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Coronavirus : "La chaîne du livre menace de devenir un véritable jeu de quilles", s’inquiète la directrice de la maison d’édition Talents Hauts

Laurence Faron, fondatrice et directrice de la maison d’édition Talents Hauts, spécialisée dans la littérature jeunesse, demande mercredi sur franceinfo que les bibliothèques, les établissements scolaires, les universités soient dotés de budgets leur permettant de passer "des commandes publiques fortes".

Article rédigé par franceinfo
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Un homme prend des livres dans une librairie le 11 mai 2020 à Paris. (OLIVIER CORSAN / MAXPPP)

"La chaîne du livre menace de devenir un véritable jeu de quilles", s’inquiète la fondatrice et directrice de la maison d’édition Talents Hauts, spécialisée dans la littérature jeunesse, Laurence Faron mercredi 20 mai sur franceinfo, alors que les crises sanitaires et économiques pèsent sur le monde de l’édition. Elle demande "que les bibliothèques, les établissements scolaires, les universités soient dotés de budgets" leur permettant de passer "des commandes publiques fortes".

franceinfo : Le secteur de l’édition s’inquiète-t-il de la crise sanitaire et économique actuelle ?

Laurence Faron : Tout le monde s’inquiète. La chaîne du livre menace de devenir un véritable jeu de quilles. La chaîne du livre, ça veut dire l’auteure-autrice, en passant par les fournisseurs divers et variés, les graphistes, les imprimeurs, les maisons d'édition, les libraires, mais aussi tous les réseaux des salons. C'est une véritable chaîne qui est à la fois solide parce qu'elle est longue, mais fragile parce que chacun des maillons de cette chaîne est très fragile. Donc, je m’inquiète. Je m'inquiète relativement peu pour ma propre maison, parce que c'est une maison qui a déjà une certaine taille. Mais je pense surtout à toutes ces petites maisons d'édition indépendantes qui font la richesse de notre réseau de littérature.

Demandez-vous des mesures d’aides pour le secteur ?

Nous avons, sur le plan du secteur de l'édition dans son ensemble, besoin de mesures publiques fortes, comme tous les secteurs économiques. Il y a beaucoup de très petites maisons d'édition et d'édition moyennes comme Talents Hauts qui sont menacées par une crise de trésorerie. Mais il y a aussi une responsabilité de tous, de tout le public. Les lecteurs, lectrices, acheteurs de librairies qui doivent prendre conscience que la diversité éditoriale passe par la diversité des maisons d'édition et qu'il faut donc leur assurer une survie dans cette période difficile. (…) Je pense qu'il faut renforcer le respect de la loi Lang, peut-être en rediscuter. Il faut peut-être aussi des commandes publiques fortes, que les bibliothèques, les établissements scolaires, les universités soient dotés de budgets permettant des achats de livres, que ce soit pour la jeunesse, évidemment, c'est crucial, mais aussi dans tous les secteurs. C'est un programme d'envergure qu'il faudrait arriver à mettre en place pour non seulement soutenir les maisons, mais toute la chaîne du livre qui ne doit pas devenir un jeu de quilles.

La chaîne du livre s’est brisée pendant le confinement avec des publications reportées ou suspendues. Les choses repartent-elles à présent ?

C'est beaucoup trop tôt parce qu'on est un petit peu au milieu de la chaîne. Il y a un vrai désir de reprise par des libraires et des clients, ce qui est une très bonne chose. Il faut que ça dure. La grosse inconnue, comme pour tout le monde, c'est le comportement futur des consommateurs. Ce que je constate déjà, c'est d'abord des auteurs et des autrices qui étaient paupérisés avant la crise, qui vont se trouver encore plus fragiles maintenant. Mais aussi, j'ai appris hier la mise en redressement judiciaire d'un de nos clients donc j'ai des factures impayées à venir, donc forcément ça fragilise Talents Hauts. C'est encore un cas isolé, mais on ne peut évidemment pas exclure que ça se multiplie, malheureusement.

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