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Coronavirus : le respect des mesures de confinement pourrait éviter "de 100 000 à 200 000 décès en France", estime un épidémiologiste

Selon lui, si les Français respectent "toutes les mesures qui ont été prises, nous verrons d'ici deux semaines le nombre de cas se stabiliser, et puis, régresser."

Article rédigé par franceinfo
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L'ex-directeur général de la Santé William Dab, en 2003, lors de l'épidémie de grippe-bronchiolite. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

William Dab, épidémiologiste, ancien directeur général de la santé (2003-2005) a affirmé mardi 17 mars sur franceinfo que le respect des mesures de confinement pourrait éviter "de 100 000 à 200 000 décès en France".

Franceinfo : Ces mesures de confinement sont indispensables ?

William Dab : Nous avons des nouvelles qui viennent de Lombardie, où la situation est dramatique. Pour la première fois depuis le début de l'épidémie, le nombre de nouveaux cas est stabilisé alors qu'il augmentait de façon exponentielle tous les jours. Or, cela fait une dizaine de jours que la Lombardie a adopté les mesures de confinement. On commence à en avoir les effets.

Deuxièmement, un groupe de chercheurs de Londres très, très réputé a publié aujourd'hui une estimation du nombre de décès qui pourraient être évités si on applique un scénario qui est très proche de celui qui a été décidé en France. Et le résultat est clair. Il montre que l'on peut, avec ce scénario, éviter deux tiers des décès. Donc, la situation est grave. Mais clairement, si tout le monde respecte les mesures de confinement qui ont été décidées, nous en verrons les effets d'ici deux semaines.

Quels sont les scénarios possibles ?

Actuellement, nous sommes sur une progression très rapide, de type exponentiel, avec une courbe française qui est proche de celle de l'Italie il y a deux semaines.

Si nous respectons toutes les mesures qui ont été prises, nous verrons d'ici deux semaines le nombre de cas se stabiliser, et puis, régresser.

William Dab, épidémiologiste

à franceinfo

Et au total, nous pourrions éviter deux tiers d'une mortalité qui, si rien n'est fait, pourrait être très importante. De l'ordre de 100 000 à 200 000 décès en France

Les Français vous semblent prendre conscience du danger ?

La grande difficulté, c’est que l’ennemi, comme le disait le président de la République, est invisible et donc, on a du mal à y croire. Je comprends. La pédagogie est absolument nécessaire dans notre génération, dans toutes les générations qui vivent actuellement en France. C'est une situation absolument inédite. La dernière fois que c'est arrivé, c'était en Bretagne en 1952, pour une épidémie de variole. Nous n'avons pas cette culture là encore, beaucoup de gens sont sceptiques et se demandent ce qui se passe. Mais l'ennemi est invisible, la mortalité est devant nous si nous ne prenons pas, si nous ne respectons pas ces mesures de confinement.

Il faut respecter une distance sociale ?

Je n'aime pas trop le mot distance sociale parce que ce n'est pas une période où il faut rester solitaire. C’est une période au contraire où il faut rester solidaire. Nous avons aujourd'hui les moyens numériques qui nous permettent de rester en contact. Mais ce qu'il faut, c'est limiter absolument la distance physique, pas la distance sociale, mais la distance physique. C'est ça qui est important avec l'hygiène des mains.

Le gouvernement vient de réglementer la vente du paracétamol, cela vous semble nécessaire ?

Oui, pour ne pas dégarnir les stocks. Ce n'est pas la peine de stocker le paracétamol. C'est le principal médicament utilisé chez les malades fébriles. Aujourd'hui, on a les stocks nécessaires, mais ce n’est pas la peine que les gens se mettent à le stocker, au risque que ceux qui en ont besoin en soient démunis.  

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