ce qu'on sait combien de forains l'ont eue ?
On va dire à peu près cinquante pourcent, puisqu'il y a aussi des difficultés administratives et il y a des conditions particulières dans cette aide. Malheureusement, certains qui sont en société ne peuvent pas toucher cette aide et d'autres ont des difficultés administratives pour se faire enregistrer. Chez nous, il va y avoir un dégât économique énorme. Nous avons un contact avec des groupes d'assurances ou par l'intermédiaire de nos agents d'assurance pour faire lever aussi les échéances qui nous tombent sur la tête. Tant que nous ne fonctionnerons pas, on ne pourra rien rembourser, ni payer nos assurances, les charges sociales. La fête foraine correspond à 200 000 emplois directs, sans compter les emplois indirects qui dépendent de notre profession, notamment les artisans. Cela concerne 35 000 entreprises foraines qui ne savent pas vers qui se tourner. Le seul ministère dont nous dépendons, c'est le ministère de l'Intérieur, pour la bonne et simple raison que nous exploitons sur le domaine public. Le ministère de la Culture n'a jamais voulu nous reconnaître. Le cabinet du Premier ministre est au courant des problèmes que l'on rencontrent... Il ne faut pas oublier aussi nos collègues des cirques qui sont à l'arrêt. Nous n'avons aucune visibilité, aucun pouvoir de savoir comment nous allons démarrer et comment nous allons subvenir aux charges et à tout ce qui nous arrive sur le coin de la figure. Nous avons des grosses contraintes, donc nous avons été obligés de prendre des gros prêts auprès des banques en espérant que la saison allait redémarrer comme il fallait. Nous avons été impactés par les tempêtes, nous avons été impactés par les 'gilets jaunes' que nous soutenons aussi puisqu'ils font partie de notre public. C'est le public populaire. Aujourd'hui, nous sommes directement devant un mur, mais un mur avec des fossés derrière...
Misez-vous aussi sur la réouverture de certaines fêtes foraines, les petites fêtes foraines dans les villages, comme l'avait envisagé le gouvernement ? Voulez-vous reporter les plus grosses ?
Ce que l’on voudrait, c'est que nos collègues qui sont en manège isolé, ce sont les petites structures avec un manège et une petite vente à emporter à côté, puissent rouvrir au même titre que n'importe quel commerce en France. D'autre part, les petites fêtes foraines, il y a peut-être moyen de pouvoir arriver à les faire ouvrir. Il est sûr que les grosses structures telles que la Foire du Trône, la Foire de Nancy ou d'autres structures qui drainent des milliers de personnes vont avoir assez de difficultés, mais il y a toujours des possibilités de pouvoir redémarrer. Ça serait plus judicieux de reporter tel que ça a été fait pour le Tour de France, de travailler avec les municipalités au report de ces manifestations sur l'année 2020. Peut-être à l’automne, peut-être au 15 août, je ne sais pas.
À la place d'annuler carrément, il serait plus judicieux pour certains de reporter des manifestations que le public attend aussi puisque de toute façon, nous sommes des acteurs populaires, des acteurs culturels.
René Hayoun
On ne comprend pas pourquoi on ne pourrait pas repartir puisque de toute façon, il y a des choses qui vont sortir, des salles de spectacle... Donc, que l'on nous aide et que certains maires arrêtent de dire 'on supprime la fête foraine'. On la suspend pour l'instant, en attendant de voir comment évolue justement le système de confinement et le système de sécurité sanitaire.
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