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Coronavirus : Najat Vallaud-Belkacem, directrice France de l'ONG One, appelle à "un plan mondial" qui "n'oublie aucun pays"

Quand on aura trouvé un vaccin, il devra "être véritablement disponible et accessible à tous les pays du monde", insiste l'ex-ministre française.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'ancienne ministre Najat Vallaud-Belkacem, aujourd'hui directrice France de l'ONG One (photo du 8 juillet 2017 à Paris). (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Invitée de franceinfo jeudi 9 avril, la nouvelle directrice France de l'ONG One, fondée par Bono, le chanteur de U2, Najat Vallaud-Belkacem, a appelé à la mise en place d'un "plan mondial et coordonné" contre le coronavirus "qui n’oublie aucun pays, et en particulier les pays les plus vulnérables", notamment en Afrique. Selon l’ancienne ministre, "30 millions d'emplois sont d'ores et déjà menacés dans des petites exploitations agricoles" dans "ces pays les plus pauvres du monde", ce qui fait craindre une "crise alimentaire" majeure. Najat Vallaud-Belkacem a par ailleurs prévenu : si un vaccin contre le Covid-19 est trouvé, il "doit être véritablement disponible et accessible à tous les pays du monde" et pas seulement aux "pays riches".

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franceinfo : Craignez-vous que les pays en voie de développement, notamment africains, soit les grands oubliés de cette crise du coronavirus ?

Najat Vallaud-Belkacem : Oui, absolument. On voit bien que dans cette période, la tentation peut être celle du repli sur soi et même d'imposer des barrières protectionnistes entre pays. Or, nous faisons partie du même bateau, d'une certaine façon, dans notre commune humanité, nous sommes tous menacés.

Et tant que ce virus continuera à menacer un seul d'entre nous, que ce soit au bout de la rue ou à l'autre bout du monde, il nous menacera tous.

Najat Vallaud-Belkacem, directrice France de l'ONG One

à franceinfo

Ce à quoi nous appelons, chez One, c'est à une mobilisation des gouvernements et des institutions internationales pour que, dès maintenant, la réponse qui soit élaborée, le plan d'action contre le Covid-19, soit un plan mondial, un plan coordonné qui n’oublie aucun pays, et en particulier les pays les plus vulnérables, dans lesquels on sait qu'il n'y a pas de système de soins suffisant pour y faire face.

Y a-t-il aussi, à plus long terme, le risque d'une crise alimentaire dans ces pays ?

Naturellement. Dans ces pays, qui dit mesures de distanciation sociale, confinement, arrêts de production, dit crise alimentaire à la fin. Beaucoup des gens qui sont dans ces pays travaillent dans le secteur informel, donc mangent le soir ce qu'ils ont gagné dans la journée. Ils ne peuvent donc pas cesser leur activité, ou s'ils le font c'est au risque de ne plus rien avoir à se mettre sous la dent. On sait aujourd'hui que, dans ces pays les plus pauvres du monde, c'est d'ores et déjà 30 millions d'emplois qui sont menacés dans des petites exploitations agricoles. On sait que ces pays qui ont besoin d'importer un certain nombre de denrées alimentaires ou de fournitures médicales venant d'autres pays n’y ont désormais plus accès, puisque les autres ont tout simplement arrêté leurs exportations. Je pense par exemple à des pays comme le Vietnam ou l'Azerbaïdjan, qui sont parmi les premiers producteurs de riz ou de farine et qui ont cessé leurs exportations. Toutes ces denrées vont donc connaître des hausses de prix considérables.

Le gouvernement français a annoncé qu'il allait consacrer plus d'un milliard d'euros à la lutte contre cette épidémie en Afrique. Mais en regardant dans le détail, on se rend compte que cet argent sera pris en grande partie dans l'enveloppe normalement consacrée à l'aide au développement de ces mêmes pays. Cela confirme vos craintes ?

Cela confirme absolument nos craintes. Aujourd'hui, nous avons besoin d'argent frais. Il ne s'agit pas de réorienter des fonds déjà existants et ça vaut d'ailleurs pour tous les gouvernements mais aussi pour l'Union européenne, pour le G20, pour la Banque mondiale... Il faut de l'argent frais pour financer à la fois les mesures de protection économique, c'est-à-dire donner à la population, où qu'elle habite dans le monde, de quoi pouvoir manger et éviter que cela ne se transforme en famine et en émeutes, mais aussi pour pouvoir financer la recherche sur le vaccin. Et ce vaccin, une fois qu'il sera trouvé, on l'espère dans quelques mois, doit être véritablement disponible et accessible à tous les pays du monde. Nous ne devons pas l'erreur qu'on a faite par le passé avec d'autres pandémies, d'avoir un vaccin qui était tellement cher qu'il était accessible aux pays riches et pas aux pays pauvres.

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