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Coronavirus : le professeur Djillali Annane souhaite un dépistage obligatoire pour les 15-40 ans "avant de rentrer au lycée ou à la fac, avant de reprendre le travail"

Pour le chef du service de réanimation de l'hôpital Raymond Poincaré à Garches, les footballeurs et les youtubeurs doivent s'investir pour faire passer le message.

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Radio France
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Djillali Annane, chef du service de médecine intensive et réanimation de l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine), lors d'une interview sur France 2 diffusée le 2 août 2020. (FRANCE 2)

Les jeunes doivent "être testés avant de rentrer au lycée ou à la fac, avant de reprendre son travail", a déclaré dimanche 16 août sur franceinfo le professeur Djillali Annane. Le chef du service de réanimation de l'hôpital Raymond Poincaré à Garches, dans les Hauts-de-Seine, prône un dépistage obligatoire et gratuit pour les 15-40 ans. "Il faut prioriser cette catégorie d'âge, avec l'enjeu d'avoir un impact majeur d'arrêt de la transmission et de la circulation du virus", estime-t-il. Pour mieux passer son message, il propose que des youtubeurs ou footballeurs soient mis à contribution.

franceinfo : Vous proposez un dépistage du coronavirus obligatoire et gratuit pour les 15-40 ans, pourquoi ?

Djillali Annane : Pour une raison simple, il faut coûte que coûte éviter de se retrouver dans une situation équivalente, voire pire que celle de la fin mars-début avril, c'est-à-dire qu'il faut prévenir une augmentation trop importante des personnes symptomatiques et qui vont faire des formes sévères ou graves. Aujourd'hui, on voit que la deuxième vague a démarré et pour l'instant, le virus circule essentiellement dans la tranche d'âge 15-40 ans parce que les gestes barrières ont été insuffisamment respectés, ça peut être compréhensible dans la période estivale et de vacances.

Néanmoins, cette tranche d'âge se caractérise par le fait qu'elle est peu à risque de faire des formes sévères. La majorité de ces personnes vont être asymptomatiques, donc elles sont contagieuses sans le savoir, et c'est important de leur donner l'information. Donc par le dépistage systématique obligatoire, chacune d'entre elles saura si elle est positive ou pas et donc si elle risque de transmettre l'infection dans son cercle familial, dans son cercle universitaire quand on va reprendre les cours à la fac ou dans son cercle professionnel.

Votre idée, c'est d'organiser ce dépistage obligatoire et gratuit d'ici la rentrée. Comment organiser ça d'ici deux semaines ?

Je crois qu'on n'a guère le choix. On a effectivement quinze jours devant nous pour organiser les choses. Les tests ne manquent pas, mais aujourd'hui, on constate une certaine désorganisation dans la réalisation de ces tests, ce qui explique qu'on a par endroits des listes, des files d'attente assez importantes.

Je pense qu'il faut prioriser le dépistage dans cette catégorie d'âge, avec l'enjeu d'avoir un impact majeur d'arrêt de la transmission et de la circulation du virus.

Djillali Annane

à franceinfo

C'est tout à fait organisable pendant les week-ends de retour de vacances avec des stations de dépistage sur les aires de repos sur les autoroutes, dans les gares, sur les lieux de villégiature, sur les places principales, près des plages.. On se rapproche de la rentrée scolaire et universitaire, de la reprise du travail et donc je pense que dans cette catégorie d'âge, on doit être testé avant de rentrer au lycée ou à la fac, avant de reprendre son travail, parce que ça va être un élément clé pour empêcher la survenue d'une nouvelle tension sur le système de santé.

Comment se fait-il que les messages sur les gestes barrières, passés par les autorités, ne soient pas entendus par les jeunes ?

Je pense que la communication a été probablement trop compliquée au départ. Il semblerait que cette catégorie d'âge, les jeunes dont font partie mes enfants, entre 20 et 30 ans, a compris qu'elle faisait des formes asymptomatiques ou peu graves et que le risque finalement, pour elle, n'était pas si grand que ça. Par contre, ils n'ont pas intégré le message selon lequel ils n'allaient pas avoir de symptômes tout en étant contagieux, ils allaient pouvoir transmettre l'infection à des personnes plus fragiles dans leur entourage familial, professionnel ou scolaire, avec un risque d'impacter sur la santé des personnes qui leur sont proches.

Je crois qu'on est davantage perméable aux messages qui sont issus de son cercle social et moins aux messages qui sont issus de cercles sociaux différents. Dans cette tranche d'âge, avec les outils de communication, la façon dont ils échangent, les personnes qu'ils écoutent sont différents. Et ce ne sont sûrement pas, à tort ou à raison, les pouvoirs publics ou les médecins qu'ils écoutent, mais plutôt les youtubeurs, un certain nombre de personnalités du spectacle ou même du sport. 

Ces personnes-là pourraient jouer un rôle important dans la communication à l'intention de cette catégorie d'âge.

Djillali Annane

à franceinfo

Par exemple, il y a une opportunité extraordinaire. On a deux clubs français qui se retrouvent dans le dernier carré de la Ligue des champions, et on sait que c'est extrêmement suivi par cette catégorie d'âge. Un certain nombre de joueurs très emblématiques de ces équipes, qui sont très suivis sur leurs réseaux sociaux, pourraient faire passer le message avec un impact probablement très important. Je pense que c'est là qu'on aura le plus grand impact pour passer les messages auprès de cette catégorie d'âge. Et puis, bien évidemment, il faut ensuite qu'ils puissent accéder facilement et gratuitement au dépistage.

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